Chronique

RHAPSODY (Luca Turilli's) - ASCENDING TO INFINITY / Nuclear Blast 2012

S’attaquer à un album mené par Luca Turilli n’est jamais chose facile, principalement sur cet opus qui est assez particulier. Particulier dans le sens où c’est le premier album d’une nouvelle épopée pour notre virtuose de la guitare. En effet, il a quitté en août dernier son ‘bébé’ Rhapsody Of Fire après avoir terminé sa saga du Sombre Secret sur un magistral album « From Chaos To Eternity ». Au passage, il annonce aussi qu’il ne fera plus d’albums en solo, ni de Dreamquest mais se consacrera uniquement à ce nouveau groupe et aussi nouvelle formation : à la guitare on retrouve Dominique Leurquin (Dreamquest, Inner Vision), Patrice Guers à la basse (ex Rhapsody Of Fire, Patrick Rondat), Alex Holzwarth à la batterie (Rhapsody of Fire) – remplacé maintenant par Alex Landenburg (Axxis), Alessandro Conti au chant (Trick or Treat) et bien évidemment Luca Turilli à la guitare mais aussi au synthé. La question maintenant est de savoir ce que va donner ce nouveau groupe évoluant dans le Cinematic Metal.
Premier point à noter : la pochette est toujours réalisée par Felipe Machado (Rhapsody Of Fire), elle est de toute beauté et reste quand même assez intrigante : un ange regardant une ville dévastée. Deuxième point : finit le travail en studio avec Sascha Paeth, il est temps de changer et de se faire peau neuve. Il est temps de se plonger dans ce nouvel univers musical.

Penser que « Quantum X » est une simple intro serait se tromper en plein. Tout d’abord la question : pourquoi Luca a-t-il mis 5 jours pour écrire et finaliser cette intro. La réponse est toute simple, et est donnée par les paroles: « Take an amazing journey to a world of wonders, to a place that will blow your mind and move your heart, so you’ll never be the same again ». Pour ce qui est de la musique, on a droit à une ambiance orientale et électro ; sans oublier le côté cinématique qui se fait aussi ressentir immédiatement. Cette intro est façonnée comme une bande annonce de film. L’accroche est faite et on entre immédiatement dans le vif du sujet avec cette musique orchestrale et majestueuse. « Ascending To Infinity » est donc le titre éponyme et premier titre pour introduire le nouveau chanteur : Ale Conti. Ca débute avec un riff et un tempo endiablé pour partir dans un morceau qui à la première écoute va vous surprendre mais qui après quelques écoutes vous transportera dans ce nouvel univers dont vous ne décrocherez pas. La voix d’Ale colle parfaitement et donne de la fraîcheur à la musique, loin du timbre de Fabio Lione ou Olaf Hayer. Toujours ces chœurs grandioses, mais une limpidité incroyable. Le solo guitare de Luca suivi par celui de Dominique est des plus plaisant, sans compter l’atmosphère régnante qui nous plonge dans un univers mélangeant power metal et cinematic metal, loin du Hollywood metal de Rhapsody Of Fire. « Dante’s Inferno » : son intro ténébreuse et symphonique ne vous laissera pas de marbre. Pour les puristes elle vous rappellera un peu « Virus » de Dreamquest. Ale arrive à grand pas et nous surprend agréablement en nous donnant une prestation des plus agréables. Sans oublier le premier pont avec tous ces chœurs tonitruants appuyés par des paroles en italien. Le travail réalisé par Luca sur l’écriture est tout simplement saisissant. Le tout résonne un peu comme si l’enfer venait à nous mais en triomphe. « Excalibur » est très certainement un de mes morceaux favoris, mais aussi un des plus intrigants de l’album. Le début se fait à la flûte rappelant la somptueuse « Village of the Dwarves ». Un break et c’est partit pour le nouvel hymne. Alex est tout simplement impressionnant comme à son habitude. Le tout s’emballe rapidement et nous plonge dans un titre dont vous ne vous remettrez pas. Non seulement on a droit à des passages racés, mais aussi à des passages tournez plus vers le metal opéra ou encore cinématique, le tout avec un Ale qui excelle dans tous les registres. J’en frissonne encore.

Au tour d’une nouvelle surprise : « Tormento E Passione ». Avec un tel titre on se doute bien que Luca a voulu exprimer tout un tas de sentiments comme il l’avait fait avec « Lamento Eroico ». Quelques mesures au piano avant de rentrer dans un titre où Ale chante avec brio, dans ce registre opératique de haute volée. Niveau musique Luca continu à nous surprendre de par son aisance à composer des titres tous aussi puissants et variés les uns que les autres, que ce soit dans ce qu’il a déjà fait auparavant ou comme ici avec ce mélange entre opéra, cinéma et bien évidemment metal . Le retour des sonorités orientales mais aussi ténébreuses se fait sur le cette bombe qu’est « Dark Fate of Atlantis », titre choisit pour présenter l’album, et aussi pour faire le clip vidéo. Une pure bombe de speed mélodique où tous les musiciens sont mis en avant : solo guitares et synthé, un Alex percutant, un solo basse dont « Thunder’s Mighty Roar » pourrait être jaloux, et un Ale qui évolue dans cet univers avec sérénité, nous donnant plaisir et addiction. Au tour de la grosse surprise de cet album : « Luna ». Pourquoi surprise ? Tout simplement parce que pour la première fois depuis que Luca fait des albums nous n’avons jamais eu droit (je dis bien jamais) à ce type de musique. En effet, « Luna » est une ballade très jazzy, nous plongeant dans ce monde particulier et reposant qu’est le jazz, voire même nous transportant à la Nouvelle Orléans pour les rêveurs. Non seulement, la musique est incroyable mais en plus de tout ça Ale nous met un grosse claque en chantant comme s’il était à l’opéra, le tout en duo avec une chanteuse… dont le nom est inconnu à ce jour. Quel talent ! Juste après, les sirènes de police retentissent et c’est partit pour le démentiel « Clash of the Titans ». Un titre rageur et hargneux où Luca tout en gardant le côté épique de sa musique rajoute des sons électroniques pour nous offrir un titre qui en marquera plus d’un c’est certain. Quand à Ale, au moment où il prend cette voix roque et agressive, c’est le feu complet ! Après tous ces rebondissements il est temps d’attaquer la dernière pièce de l’album. Je dis bien pièce car ce « Of Michael the Archangel and Lucifer’s fall » a une durée de 15minutes. Un début calme au piano, avec une nouvelle narration pour nous immerger dans ce titre épique qui soudainement change d’ambiance et nous plonge dans un speed orchestral ténébreux rappelant la fougue du deuxième album solo de Luca « Prophet of the Last Eclipse », le tout rafraîchit par cet Ale grandiose, et cette nouvelle équipe qui nous donne cette sensation d’union à travers la musique. Et quand arrive le moment du refrain c’est monstrueux : cinématique est bien le terme car on ressent bien des influences comme Basil Poledouris, Howard Shore ou encore Hans Zimmer ; mais le tout façon Luca Turilli, qui s’ouvre en même temps de nouvelles portes niveau musical mais aussi au niveau personnel.

Conclusion : Nouvelle union, nouvelle force. Avec ce nouveau groupe, Luca mixe avec habilité la puissance de Rhapsody of Fire et la liberté de Dreamquest et de ses albums solos pour nous offrir un album tout simplement bombastique. Un voyage musical et cinématique. L’album de l’année.
 
Critique : Lionel
Note : 10/10
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