Chronique

TESSERACT - SONDER / Kscope music 2018

TesseracT est un des groupes les plus influents de cette décennie en matière de métal progressif moderne, au coeur du mouvement djent. Pourtant, aucune chronique jusqu'à ce mois de mai 2018. Et pour cause, dès le succès de leur premier album, One, sorti en 2011, les britanniques ont changé de voie... et de voix. S'émancipant du son meshuggesque, les couches de chant clair ont commencé à se superposer, tandis que l'instrumentation devenait plus mélodique et plus atmosphérique.
Le chant hurlé au banc.

Juvénile, le chant sur Altered state l'a moins été sur Poralis grâce au retour de Daniel Tompkins au micro.
Mais quelque chose était rompu.
Jusqu'aux premiers riffs de Sonder.


Luminary provoque la surprise. Son introduction est absolument tonitruante, pachydermique, complètement inattendue, tout comme la façon dont Daniel Tompkins arrive, avec délicatesse, a apporter de la cohérence et de l'harmonie à l'ensemble, avant que ce riff tonitruant ne refrappe, une nouvelle fois, avec ce son novateur.
Fin.
TesseracT a redéfini le djent.

Un son, une voix
Nove sed, non nova. La manière est nouvelle, et non la matière. La manière, c'est une approche plus directe avec un son novateur qui tranche, clé de voûte des titres principaux : Luminary, Juno, Smile ou encore King. Plus qu'une affaire de puissance, King, le premier single, reflète aussi la maîtrise du groupe en matière de composition. Toujours présents, les arpèges, la polyrythmie et ces sonorités cristallines posent une atmosphère toute particulière. Une atmosphère dans laquelle le chant de Daniel Tompkins soutenu par Amos Williams est tout simplement ouffisime. Rien qu'avec le chant clair, ils proposent une palette de couleur incroyable. Daniel Tompkins joue avec les tonalités comme le ferait Maynard James Keenan avec Tool, tout comme il est capable sur Juno ou encore Beneath my skin d'une interprétation très moderne, lorgnant sur certaines musiques populaires.
La surprise d'un tel talent n'aura d'égal que la surprise du chant hurlé qui frappe aussi subitement que les cordes. Ça et là. Au bon moment.

Un concept
Et puis, il y a partie secondaire de l'album. Des pauses. Des mises en condition. Des morceaux dans la continuité d'Altered state et Polaris comme Mirror image. Ce sont des moments idéaux pour se poser sur le concept. Sonder est une idée inspirée de John Koenig, un penseur contemporain qui fait le constat de la pauvreté de la langue pour décrire des états émotionnels. L'artwork représentant le système solaire en est la mise en perspective, reprenant l'idée Copernicienne que nous ne sommes pas le centre de l'univers. Tesseract rappelle que nos émotions ne sont pas le centre de notre microcosme et qu'il existe pour chacun de états émotionnels et un ressenti différent.

En vérité, il est possible de se fondre dans cet album sans vraiment avoir à s'intéresser au concept. L'existence de ces nombreux creux et pics n'en demeure pas moins fondamentale pour faire de ces petites trente sept minutes un moment riche et condensé de sensations. Et pour qu'on s'y intéresse, Sonder nous invite à plonger dans les textes et à enrichir l'expérience musicale de la compréhension du concept.

L'édition limité de l'album est doté d'un CD supplémentaire afin d'expérimenter le son binaural qui offre une expérience en 3D avec des écouteurs.

Line-up
Acle Kahney - guitare
Jay Postones - batterie
James Monteith - guitare
Amos Williams - basse/chant
Daniel Tompkins - chant

Track list
01. Luminary
02. King
03. Orbital
04. Juno
05. Beneath My Skin
06. Mirror Image
07. Smile
08. The Arrow

 
Critique : Weska
Note : 10/10
Site du groupe : Page facebook
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