Chronique

FRAMESHIFT - AN ABSENCE OF EMPATHY / PROGROCK RECORDS 2005

Après un 1er album bien prometteur avec comme invité le très grand James Labrie (Dream Theater) décidément partout l’année dernière, Frameshift nous revient en cette année nouvelle avec un second opus et un second chanteur en la personne du prodigieux mais presque oublié Sébastian Bach (ex Skid Row). Evoluant toujours dans un prog métal moderne Frameshift nous dévoile une histoire sur la violence dans le monde.

Intro sur bruit de radio (ou l’on entend le Hotel California des Eagles) pour « Human grain » puis l’entrée pur prog qui en met plein le vue. S’en suit la voix posée mais hargneuse, avant la tornade. Sébastian est impeccable, se donnant à fond et collant parfaitement à la musique. Un très bon début entre guitare ravageuse, chant hargneux et bruitage futuriste.
Intro puissante et heavy pour « Just one more » appuyée par de gros synthés lourds. La voix est elle aussi plus grave rappelant les grands moments du ‘Slave to the grind’ de Skid Row. Poursuivant dans un style plus mélodique aux vues du refrain, elle ne dénote nullement du reste de la chanson car certains passages restent bien heavy et la fin est tout simplement grandiose retrouvant les cris si particuliers d’un Sébastian excellent.
Joli intro pour « Miseduction » qui se poursuit dans un esprit des plus Skid Row. Puissant et ultra heavy, ce titre au refrain très hard rock est une petite bombe. La guitare de Henning martèle vos oreilles de ses riffs mortels. De plus les quelques orchestrations utilisées embaument bien l’ensemble.Attention pour le titre de l’album : « I killed you » commence doucement, une sorte de pseudo ballade sur laquelle toute l’émotion du superbe organe de sieur Bach exulte, sur une magnifique musique mélange de Ayreon de Deep Purple et de Rush. Une pièce intense au break calme avec juste une voix en canon et une guitare avant l’envolée trash énormissime avec un Sébastian ravageur. Puis on reprend le passage calme avant un solo qui mélange parfaitement les orgues d’Ayreon et une guitare bien mélodieuse, pour s’achever sur une fin intimiste entre une guitare douce et une voix sublime, et un solo magistral en émotion : un pur chef d’œuvre !
« This is gonna hurt » prône presque un mélange jazz métal RnB. Détonnant et sombre, ce titre vous fait vous retourner pour voir si il n’y a pas un psychopathe qui tenterai de vous égorger tant l’ambiance y est glauque. « Push the button » pourrait rappeler Angra période Holy Land tant la ressemblance est frappante dans les parties guitares de l’intro. Mais le reste est bien du Frameshift mariant avec un brio certains couplets prog et refrain hard. Ce groupe continue à nous étonner par sa capacité de composition, entraînante technique et mélodique.
Entrée de « In an empathy room » elle est aussi le première ballade. Sublime mais comment pouvait il en faire autrement. Jouer majoritairement au piano elle est transcendée par cette voix si… belle et personnelle qui porte tant de vie. Bien sur il ne faut pas oublier la musique très belle mais surtout en léger retrait pour mieux nous laisser profité du chant : et quel chant ! Retour au bon vieux hard 70’ avec « Outcast » qui pourrait paraître sur un opus de Blue Oyster Cult. Elle se laisse écouter allègrement sans pour autant prendre le tête. Un passage rafraîchissant.
Superbe intro tout droit sortie des albums de Kamelot : épique à souhait, symphonique et chant féminin. « Blade » commence fort, nous faisant entrer dans un univers envoûtant (j’adore ce style d’intro) avant l’arrivée du métal et du petit cris bien habité. Cette chanson est sûrement le deuxième passage le plus marquant (comme c’est bizarre c’est aussi le deuxième plus long). Un titre monstrueux avec un Sébastian habité, tonitruant, hurlant comme un fou sur cette musique médiévalo métal majestueuse. De plus quelques chœurs viennent embellir le tout et la partie solo est magique : un chef d’œuvre de plus agrhh !!
« How long can i resist » reprend ce mélange prog / hard sympatoche. Entraînant et bien rythmé elle permet de se remettre sans s’échapper de la terrible tornade qu’on vient de se prendre. Quelques passages acoustiques rendent l’ensemble plus folklore (c’est pas encore Simon & Garfunkel) et viennent se heurter à des passages plus heavy trash du plus bel effet.
« When i look into my eyes » arrive sur des synthés très cyber, reprenant le coté froid et sombre de « This is gonna hurt ». Elle ne nous rassure pas, pourtant le chant de Sébastian est moins malsain mais alors la musique est lugubre. Un petit vent froid me passe le long de l’échine à l’écoute de ce titre fort étrange.
Voici la fin. « What kind of animal » est la 2eme ballade d’une douceur ultime : elle contraste avec le morceau antérieur. Juste un piano et cette voix réellement sublime qui nous donne des envies de s’enfermer dans le noir, musique à fond et d’oublier tous nos démons le temps de ce moment où plus rien ne semble exister autour de vous tant il vous prend aux tripes. Sûrement la plus belle ballade au monde. D’une émotion presque surnaturelle, elle me restera dans le cœur pendant des années, hantée par ces si belles mélodies. Dépassant tout ce qui existe à ce moment elle vous emmènera aussi loin que vos émotions pourrons vous mener, concluant cet album de la plus belle manière dont on peut le faire.
Un très grand chapeau à ces deux messieurs pour ce titre.

Conclusion : le prodigieux Henning Pauly, vient de signer là un superbe opus emmené par un Sébastian Back au plus haut niveau. Une galette qui ravira aussi bien les fans de prog que les fans de Sébastian Back. A acheter les yeux fermés et à profiter fort longtemps des multitudes facettes de cet opus divin.
 
Critique : Guillaume
Note : 9/10
Site du groupe : site officiel de Frameshift
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