Interview

SHAARGHOT (2019) - Etienne, Bruno et Clem

Il était prévu que j’interviewe le chanteur ou le guitariste, et finalement bonne surprise, ce n’est pas un mais trois membres du groupes, Etienne, Bruno et Clem, au Hardrock Café toute la journée pour la promo de leur deuxième album Vol. II – The Advent of Shadows, qui ont répondu à mes questions, avec humour et franc-parler.

Bonjour, déjà désolée d’avance si je vous pose les mêmes questions que vous avez eues toute la matinée, et que vous aurez tout l’après-midi !

Clem :
Moi je suis arrivée y a pas longtemps donc ça va.
Bruno : C’est pas grave !

Déjà au niveau de vos influences, vous avez dit et répété que le projet Shaârghot était un mélange de post-apocalyptique, de dystopie, de cyberpunk, de comics, vous citez Mad Max, et je me demandais s’il y avait aussi une part d’inspiration d’Orange Mécanique ?

Bruno : Ah en fait avec le chapeau melon et la batte de baseball les gens font parfois le lien avec Orange Mécanique, pour le refus de l’ordre aussi, l’obéissance aux pulsions, mais en fait non, pas du tout, c’est juste une apparence commune. Mais cela étant on prend avec plaisir la comparaison, y a pire que Kubrick !

Comment vous organisez-vous pour composer, travailler, qui fait quoi dans le groupe ?

Clem : C’est Etienne le cerveau, le Shaârghot qui imagine l’univers déjà. Les morceaux sont en rapport avec une histoire, et il a en tête des mélodies, des machins, et il vient chez moi, et il me dit « Ouah Clem je veux un truc qui fait prrrouh prrrouh et là ça grésille, là ça machin », et moi il faut que je transcrive mentalement comment il voit la musique, c’est un exercice pas très évident, mais maintenant on arrive à se comprendre, même si c’est un exercice mentalement difficile, qui m’a valu deux dépressions, non je déconne… * rires * C’est du boulot ouais. Et puis donc voilà on compose tous les deux, et puis après on envoie ça à Bruno, qui lui n’a pas envie de se faire chier à comprendre ce qu’il y a dans la tête d’Etienne.
Bruno : Oui voilà, ils bossent tous les deux, puis ils me demandent ce que j’en pense, et on continue un peu à travailler dans ce sens-là, et je dirais que chacun… - Bruno s’interrompt en voyant arriver Etienne : Ah bah ça ne m’étonne pas que tu t’assoies tiens !
Etienne : Je vous rejoins, je suis en avance.
Bruno : Et en fait donc tu ne parleras pas, parce que tu vas monopoliser notre parole !
Clem : Sinon je me plains à mon syndicat post-apocalyptique.
Etienne : Je vous surveille…
Bruno : Ouais donc en fait ça peut arriver que j’aie un petit message « Qu’est-ce que t’en penses de… », je regarde, puis 30 secondes après, « Alors qu’est-ce que t’en penses de… », mais c’est pas parce que j’ai vu que tu m’as envoyé un beau message sur Messenger que tout de suite j’ai écouté pour te dire ce que j’en pense !

Donc ça veut dire que vous avez une vie en dehors de Shaârghot, d’autres choses à faire !?

