Chronique

ETHS - ANKAA / Season of Mist 2016

Les Marseillais sont de retour ! Fer de lance de la scène metal sudiste, au même titre que Dagoba, le groupe semble enfin renaître de ses cendres. Non pas que Eths avait disparu, mais les nombreux changements de line-up, dont celui de Candice, vécu comme un quasi traumatisme pour certains fans de la première heure, n'ont pas joué en sa faveur. Ajoutez à cela les pépins physiques de Staif qui ont ralenti écriture et scène, et vous comprendrez que même le plus fidèle des fans aurait commencé à se faire du mauvais sang.
Afin de rassurer son monde, le EP intitulé Ex Umbra In Solem (Ndlr : chroniqué sur le webzine par Weska) est sorti en 2014 et a permis de présenter en bonne et due forme la nouvelle chanteuse, à savoir Rachel Aspe, à la fois sur cd mais également en live.
Comme évoqué dans mon interview avec Staif (Ndlr : disponible également sur votre webzine préféré), je connais peu la carrière du groupe. Mais finalement, cette lacune devient une force, car cela me permet d'avoir une oreille un peu plus objective, sans entrer dans le faux débat "Rachel ne remplacera jamais Candice".


La forme
Rentrons donc dans le vif du sujet.
Déjà, un très bon point, à savoir la cohérence intrinsèque et visuelle de cet album. Je reviendrai plus tard sur le fond. La forme, quant à elle, est magnifique. Les photos promo de Nicolas Delpierre sont, une nouvelle fois (c'est devenu un habitué des clichés du groupe), riches, puissantes et vivantes. Nicolas Senegas, de son côté, a parfaitement retranscrit l'atmosphère lourde et sombre de la musique de Staif. De ses dires, le tout premier jet de Nicolas fut le bon, Staif ne rajoutant qu'après coup le triangle. Cohérence vous disais-je.

Le fond
Cohérence toujours, cette fois-ci concernant la musique. En effet, une ambiance indéniable se dégage de cet album. Tel un voyage, nous entrons doucement dans ce Ankaa via « Nefas », puis sommes littéralement submergés par les growls surpuissants de Rachel. Ce n'est somme toute pas une surprise, car s'il y a bien un domaine où la demoiselle assure, c'est bien sur ses parties extrêmes. D'ailleurs, la néo-Marseillaise n'a jamais caché que c'est sur les passages en voix claire qu'elle devait s'améliorer. C'est réussi, mais nous y reviendrons plus tard.
Musicalement, noirceur et luminosité se côtoient. Staif a fait un boulot monstre sur l'ambiance qui confère à cet opus un aspect de concept-album. Cohérence vous disais-je.

Les guests
Le guitariste compositeur sait très bien s’entourer. Avec le départ de Candice (qui s’occupait de nombreux textes des albums précédents), Staif n’a pas hésité à contacter son amie Faustine Berardo (La Nébuleuse d’Hima) afin de lui donner un coup de main. En plus de l’écriture, elle participe également vocalement sur les morceaux « Amaterasu » et « Kumari Kandam ». Autre force du casting, Dirk Verbeuren (Soilwork) présente un jeu de batterie à la fois puissant et très groovant. Son compère Björn Strid via son featuring sur le titre « HAR1 » propose un des titres le plus accessibles de l’album. Tandis que le chanteur de Threat Signal, Jon Howard associent ses hurlements au chant envoûtant et arabisant de Sarah Layssac (Arkan) sur « Nihil Sine Causa ». Ce dernier colle d’ailleurs très bien au « style Eths » et Staif a dû s’en rendre compte en lui proposant de participer à plus de la moitié de la tracklisting.

Les points d’amélioration
Volontairement, je n’intitule pas cette partie « les faiblesses », car le terme serait trop fort. En effet, il ne faut pas oublier que le groupe a dû gérer les départs de Candice et de Guillaume (batterie), et Staif s’est occupé des textes, de la musique et même de la production de cet album. Un travail de titan, mais qui en valait la peine, car cela lui a permis de tester des choses et de sortir des sentiers battus. C’est peut-être ce côté-là qui s’avère le plus casse-gueule tant certains fans n’apprécient guère le changement. D’un point de vue « extérieur », cela fonctionne et se doit d’être pérenne. La touche orientale de Sarah apporte une dimension supplémentaire et le chant clair de Rachel doit être encore plus présent. Peut-être pour le prochain album, si la chanteuse participe à l’écriture des paroles par exemple. Ses growls par contre sont ultra maîtrisés, il faudra donc amener le chant clair au même niveau de perfection (le verdict étant, dans tous les cas, délivré en live). Mais le rendu sur ce Ankaa ne peut que présager du meilleur pour la suite, à l’image de l’excellent « Seditio ».

Conclusion :
Même si les morceaux ne sont pas des copier-coller les uns des autres, l’ambiance générale confère une unité appréciable à Ankaa. Il vous faudra cependant plusieurs écoutes afin d’assimiler au mieux cet album. Deux mots ressortent de cette critique et de mon interview avec Staif, à savoir cohérence et sincérité. Quand, en plus, la musique est de qualité, vous comprendrez que Eths fait un retour aussi fracassant que la saison de l’OM aura été pourrie, c’est dire !...


Tracklisting :
1. Nefas
2. Nihil Sine Causa
3. Amaterasu
4. Seditio
5. Nixi Dii
6. Vae Victis
7. HAR1
8. Sekhet Aaru
9. Kumari Kandam
10. Alnitak
11. Alnilam
12. Mintaka
 
Critique : Secret Sfred
Note : 8.5/10
Site du groupe : Site officiel du groupe
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