Chronique

DARK TRANQUILLITY - CONSTRUCT / Century Media 2013

Voilà un groupe qui a une sacrée histoire ! Dark Tranquillity fête son dixième album "Construct", vingt ans après "Skydancer". Ce groupe emblématique suédois a écrit les premières pages du Death Metal Mélodique et reste aujourd’hui une référence du genre. Leurs pages de ce que l’on a aussi appelé le Heavy Metal Göteborg forment plusieurs livres dont Construct semble être la synthèse.

Après leur premier album, Anders Friden met les voiles pour In Flames et Michael Stanne lâche la guitare pour devenir le frontman du groupe. Sous-cette nouvelle forme, le groupe va créer les deux premiers monuments "The Gallery (1995)" et "The Mind’s I (1997)" avec une collaboration entre les compositeurs principaux Martin Henriksson, alors bassiste, Niklas Sundin, à la guitare et Anders Jivarp aux fûts, qui vont mêler leur influence heavy, trash et death en quête d’un métal punchy et mélodique.

Sur Construct, c’est Apathetic qui porte la signature de cette époque avec une attaque trash très marqué mais une dissonance propre au death metal. Avec des riffs hyper dynamiques, il faudra compter sur un refrain murmuré à la voix claire pour apporter une grande profondeur et un contraste particulièrement bien réussi. La voix claire revient d’ailleurs en force sur cet album avec des morceaux incontournable comme "Uniformity" et "What Only You Know". Contrairement à "Projector (1999)" la dimension sombre et déchirante portée par le chant prend le dessus sur les aspects ultra-mélancholique, quand bien même un certains côté pop/electropop se ressente dans la composition.

Cette direction artistique n’est pas récente et a commencé sur "Haven (2000)" lorsque le groupe accueille Martin Brändström. Ce claviériste prendra une part considérable dans la composition (Sundin sera même absent de Haven) et signera avec le groupe la fabuleuse trilogie : "Damage Done (2002)", "Character (2005)" et "Fiction (2007)". Il s’agit de l’apogée du groupe avec des compositions directes, efficaces et équilibrées entre clavier et guitare.

C’est précisément en ces termes que Construct démarre sur "For Broken Words" et "The Science Of Noise" puis plus tard avec "The Silence In Between". Comme venus d’une faceB de Character, les deux premiers morceaux se basent sur des sonorités similaires comme pour montrer deux nuances de tempos lents puis soutenus, en ajoutant des refrains entêtant.

Pour compléter le jeu passé/présent sur la discographie du groupe, il ne reste que peu de chose de "We Are The Void (2010)". Album de trop dans la carrière du groupe lorsqu’on l’écoute la première fois, il symbolise surtout une recherche de nouveauté de la part du combo Suédois. Cette recherche a enfin aboutit sur Construct en repêchant dans le passé les meilleures idées du groupe, et en les combinant avec les nouvelles pour obtenir des morceaux aussi surprenant que "Endtime Hearts", "State of Trust" et "None Becoming". Electropop, puis sombre, puis doom, ces morceaux s’insèrent parfaitement dans l’album pour le rendre complet, aux portes de la perfection.

Les suédois ont a bien atteint des sommets. Uniquement composé des membres clés du groupe (les perspicaces auront noté l’absence de bassiste), ils ont réussi à tirer ce qu’ils avaient de mieux au fond des tiroirs et ce qu’ils avaient de mieux dans leurs idées nouvelles. Contrairement à Soilwork, ils n’ont pas eu l’intention de revisiter le genre, mais de redonner à leur musique toutes leurs lettres de noblesses. L’histoire de vingt ans d’une carrière qui pourraient très bien être clôturée par cette merveille.
 
Critique : Weska
Note : 10/10
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