Chronique

AVANTASIA - GHOSTLIGHTS / Nuclear Blast 2016

« Le voilà enfin, il est arrivé… » Me suis-je dis. « Qui Zorro ? » me répond mon merdique sens de l’humour. Et non abruti !! Le nouvel AVANTASIA !! Vous avez tous pu en avoir un petit avant gout et honnêtement ce « Ghostlights » semblait plein de promesses. Après un très bon « The Mystery of Time », qui montrait une facette plus classique de Monsieur Sammet sur un album où régnait une certaine unité, que pouvons nous attendre de nouveau sur cette suite ? Déjà la pochette est à mon avis la plus belle jusqu’à ce jour.

Tobias n’est pas le genre d’artiste à arpenter les sentiers battus, bien au contraire il est plutôt rebelle, il fait ce qu’il veut. Autrement dit, difficile de savoir ce qu’il va nous pondre. Là où le précédent opus affichait une certaine unité, ce « Ghoslights » fait office de fourre tout, parfois même de best of.
Commençons par le commencement. Le premier extrait que les fans auront pu entendre, « Mystery of A Blood Red Rose » est une tuerie. Il faut le dire. Ça s’entend tout de suite : Meatloaf n’est pas loin. L’excellent piano rendu puissant par quelques riffs de guitares accompagne une ligne de chant juste parfaite. Couplet ou refrain, Tobias est magistral et effectivement les 40 heures passées sur les chœurs payent. C’est un morceau puissant, mélodieux, excessivement entrainant. D’entrée de jeux je suis conquis. Et pas le temps de vous reposer, ça sera pour plus tard.
Le monstrueux Jorn Lande est de retour et fait son apparition sur le long et épique « Let The Storm Descend Upon You ». Premier fait d’arme de cette piste : l’intro. Lente, qui monte progressivement en puissance jusqu’à exploser sur une orchestration colossale. Le duo Jorn Lande/Ronnie Atkins fonctionne à merveille surtout sur le refrain puissant et épique. Les chanteurs se passent le témoin avec une fluidité remarquable. Robert Mason apporte un peu de douceur vocale en laissant les deux autres jouter à leur guise.
Après un break assez long, l’orchestre explose de nouveau avec un Jorn toujours exemplaire, un solo inspiré une leçon. Putain mais quel début d’album !
Et si on se calmait un peu hein ?? Remerciez Dee Snider, il arrive à point nommé avec un morceau plus calme et une interprétation plus théâtrale, succédant ainsi à Alice Cooper et Jon Oliva. « The Haunting » est un mid tempo avec une ambiance très particulière, assez mélancolique ou inquiétante, mais toujours mélodieux. Moins exceptionnel certes que ses deux ainés mais intéressant. Ah on y est. « Seduction of Decay » avec Geoff Tate. Morceau un peu plus décousu, avec des lignes mélodiques moins accrocheuses. Malgré l’excellent travail des vocalistes, le morceaux traine un peu et a du mal à m’accrocher. Attention c’est pas un mauvais morceau, mais disons qu’il est plus quelconque.

Retour aux sources avec un « Ghostlights » très speed, très léger, avec un Michael très… Kiske. Il chante haut… très haut mais avec Tobias plus bas, le contraste est exceptionnel. Le morceau est hyper mélodieux, les lignes de chant sont excellentes, c’est un vrai régal. Notre chef d’orchestre sait comment utiliser ses invités. Il maitrise leur répertoire et les utilise très bien. Malgré tout je regrette un peu qu’il ne prenne pas trop de risques. Comme par exemple faire chanter Jorn ou Michael dans un autre registre. Oui je pinaille !!!
S’en suivra un « Draconian Love » qui ralenti un peu. Le rythme de l’album est très bien contrôlé jusque là. Ce morceau où le piano revient au premier plan, mettra en scène un Herbie Langhans qui chante bas, très mélancolique. Par moment il me fait penser à Fernando Ribeiro de Moonspell quand il chante clair.
On continue l’alternance de morceaux calmes et morceaux puissants. Voici un des grands moments de l’album, l’excellente prestation de Marco Hietala sur un « Master of the Pendulum » qui après une intro calme vous explose à la tronche de façon inattendue. Le morceau est assez agressif, puissant sur le couplet et le refrain prend totalement à contre pied avec une légèreté et une mélodie hyper entrainante. Roh putain que j’aime ce morceau !!! Il rappellera un peu « Scales of Justice » de la trilogie Scarecrow dans le genre puissant.

Si vous avez bien suivi on arrive à… ? à… ? Un morceau calme !!! Faut suivre les gars ! D’ailleurs là c’est la ballade de l’album avec un lead féminin. « Isle of Evermore » menée par la douce voix de Sharon Den Adel est envoutant, beau, mais il manque quelque chose. Je ne saurais pas dire quoi, un pti truc en plus pour le rendre magique. Bon c’est pas mauvais hein, attention mais je ne retrouve pas ce que je ressentais, et ressens toujours sur « What Kind Of Love » de Scarecrow. Putain faudrait vraiment que j’apprenne à voir le verre à moitié plein.
Bon continuons notre voyage vers « Babylon Vampyres » qui aurait été parfait sur « Angel of Babylon » (non j’ai pas fait exprès). Le morceau pulse bien, avec un bon riff, un Robert Mason très en voix et my God quel refrain magique !! Morceau sans intro lancinante, sans orchestres, sans chichis quoi. Du putain de rock burné dans la face. Point.

Vous vous souvenez de ce que je disais sur utiliser les chanteurs dans un autre registre ? Ben tiens on y est. Le morceau le plus beau, avec beaucoup d’émotion. Jorn Lande est impeccable sur « Lucifer », qui fait mi-ballade et mi-morceau burné (et re mi-ours derrière) qui bourre à 1000 à l’heure ! Ce morceau c’est comment prouver que le norvégien est un des meilleur chanteur du monde et Tobias un compositeur hors pair.
Je suis pas étonné qu’après « Lucifer » on « Unchain the Light ». Le combo Michael Kiske/Ronnie Atkins fonctionne à la perfection. Le morceau change de tempo du couplet au refrain, ça reste fluide et très bien exécuté. Le titre est un excellent morceau de rock heavy qui passe tout seul. Malheureusement toutes les bonnes choses ont une fin. Voici le final avec, comme sur le précédent album, Bob Catley, sur l’envoutant « A Restless Heart and Obsidian Skies ». Le final de l’album est plus direct et court que l’épique « The Great Mystery » mais plein de mélodies. Le couplet me rappelle d’ailleurs énormément « The Story Ain’t Over », extrêmement entrainant, très apaisant. Les chœurs discrets accompagnent nos vocalistes dans une ultime prestation qui clos l’album sur une très belle note.

Y’a pas à dire, Tobias Sammet a mis les petits plats dans les grands. Effectivement plus il progresse plus les frontières musicales s’estompent. On ne peut pas classer l’album et c’est très bien ainsi. Ce dernier est varié, avec des moments forts, des moments plus solennels, mais toujours avec ce souci de faire dans le mélodieux, dans le puissant, de transcender le genre opéra rock. Car oui en fin de compte c’est un bel opéra rock que nous avons là.
J’admire vraiment Tobias pour son travail, et là je lui tire mon chapeau. L’année 2016 commence bien ! Vivement la tournée !
 
Critique : SBM
Note : 9.5/10
Site du groupe : Site Officiel
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