Chronique

THEATRE OF TRAGEDY - STORM / AFM Records 2006

La période Liv Kristine est désormais révolue. L’ancienne chanteuse de Theatre Of Tragedy s’en est allée vers d’autres horizons aussi divers que variés (participations aux albums de Cradle Of Filth, album solo, Leaves’ Eyes), mais Theatre Of Tragedy s’en est relevé et ce Storm tendrait même à dire que le groupe s’en est bien remis. Attention avis de (douce) tempête en vue !

Douce en effet, car la révolution n’aura pas lieu avec cet album. La voix de la nouvelle chanteuse Nell (ex-The Crest) se rapproche sensiblement de celle de Liv Kristine et musicalement les valeurs sures du groupe ont été gardées intactes (piano, grosses guitares, mélodies mélancoliques). Les Norvégiens jouent donc ici la carte de la « sécurité ».
On démarre donc cet album avec le titre éponyme « Storm », qui se veut tout simplement être un hit. Les grattes sont très heavy et vocalement c’est Raymond I. Rohonyi qui se met le premier en vedette. Nell ne reprend que le refrain, mais le contraste de leurs voix est très beau, juste et intéressant. Celle de Raymond étant un chant saccadé, très grave, sombre et mixé de manière “électronique”, tandis que celle de Nell est très atmosphérique et légère. On enchaîne, c’est le cas de le dire tellement les deux premières chansons semblent ne faire qu’une seule, tant au niveau structure et que du son, avec « Silence ». Les mêmes éléments donc que la chanson précédente sont utilisés, mais la voix de Nell est à son tour un peu plus présente et électronique, à noter également le piano de Lorentz Aspen magnifiquement omniprésent. On calme un peu le jeu avec « Ashes and dreams » et ses nappes atmosphériques de synthé qui prennent de temps à autres la place du piano. Même si le morceau se cantonnerait dans du mid-tempo, l’ensemble est tout de même incroyablement heavy et “sourd”. Toujours la voix électro. de Raymond, les lourdes guitares et la voix cristalline de Nell.
Seuls la voix de Nell, la batterie de Hein Frode Hansen et le piano entament le début de « Voices ». Raymond s’invitant sur ce morceau en même temps que les grattes de Vegard K. Thorsen et Frank Claussen, quelle entrée virile ! Cependant, il me semble qu’au fil de la chanson, les guitares perdent en volume. Etrange. Le track suivant « Fade » est vraiment énorme et peut-être que plus de morceaux de cette veine aurait fait de cet album une bombe. Magnifique du début à la fin, c’est également la chanson la plus longue de l’album. Peut-être que le futur de Theatre Of Tragedy se voudra plus “épique”, en tous cas je l’espère surtout avec un tel morceau. Plusieurs variations dans ce titre, avec un magnifique contraste entre la douceur du binôme piano/Nell et la puissance étouffante des grattes. Sublime ! On reste dans la puissance avec « Begin and end », où les grattes prennent toute leur force. Un morceau, à défaut d’être aussi original que le précédent, qui se veut super efficace. Tout comme le premier morceau de l’album, voici encore un futur hit. Le duo de vocalistes se remet en place avec « Senseless », mid-tempo aux guitares saccadées et aux ambiances étouffantes dues en grande partie aux nappes de synthé.
Le trio final de l’album débute par « Exile ». Le chant haché et électronique de Raymond est à son tour altérné avec la furia des grattes et la voix fine mais puissante de Nell. On inverse donc les rôles (cf. « Voices ») et c’est la chanteuse qui prend le pouvoir. Girl powa ! On enchaîne avec « Disintegration ». Malheureusement, ce morceau ressemble trop à ce que le groupe a proposé préalablement dans cet album. C’est le risque de la non-prise de risque : les morceaux se ressemblent. Au départ, cela passe, mais forcément le morceau de fin d’album n’aura guère de grâce et d’excuse pour l’auditeur “lambda”. Surtout que l’album est court. Nous terminons ce Storm par « Debris ». De nouveau un morceau “long”, c’est à dire d’un peu plus des quatre minutes trente (les autres oscillants en moyenne dans les trois minutes trente) et de nouveau un morceau intéressant (cf. « Fade »). Les grattes sont très heavy et la voix de Nell semble s’envoler. Les deux facettes du chant de la demoiselle sont ici bien mis en exergue, à savoir douceur et puissance, voire même souffrance. Très belle interprétation en tout cas. Bonne note finale et heureusement pas de morceau « insignifiant » ou trop classique pour clôturer cet opus.

Conclusion : Cet album est donc loin d’être mauvais, mais également loin d’être révolutionnaire. En même temps, il se veut être un album de transition et semble avoir plus une vertu de rassurer les fans plutôt que de les perdre dans une nouvelle orientation musicale. Choix peu risqué certes, mais tellement légitime. Finalement, la tempête aura peut-être lieu avec leur prochain opus. Le calme avant la tempête dit-on…
 
Critique :
Note : 8/10
Site du groupe : Site officiel du groupe
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