Interview

KRAGENS (2007) - Renaud Espeche

Nous revoici pour un 3ème rendez vous, et merci de répondre donc à nouveau aux questions pour seigneurs du métal.

1er question. Comment c’est passé l’arrivée de Gil et quel a été son travail sur Infight ?

Déjà le recording de « Seeds » avait révélé les problèmes que nous avions avec Ludwig Laperche, le second guitariste. Après la sortie de l’album, les premiers concerts ont été difficiles avec lui. Personnellement, je me projetais déjà dans l’après. J’étais déjà à la recherche du musicien qui pourrait compléter l’équipe, avec le profil parfait. Quand Gil a fondé X-Trunk, j’ai tout de suite percuté sur lui. Ca faisait longtemps qu’on se côtoyait, du temps ou il était membre de Médusa. Nous avions toujours apprécié sa manière de jouer, et de vivre le métal. X-Trunk a révélé chez lui la modernité de ses projets. C’était donc l’homme qui tombe à pic, le Kragens Man, un pied dans les eighties et le regard porté sur l’avenir. Il ne restait plus qu’à convaincre Denis, Cédric et Olivier. Une fois tout le monde d’accord, Cédric a demandé à Gil, qui lui a dit oui…Et alors il a enquillé les concerts avec nous, il a fallu qu’il apprenne les morceaux à toute vitesse ! Mais bon, pour nous ce fut une deuxième naissance, tant le climat au sein du groupe était devenu serein. Cédric est devenu très prolifique côté compos, et donc on a mis le troisième album sur les rails. Gil a composé « Ten Treasons We Fight », puis a pris en charge dans son studio les enregistrements des guitares, claviers, basse et cordes. Ca a été un gros boulot, d’autant qu’il gérait en même temps le premier album de X-Trunk. Il a aussi donné son avis artistique sur tous les morceaux.

Pourquoi avoir décidé de n’avoir plus qu’une guitare solo ?

Parce que Gil est encore timide en solo ! Bien qu’on aime son style. Donc on le laisse venir naturellement. Cédric lui s’est complètement investi dans son nouveau rôle, et a fait des progrès énormes. « Infight » est truffé de solos, qui ne sont jamais ennuyeux, toujours opportuns, avec des mélodies entêtantes, trop même ! Ca devient subliminal ! Il a vraiment fait un boulot formidable.

Cette fois ci vous êtes revenu à un style plus Power Trash laissant de côté les ambiances Death mélodique accentués dans ‘Seeds Of Pain’. Est ce que ce style vous correspond mieux ?

Ca c’est à toi de le dire ! Tout ce que je peux répondre, c’est qu’interpréter les titres d’ »Infight » est un vrai bonheur pour Kragens. Nous sommes vraiment heureux de ce que nous avons pu créer. Je pense que ca se verra sur scène. Le départ de Ludwig a sans doute éliminé certaines influences Death. Mais dans le groupe on écoute encore du Mélodeath, voire du Death pur pour ma part. Mais c’est vrai que ca influence moins nos créations. Par contre le Trash j’aime de plus en plus…j’aurai tendance à pousser plus dans cette voie! Mais je ne suis pas seul !

Tu me disais avoir beaucoup donné pour cette album, quel sont les différences par rapport à vos deux premier opus ?

La sérénité pendant la période de composition. Ensuite les buts artistiques étaient communs et partagés, donc on les ressent dans « Infight », cette cohésion, cette homogénéité. « Dying » sentait le partage des compos entre Lud et Cédric, avec leurs influences différentes. Mon chant était plus Heavy. Sur « Seeds », Lud a dominé la compo, même si les titres écrits par Ced ont eu le plus de succès. Mon chant s’est affirmé dans l’agressivité. Maintenant, « Infight » porte la marque de Ced, avec les solos en plus…Concernant le chant, que je définirai de « mûr », j’ai ressenti cette fois une facilité d’interprétation que je n’avais jamais ressentie avant. Je pense que je suis enfin arrivé à faire ce que je veux, même si d’autres voies (ou voix) sont à explorer. Quand je dis « j’ai donné », c’est surtout en studio, ou il a fallu que je sorte vraiment les couilles.

Ton chant c’est encore durci, tu donne vraiment une impression de mort rampante, quand on t’écoute. Jusqu’où compte tu aller dans le morbide ?