Etienne : Non ! Comment ça ?
Bruno : Carrément !
Etienne : Hé, comment ça vous avez une autre vie ?
Bruno : Pour compléter un peu ce que disait Clem au niveau du travail, en fait Shaârghot c’est l’association de plusieurs personnes, en termes de travail, mais qui ont chacune quelque chose à apporter, donc Clem avec son studio, et ses talents de musicienne, ça arrive, et de décrypteuse…
Clem : De psychologue ! * rires *
Bruno : Ils arrivent à travailler ensemble. Ensuite moi j’interviens un tout petit peu après, par contre moi ce qui me fait vibrer c’est le côté visuel. Et ça avec Etienne on travaille beaucoup là-dessus, on a vraiment les mêmes idées, on se complète vraiment, quand l’un dit un truc, l’autre dit « Tiens j’y pensais aussi », finalement là-dessus on est rarement en dehors du coup, on est sur la même longueur d’ondes.
Etienne : Je suis pas supposé parler mais de ce côté-là je dirais presque que notre cerveau c’est Dropbox.
Bruno : Voilà c’est ça qui est important avec Shaârghot, c’est que chaque personne est mise à la bonne place. Et c’est dans l’intérêt de tout le monde. Chacun apporte ce qu’il a de mieux à l’instant T. C’est assez démocratique, c’est assez ouvert, et c’est ce qui fait un peu la spontanéité et la fraîcheur aussi.
Etienne : Ce qu’il faut, c’est que ça reste cohérent en fait, dans l’univers, c’est tout. - Bruno et Clem éclatent de rire. - Ah ça y est, je dis trois mots et voilà…
Bruno : Trois mots de trop !
Etienne : Oh ça vaaa…
Clem : Ouais voilà même s’il y a la tête pensante, tout ça, nous on est libres aussi, y a pas une hiérarchie militaire, où toi tu dois rien dire…
Etienne : C’est pas « libre », c’est bienvenu, au contraire.
Clem : Carrément ! Après si y en a un qui a une idée de merde, bah on va pas la prendre tu vois, même Etienne ça lui arrive d’avoir des idées de merde et on lui dit.
Etienne : Soyons clairs ! J’ai une idée très précise de ce que je veux, mais une fois que je l’ai établie comme telle, on en rediscute, je leur dis « Si vous avez mieux à proposer », et des fois je dis effectivement « Ah ça c’est carrément mieux, on garde », et des fois c’est « Nan là je pense pas que ça le fait ».
Bruno : En fait son truc c’est, « C’est pas nécessaire », ça veut dire que, voilà c’est tout, si c’est pas nécessaire on fait pas. Puis des fois c’est « Ah tiens ça c’est pas con », et on commence à creuser le truc. Et ça c’est vraiment le travail de conception, le travail de réalisation, le travail de création qui rentrent en ligne de compte.
Etienne : Nous on est pas là pour se mousser l’ego, on est là pour faire des titres sympa, et qui nous amusent.
Bruno : Plus ça nous amuse, plus ça nous donne envie, plus ça se voit sur scène.
Etienne : Si j’ai une idée de riff de guitare et qu’il me sort un truc qu’est encore mieux je dis « Bah ouais c’est carrément mieux, prenons ça ».
Clem : Si tu fonctionnes en ego perso t’es bloqué.
Bruno : On n’est pas comme ça en fait, et je pense que si quelqu’un devient un peu trop mégalo, je pense que les autres vont lui tomber dessus en lui disant « Hé mec tu te calmes, sinon ça va pas le faire », et la personne redescendra automatiquement d’un cran. On est d’accord sur les principes de base, sur les façons de travailler, mais des fois dans un groupe ça peut évoluer. Mais il suffit de le détecter tout de suite…
Clem : Un groupe c’est un groupe hein, à plusieurs…
Etienne, à Clem : Par contre je te demanderai jamais ta main. Sauf si j’ai faim…

Le deuxième album est beaucoup plus sombre et malsain que le premier, dans les thèmes comme dans les tonalités, à quoi c’est dû, à l’évolution de l’histoire ? Est-ce que ça va continuer dans cette voie ?

