Chronique

ACCUSER - ACCUSER / Metal Blade Records 2020

J’accuse !

J’aurais adoré pouvoir commencer un papier comme ça et si je le fais pas avec ce groupe je le ferai jamais. J’aurai donc pas fait grand-chose cette année mais l’air de rien je viens de cocher une case.

Vous saviez vous qu’Accuser avait fait son come back ? J’avoue moi non, c’était en 2016 et je suis complètement passé à coté. Donc toi qui connais le groupe comme ta poche et as déjà fait livrer l’album chez toi, passe ton chemin ! Non seulement on ne sera pas d’accord mais en plus t’auras des arguments, c’est de la triche et je serai horriblement vexé.

Toi par contre qui comme moi tombes des nues et gardes un assez bon souvenir d’un groupe qui avait essayé de moderniser sa musique quand Metallica a décidé d’aller chez le coiffeur (comme Sacred Reich par exemple), il faut qu’on cause.

Déjà j’ai récupéré ce disque parce que ma collègue qui l’avait eu au départ n’a pas supporté au-delà d’un titre, pourtant elle écoute des trucs chelous. Bon c’est peut-être ça le problème, c’est exactement ce à quoi on s’attend : du bon vieux thrash sa mère, donc si vous aimez le bizarre, le créatif, le complexe… C’est mort.

Donc en effet j’accuse… J’accuse le groupe de vouloir surfer sur l’auto-nostalgie contemplative. J’ai toujours du mal quand des gens que je respecte tournent en rond autour de leur propre nombril. Par contre, en termes de thrash classique, ils le font bien. C’est un peu comme écouter un album de thrash de 87 mais bien mixé. C’est assez surprenant du vieux thrash bien mixé… Mais juste pour ça j’ai envie de leur dire merci. Le début est classique avec 4 titres percutants puis arrive « Be non the wiser », un titre qui essaye le mid tempo et réussit surtout à mettre en valeur l’accent de dogue allemand de Frank Thoms. Y a des trucs qui même sur une face B de 7ème single n’ont pas de raison d’être, là c’est outrageusement le cas.

Bon heureusement ils repassent la 5ème juste après donc ça va. Ça va tellement vite qu’on ne sent pas l’album passer, « Psychocision » réveille les oreilles grâce à quelques breaks bien trouvés et un vrai refrain bien foutu (c’est pas toujours le cas). Mais ça permet à l’album de rebondir au lieu de faire ligne droite dans ta face. Attention les albums directs ont aussi un intérêt, mais à un moment quand t’as fait entrée choucroute plat principal choucroute, fromage de tête et que tu sens bien que le dessert ce sera choucroute t’es content qu’on t’amène des p’tits bouts de lard à grignoter en accompagnement… À noter que c’est le seul morceau vraiment long (plus de 6 mns) comme quoi finalement peut-être qu’ils auraient du privilégier un truc un peu plus prog, là ils sont très bons.

Le reste est convenu en fait, bien dans le genre, étonnamment scolaire, très bien interprété techniquement. Mais ce n’est même pas l’album que j’offrirais à un néophyte pour lui faire appréhender tous les tenants du genre. Non plutôt l’album que j’offrirais à quelqu’un de nostalgique qui est en manque de thrash frais, comme on irait manger dans un nouveau pub pour voir comment ils font les frites. Oui ok j’ai la dalle et j’ai beau faire tourner cet album je ne rentre pas dedans. Même si je me dois de reconnaître l’absolue intelligence de l’objet par rapport au programme. Là où il y a scandale c’est dans le dossier de presse (que vous n’avez pas mais nous si) où le groupe prétend faire du frais et nouveau… Celle-là on ne me la fait pas. S’ils l’avaient sorti en 84 je dirais déjà oui avec des pincettes donc stop the madness…

Accuser est de retour mais on va attendre la suite pour s’extasier. Peut être qu’en live ça le fait (rire démoniaque).
 
Critique : Thomas Enault
Note : 6/10
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