Chronique

NEVERMORE - THIS GODLESS ENDEAVOR / Century Media 2005

Dix ans ! Cela fait déjà dix ans que les Américains de Nevermore ont sorti leur premier méfait. En effet, leur premier album éponyme, sorti en 1995, avait reçu une plutôt bonne critique, encourageante et justifiée. En 2005, le groupe de Seattle est désormais sur le devant de la scène thrash/power. A vrai dire ce succès semblait presque prévisible tant le groupe a sû faire preuve à la fois de patience et de conviction. Comment ? Tout simplement par des bases solides (Warrel Dane, Jeff Loomis et Jim Sheppard jouaient déjà ensemble dans Sanctuary), un producteur de renom (Neil Kernon – Judas Priest, Queensryche, Dokken) et des confirmations scéniques auprès d’autres grosses pointures du genre (Death, Children of Bodom, Blind Guardian, Arch Enemy, In Flames ...). Après deux très bons albums - Dead Heart In A Dead World (2000) et Enemies Of Reality (2003/2005 remix) – Nevermore remet le couvert avec This Godless Endeavor qui ne décevra pas les fans et qui en accueillera même de nouveaux.

Oppression ! Voilà le mot qui résumerait le mieux ce cd. Du début à la fin, le groupe nous emmène dans des chemins à la fois riches, variés mais souvent sombres. Comme si le groupe nous prenait par la main dans une course en forêt lugubre et que de temps à autre, il nous laissait errer en nous regardant d’un œil, caché derrière un arbre et ricanant. La première écoute de cet album est à la fois déstabilisante et ennivrante. D’ailleurs, tout commence non pas dès la première chanson, mais dès la pochette de l’album. Sublime (jeune garçon chevelu au regard sombre, pieux, cranes, masque, brouillard épais, nuages sombres), elle est l’œuvre de Hugh Syme et magnifie l’obscurité et l’inquiétude. Quelle beauté malsaine !
On démarre donc dans un registre assez reconnaissable pour du thrash et « Born » ressemble finalement à un appât. Ici, la part belle est faite à Van Williams, matraqueur de fûts de son état, le chant de Warrel Dane est, quant à lui, très dark et colle parfaitement à l’image oppressante émanant de l’ensemble de l’opus. Le refrain est également larmoyant. On enchaîne avec « Final product » qui se veut plus heavy, mais dans lequel les deux gratteux, Jeff Loomis et Steve Smyth, s’en donnent à cœur joie ! C’est bien simple, jamais vous n’entendrez d’aussi surprenants et techniques soli que ceux des deux 6-cordistes de Nevermore. Renversant ! « My acid words » démontre une nouvelle fois la maîtrise de Van Williams, tantôt bourrin (mais toujours technique), tantôt adouci. La surprise vient cette fois-ci de la mélodie du refrain sous forme de douce mélancolie. Warrel Dane est encore une fois impérial et son chant est à saluer tant il est varié et toujours ajusté aux rythmes et aux émotions des chansons. Des riffs dans tous les sens, une rythmique très lourde, un chant hargneux et plaintif, des soli de guitares toujours aussi efficaces, voilà le programme de cette quatrième chanson, à savoir « Bittersweet feast ».
Vient ensuite « Sentient 6 », qui est une ballade, dans la veine de celles de Metallica. Gratte électro-accoustique, chant grave, puis grosses guitares et chant plus enlevé. Mister Dane sublime cette chanson par son chant très émouvant et toujours juste, jamais dans l’excès ou la caricature. Sa variation de chant fait d’ailleurs penser ici à Serj Tankian (System Of A Down). Le piano fait également une apparition très remarquée et forte à propos. « Medicated nation » est un titre heavy, avec un très bon solo de guitare, tandis que « The holocaust of thought » est une instru d’une minute trente qui semble être un hommage au regretté prodige Chuck Schuldiner (Death). RIP.
Nouvelle orientation et nouvelle richesse pour la deuxième ballade de l’album « Sell my heart for stones ». Le progressif ! Les premières notes et le chant presque pleurnichard de Warrel Dane font beaucoup penser à des passages lents des compos de Dream Theater. Quelle prouesse ! On reprend de la vitesse avec les soli très inspirés présents sur « The psalm of Lydia », pour repartir dans un trip plus dark avec « A future uncertain ». Enfin, « This godless endeavor », le titre éponyme, clôture cet opus de ses neuf minutes de maîtrise vocale, de soli classes et de passages épiques.

Conclusion : Camarades metalleux, cochez d’une croix la date de sortie de This Godless Endeavor (25 juillet 2005). Cet album est une grosse claque, certes adoucie pour les afficionados du genre, mais elle n’est que plus retentissante pour les néophytes. La joue de votre serviteur est d’ailleurs encore rouge !
 
Critique :
Note : 8/10
Site du groupe : site officiel du groupe
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