Clem :
Bah en fait c’est parce qu’on s’accorde mal, c’est tout… * éclate de rire *
Bruno : Ah ça y est, ça y est, on est en train de la perdre.
Etienne : Là je peux peut-être en placer une. Là en fait c’est simplement parce que je suis la psychologie du personnage, là il est dans tel état d’esprit à ce moment-là. Le premier album c’était en soi la découverte de cette cité-ruche dans laquelle vivait la créature, et le Great Eyes, qui est l’organisme gouvernemental qui a créé cette chose par erreur, s’est rendu compte que le truc là, il est encore en cavale, et que laisser des erreurs derrière nous ça fait quand même pas très propre, donc si on pouvait fusiller tout ça et faire disparaître les preuves, ce serait bien… On l’a vu dans « Break your body », ils ont envoyé un commando pour essayer de flinguer tout ça, sauf que pas de chance, les Shadows c’est quelque chose qui ne se tue pas aussi facilement que ça, ça a tendance à se relever, à se regénérer, et la seule chose que le Great Eyes a réussi à faire du coup, c’est à les énerver. Donc maintenant les Shadows ont décidé de sortir des sous-sols de la ville et des ruines pour commencer à aller dans la cité, et à rejoindre le climat politique déjà bien pesant de la cité, où il y a un début de révolte, et où les Shadows risquent de faire pencher la balance du côté de l’opposition. Voilà, donc c’est sur un contexte de guerre civile que l’album s’ouvre. Et de « On n’est pas contents ». * rires *

Est-ce que c’est en partie inspiré de l’actualité, ou c’était déjà écrit avant ?

Etienne :
Non pas du tout !
Clem : C’est triste !

Donc vous êtes pile dans la dystopie.

Bruno :
Mais oui, c’est ça ! Depuis ce matin ça n’arrête pas, il y a un an on n’avait pas du tout ça, comme remarques, tu as un côté Nostradamus Etienne…
Etienne : J’espère que je ne suis pas trop Nostradamus… L’histoire est écrite depuis un bail, elle est même écrite jusqu’au cinquième album…
Peut-être que toi tu écris le futur ?
Etienne : J’espère VRAIMENT que je me plante. * rires *
Bruno : Si tu pouvais arrêter !!! On va te donner d’autres idées, un truc plus positif. « Ce n’est pas nécessaire ».
Etienne : Donc on oublie la partie tremblement de terre, typhon…
Donc ce serait envisageable un tout petit peu d’autocensure pour le bien de l’humanité ?
Etienne : Boarf. Avec le prochain clip qui arrive c’est mal parti.

Vous allez jouez au Hellfest le 22 juin, donc là à peine plus d’un mois avant, vous êtes dans quel état d’esprit ?

Bruno :
Oh, normal. Pour nous on n’arrive pas au Hellfest comme ça, on a beaucoup travaillé, on a déjà fait des scènes importantes, on a déjà remis notre capacité artistique plusieurs fois sur le devant, on a pris des risques, là ça fait 4 ans qu’on fait des concerts, on va faire notre job, comme tout musicien, comme tout autre groupe du Hellfest. On est là parce qu’on fait partie d’une scène émergente.
Etienne : Puis de toute façon y aurait 100 personnes dans la salle ou 4000 que ça changerait rien, on ferait le show de la même façon.
Clem : Du moment qu’y a les copains bourrés devant !
Bruno : Je pense qu’on va se rendre compte après de ce qu’on a fait, et qu’on va dire « Ah ouais quand même », et que même une heure après on va être là « Putain c’est passé vite » tu vois. L’onde de choc va être après je pense. Pour l’instant on n’a pas plus de pression que ça, sachant qu’on a déjà fait un gros festival en Allemagne, pareil, on a ouvert, on a été filmés en plus, en direct sur une chaîne allemande, un équivalent d’Arte, un truc comme ça…

Donc vous avez déjà joué à l’étranger, vous avez des fans dans d’autres pays ?

Bruno :
Ouais bah pas mal en Allemagne, sinon on a joué en Suisse, aux Pays Bas, en Belgique… Et en France avec le premier album on a fait 50 concerts ! Donc pour un groupe qui commence, qui part de rien, qui au bout de 3 ans a fait 50 concerts, ça va, ça va.
Etienne : Et c’est pas des bars ! * rires *
Bruno : On n’a pas joué dans des pubs, à chaque fois on a joué dans des salles qui sont quand même réputées hein, l’apothéose c’est vrai c’est d’avoir joué en première partie de Ministry à l’Elysée-Montmartre, pour finir notre série de concerts avec cet album, donc c’est quand même joli ! On a commencé au Glazart pour finir à l’Elysée-Montmartre.
Etienne : Au Glazart c’était en première partie de Little Big. Sacrée énergie… On en a fait 3 avec eux, mais c’était mémorable cette première date…

J’imagine que dans les bars ce n’est pas possible pour vous, avec le matos, le décor, les accessoires ?

