Chronique

YORUSHIKA - MAKEINU NI ENCORE WA IRANAI / U&R Records 2018

Et oui. Encore et toujours le Japon. Pas ma faute si ils sont bons. Il y a tellement de perles et de bijoux que je ne peux m’empêcher de parcourir leur univers musical. Certes, dans mon monde, ce qui me plaît chez eux est une question de douceur, de tessiture, de qualité musicale. Bref c'est pas simple. Mais quand on trouve... mes cousins... ça vous transporte.
En flânant ci et là, dérivant dans cet infâme univers numérique (qui sert par moment) je dérive tel un bateau lors d'une mer agitée et échoue par chance sur cette île nommé (chez nous YORUSHIKA [je vais tout écrire à l'occidentale].
Duo formé en 2017 par N-Buna (composition, programmation etc...) et Suis, chanteuse à la voix douce, ils arpentent aux grés de leurs envies le rock, mais aussi parfois le jazz ou le blues. Musicalement magique, ce premier opus, "Makeinu ni Encore wa iranai" s'oriente plus vers le rock à tendance pop.

L'intro "Zense" est juste parfaite. Un piano. La musique n’a guère besoin de plus que ça. Une minute. Une minute de bonheur pour laquelle je me suis remis (même brièvement) au piano. Merci.
On rentre un peu plus dans le vif du sujet avec « Makeinu ni Encore wa iranai », le titre éponyme donc. Très rock, avec un riff assez distordu, préparant le terrain à Suis et sa voix très « juvénile », alors qu’usuellement il n’en est rien. Allez comprendre… Toujours est-il que le morceau, quand écouté proprement, prouve le tallent d’écriture du compositeur N-Buna. Les harmonies fusent comme les ingrédients d’une recette superbe. Et pour couronner le tout, c’est entraînant. Chapeau pour le pont. Magistral. Belle basse.
Plus posé, malgré un côté rock aux modes mélodiques nippons, « Bakudanma » est envoûtant dans sa simplicité. Je vais me répéter sur mon dithyrambe de façon exhaustive, mais au diable les avis externe. La musique est une introspection et rien n’est plus personnel. Cette langue m’adoucit, m’émerveille. Sa rythmique et sa douceur sont presque irréelles. Et le très jazz (et rock sur le refrain) « Hitchcock », calme, le prouve à merveille. Après cent écoutes (au moins de cet album) je suis toujours autant transporté. Rapide interlude apaisant, ambiant, avec encore un beau piano, « Rakka » lace un morceau plus nerveux, « Jyun Tomei Shounen ». La production est au poil, tout sonne où il faut et à l’intensité voulue. Et un grand merci à la suave mélopée de Suis, superbe interprétation, douce, qui tranche avec le rock osé ici présenté. Un sucré salé musical dont je me délecte…

On arrive à ce qui m’a fait connaître ce duo, ce morceau au combien réussi, parfait, oserais-je dire, le fameux « Tada Kimi ni Hare », avec ses lignes de chant superbe, une ligne de guitare mélodique très encrée dans la musique japonaise, mais avec cette teinte de rock occidental. Son solo, jazz, simple mais tellement efficace, prouve bien que notre compositeur est de talent. Une merveille, point.
« Toumin », prépare l’atterrissage, avec une musique plus douce, en son clair. Assez ambiant, limite ballade, on y passe un bon moment. Un très bon si vous avez l’oreille des phrasés blues distillés ci et là par N-Buna. C’est là que le duo fonctionne : chaque écoute apporte une nouveauté.
L’outro « Natsu, Bus Tei, Kimi Wo Matsu », un au piano prenant, à arracher les larmes, fait écho à « Zense ». La boucle est bouclé, comme quand on rentre chez soi après un voyage. Des souvenirs plein la tête, des larmes presque arrachées. Un rêve vécu.
 
Critique : SBM
Note : 10/10
Site du groupe : Site Officiel
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