Je n’ai pas de limites ! C’est surtout Ced qui crée ces ambiances propices à un chant malsain, voire démoniaque ! Et moi j’en joue, j’adore ca. Le summum c’est sur « Lake Of Fire », l’atmosphère est vraiment étouffante. La découverte du Black Métal a été une révélation pour moi, et le fait que j’écoutais beaucoup Satyricon à l’époque ne doit pas être étranger à tout ca…

D’ailleurs cette fois ci tu as voulu tout faire par toi même, exit les invités, est ce pour un souci d’unité lors du live ?

C’est vrai, le groupe a dit « pas de guest, tu fais tout ! ». C’était un challenge que j’ai relevé, et apparemment je ne me suis pas loupé. Mais ce n’était pas un choix dicté par le Live. Mais je garde un souvenir extra de la collaboration avec Alex d’Agressor, Blacky de Morgue sur « Dying », et en particulier Julien Truchan de Benighted sur « Seeds », que l’on retrouve aussi sur le DVD bonus au concert du Killerfest. J’adore partager la scène.

Après la magnifique « Choose to die » vous remettez le couvert avec « The Falling man » véritable moment fort de l’album. Malgré votre côté bourrin vous avez besoin de vous exprimer de manière plus douce à un moment ?

Et oui, on adore les ballades, et quand Ced nous a joué la première fois les guitares de « The Falling Man » , on a dit banco, on tente le coup. Mais on voulait vraiment une belle chanson, avec du sens, des mélodies, des solos, dans la pure tradition. On s’est donné du temps, mais la chanson n’était pas mûre pour le chant. Je ne l’ai finalisée qu’en studio ! Avec Ced et Denis comme coachs, on a trouvé comment je devais interpréter à la dernière minute « The Falling Man ». Beaucoup de prises ont été des « one take », pour avoir l’authenticité maximum. Les solos de Ced sont magnifiques, nous sommes très fiers de ce titre.

Une nouvelle fois c’est Tue Madsen qui c’est occupé du mixage, un réel gage de qualité ?

Objectivement il n’y a qu’à écouter pour s’en apercevoir… ! Même Jeff Waters était sur les rangs, mais pour nous Madsen c’était encore l’homme de la situation. J’avoue que quand il m’a dit qu’Halford l’avait choisi pour remixer « Crucible », le sentiment de partager quelque chose de proche avec le Metal God a joué. Pour nous, son travail est parfait.

Au niveau succès, dès le départ l’Allemagne à été preneur, est ce que d’autre pays ont succombé à Kragens et où en êtes vous en France ?

Dans l’ordre c’est France, Allemagne, Japon, US, Espagne et Italie. Nous somme juste déçus que certains médias français donnent des vitrines plus importantes à des groupes de qualité inférieure. Surtout en France. Mais bon le public nous suit quand même, quand on voit l’enthousiasme que génère la sortie d’ »Infight » nous sommes très confiants. Il faut maintenant que l’on s’ancre plus à l’export, et au-delà espérer accrocher un label plus important que Locomotive.

Vous allez partir en tournée sur une très belle affiche assez variée avec : Nightmare, Freedom Call et Hydrogyn : Quel est ton sentiment sur cette affiche et la tournée ?

Les groupes sont très bons, il va falloir que nous soyons à la hauteur ! Nightmare va défendre un album qui lui aussi est au dessus de la mêlée, ils sont super confiants et impatients : je pense que les concerts seront intenses ! Le public ne sera pas déçu. Quand à nous, on a l’opportunité d’ouvrir la soirée. On aura que 35 minutes, il faudra convaincre rapidement ! On a vraiment hâte d’y être.

Comme d’habitude je te laisse la parole pour finir cette interview ?

Merci pour tes questions pertinentes, tu devrais donner des leçons à certains que je ne supporte plus…J’invite tous les lecteurs à nous écouter, nous voir jouer, et pour ceux qui apprécient : achetez l’album, ne pas nous télécharger ! On leur offre avec « Infight » un CD+DVD de très haute qualité à très bas prix. Restez aussi informés en nous rejoignant sur Myspace, ou sur notre mailing list (www.kragens.com). A bientôt sur scène en Novembre !
 
Critique : Guillaume
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