Bruno :
Non, parce qu’il y a quand même une scénographie, une mise en scène, qu’on peut pas faire dans les bars. Ne serait-ce que dire au bar « Bon maintenant vous mettez la salle dans le noir » c’est pas possible, y a plein de choses qui sont pas possibles, puis en termes de surface de scène.
Clem : Un qui joue debout sur le bar c’est déjà arrivé, au Blog à Lyon on n’avait pas trop de place, ça a fini les percus sur le bar carrément, c’est vraiment la limite de ce qu’on pouvait faire niveau espace.
Etienne : Mais ça c’était fun ! Voilà, c’est la limite.

D’ailleurs quand vous jouez en festival est-ce qu’il y a des adaptations du décor, des accessoires, ou est-ce que tout est transposable ?

Etienne :
Tout dépend du budget en fait généralement, en fonction de l’endroit où on joue, de ce qu’on peut amener, y a plusieurs formules en fait. Tout est faisable.
Bruno : On a commencé en février dernier avec la présentation du nouvel album à avoir une nouvelle scénographie, un nouveau décor, on va essayer de l’emmener au maximum là où on va jouer, on part avec une partie pour Toulouse ce week-end là, par contre y a des endroits où on peut pas parce qu’on va être 3 ou 4 groupes, on va être au milieu, c’est difficile de mettre une déco juste avant de jouer, il faut avoir du personnel, le personnel de la salle va peut-être pas pouvoir le faire… Y a plein d’éléments qui font qu’on peut pas le faire. Déjà ce qu’on peut dire c’est qu’on a certainement une date sur Paris, en octobre, autour du 11, et là on va remettre la scénographie qu’on avait proposée pour la sortie de l’album en février.

Le 11 octobre donc. Ce sera dans quelle salle ?

Bruno :
Normalement au Petit Bain, qui nous correspond bien.
Etienne : Une bonne contenance au niveau du public, au dernier concert tous les morceaux il pleuvait des gens, ça slammait…
Bruno : Bon son, et bons lights.
Etienne : Très bon accueil aussi.

Au Hellfest comme vous jouez à 11h, ça veut dire que vous allez devoir vous lever super tôt pour vous préparer, vous maquiller, vers 7h ?

Bruno :
C’est ça !
Clem : T’as tout compris ! * rires *
Bruno : Quand on avait joué en Allemagne c’est ce qui s’était produit, on nous demandait d’être à 8h du matin derrière la scène, tu joues à 11h, c’est assez spécial…
Clem : L’avantage c’est que t’as toute ton énergie au réveil et après t’es tranquille.
Bruno : Ha ha alors ça !
Etienne : C’est ça, rassure-toi ouais… * rires *

En parlant de préparation, vos costumes et maquillages font vraiment partie de vos personnages. Ce serait envisageable de jouer sans, en imaginant un scénario catastrophe, un problème logistique, un vol de matériel, qui ferait que vous n’ayez pas vos tenues et accessoires, vous pourriez improviser quelque chose à la dernière minute, ou ce serait impossible de monter sur scène ?

Etienne : En trouvant un bol de mazout dans le coin oui peut-être, ça peut s’arranger…
Clem : Du charbon, un barbecue…
Bruno : Je pense qu’on aurait pas le choix. Faudrait trouver quelque chose.
Etienne : On ne peut pas monter sur scène pas peints en fait, c’est pas possible.
Bruno : Après c’est pas grave, y a toujours de la terre et de l’eau… Faut trouver un truc quoi. Tu viens de te battre donc t’es plus vraiment noir, ça faudrait oublier le maquillage, et pour oublier le maquillage il faut faire fort quand même. Mais sinon un jean, une chemise, tu te roules dans la boue, et tu rentres.
Etienne : Ce serait dur quand même…
Bruno : Ouais mais c’est ça ou… rien.
Clem : Y avait un concert de Behemoth où il avait oublié tout le matos à la frontière polonaise, les mecs ils sont arrivés ils avaient pas les décors, pas les costumes, pas les guitares, et ils se sont démerdés et ça l’a fait.
Bruno : Un public est vachement plus réceptif en ayant « Désolé, on a eu un problème mais on est là quand même », carrément l’annoncer.
Clem : Il faut l’accepter, surtout pour un truc un peu punk, tu prends des ciseaux, tu découpes ton jean…
Bruno : Mais ça nous ferait mal au cœur parce qu’on est perfectionnistes…
Etienne : Saboter le travail comme ça, présenter un show mal foutu, puis surtout c’est difficile de rentrer dans la peau des personnages si on est pas grimés comme eux. C’est surtout de l’acting quoi.
Bruno : Mais cela étant, très bonne question ! Parce que je me dis que quelque part, on n’est pas à l’abri d’un problème technique…

Dans la mesure où Shaârghot est vraiment une création complète, à tous les niveaux, musical, visuel, thématique, je me demandais ce qui venait en premier, la musique ou le visuel, et quelle partie inspirait l’autre ?

Bruno : C’est en synergie, il n’y a pas un aspect qui prime, en fait il faut que les persos s’incluent bien dans l’univers, donc il faut que ça soit raccord avec Shaârghot sur scène, il ne faut pas faire de faute de goût. Si tu commences à faire une chorégraphie qui ne va pas avec certains titres ça va se voir tout de suite…
Etienne : Ou si quelqu’un propose un pantalon à paillettes par exemple c’est mort.
Clem : Je savais que t’allais la sortir celle-là ! Voilà je voulais des boas roses et ça m’a toujours été refusé.

Dans les concerts vous encouragez les gens à se lâcher, à dépasser leurs limites…

Clem :
Oh bah ils sont assez cons pour le faire tout seuls !
Il y a quand même une incitation à se libérer, c’est une forme de défouloir, d’exutoire, du coup est-ce qu’on peut voir ça comme une thérapie de groupe ?
Clem : Ah si carrément ! On se défoule autant nous que eux, c’est le but.
Etienne : C’est un défouloir puis on voit de plus en plus de gens qui viennent à nos concerts maquillés eux-mêmes en noir.
Bruno : Le but c’est que les gens oublient leurs soucis du quotidien pendant 1h30 quoi, comme quand tu vas au cinéma voir un film divertissant et que t’oublies un peu ce qui t’arrive dans ta vie et pendant 1h30 c’est une soupape effectivement, donc les gens t’as pas besoin de les forcer. Parfois ça nous a même surpris, l’intensité des gens, quand on avait joué au Gibus par exemple. Tu prends une baffe d’énergie, c’était fou ce soir. On s’était fait la réflexion en jouant, on s’était dit « Dis donc ça envoie là ».
Etienne : On avait l’impression de voir une ruche pleine d’abeilles en face de nous, y avait pas un endroit dans la salle où ça ne bougeait pas, c’était en activité constante.
Clem : En arrivant sur scène en général je me dis « Faut que je donne ce qu’ils ont envie de recevoir » et là où ça m’a un peu étonnée au début, c’est qu’en fait je pensais que c’était que moi qui allais donner, l’objectif c’est que le public se dise en rentrant chez lui « Putain ce concert m’a donné une énergie pour le mois, pour me lever le matin », et il s’avère qu’il nous en donne aussi. Ça se fait vachement naturellement, une vraie synergie, c’est ce qui donne toujours envie d’avancer.
Etienne : Y a un bel échange avec le public du coup.
Clem : On avait tous ça quand on était ados, sortir d’un concert et se dire « Wouaaah, si j’ai un groupe faut que les gens ressentent ce que je ressentais quand j’allais voir ce genre de concerts », alors quand on a commencé à avoir ce genre de retours je me suis dit c’est super !
Etienne : On a envie de donner et je pense que les gens le ressentent. De toute façon ils nous le rendent bien aussi.

J’ai super hâte de voir ce que ça donne, ça fait plusieurs fois que je vous loupe, je ne suis jamais à Paris quand vous passez !

Etienne : Octobre… Octobre…

Etienne dans le livret de l’album tu remercies tes voisins pour leur patience. Ça va ça se passe bien avec eux ?

Etienne :
Je pense qu’ils doivent être sourds depuis. Ou qu’ils ont appris à apprécier, qu’ils le veuillent ou non.

Tu leur as offert le CD ?

Etienne :
Naaan. Ils l’écoutent quand ils veulent, et quand je l’écoute. Mes voisins écoutent de la bonne musique qu’ils le veuillent ou non, voilà ! Des titres comme « Break your body » par exemple ont été enregistrés, au niveau de la voix, dans un placard à vêtements, parce que si je chantais dans une pièce même on m’entendrait jusqu’au 6ème étage… Atténuer ça pour un ou deux étages c’est déjà pas mal, peut-être que ça peut empêcher aussi une descente des flics.
Bruno : « Tiens mais comment t’arrives à faire de la rythmique en même temps que tu chantes, c’est bizarre ? » « C’est la voisine en train de taper ! » * rires *
Etienne : Ça peut rajouter un petit effet. Ça nous est déjà arrivé de garder des choses qui étaient inattendues pendant des morceaux sur l’album, par exemple sur « KMB » on a gardé le souffle du batteur qui se reprend, et en fait ça va en même temps qu’un coup de caisse claire, du coup on a trouvé ça chouette, on s’est dit « Tiens ça devait pas être là, mais c’est bien, on garde ». Les bugs des fois c’est bienvenu. « Now die » aussi c’était un bug.
Clem : Ouais, dans la programmation. On savait ce qu’on voulait faire, le machin il n’a pas du tout fait ce qu’on croyait que ça allait donner, mais c’était mieux.
Etienne : Il a merdé, il a fait un truc complètement différent, on s’est dit, « Mais c’est pas ça du tout », on s’est regardés on a dit « Mais c’est même carrément mieux ! », y a une part d’erreur des fois et il faut savoir accepter l’erreur.
Clem : Constater que le synthé est meilleur que nous ! * rires * Il faut l’accepter !
Etienne : Il faut savoir accepter l’aléatoire et ne pas toujours vouloir tout maîtriser, des fois il y a des bonnes surprises qui peuvent se dégager. C’est aussi valable pour le live, le public peut parfois intervenir de façon assez amusante et contribuer au bienfait du live… ou non. * rires * Mais pourquoi pas, ça peut être drôle ?

Est-ce que vous voudriez ajouter quelque chose que vous n’avez pas déjà dit 20 fois dans la journée ?

Bruno : On tient à remercier notre public, forcément. Tout à l’heure on faisait un petit debrief de ces 4 ans avec Etienne, et on se disait que bien qu’on soit produits on reste indépendants, et que grâce à ça on pouvait faire un peu ce qu’on voulait, et aujourd’hui comme y a pas de structures qui ont l’habitude d’avoir des groupes comme Shaârghot, on est un peu seuls, mais finalement ça nous dessert pas du tout, puisqu’on a une fanbase qui est derrière et qui est en demande, et chaque fois qu’on a demandé une contribution, notamment pour les clips, ça a répondu présent et c’est ce qui fait qu’aujourd’hui on le rend bien aussi à nos fans, c’est que plus ça va et plus les productions des clips sont assez soutenues et abouties. Donc on remercie nos fans, notre public, voilà ! Et on leur promet encore de belles surprises.
Etienne : D’ici la fin du mois d’ailleurs elles arrivent…

Un joli mot de la fin, avant de découvrir très bientôt le nouveau clip de Shaârghot, qui sera dévoilé le 25 mai.
 
Critique : Elise Diederich
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