Interview

SCARLEAN (2020) - Fabien Giodani (Batterie)

Au confluent du metal alternatif et du metal moderne, les Avignonnais de Scarlean ont sorti avec « Soulmates » un deuxième album remarquable. Un disque qui impressionne avec une production d'une qualité rare. Rencontre avec Fabien Giordani, batteur et producteur de ce groupe qui promet beaucoup.

« Il s'est passé quatre ans depuis la sortie de votre premier album « Ghost ». Est-ce la mise en place du crowfunding pour ce second disque qui a fait qu'il a été long à sortir ? »


« Non, ce n'est pas la raison. La promo pour « Ghost » a duré plusieurs années. On voulait absolument sortir le nouvel album en vynile parce que c'est un bel objet. On a fait une campagne ulule pour cela et on a atteint les objectifs. On voulait prendre notre temps pour sortir un disque dont l'on puisse être fiers. Nous sommes très contents de l'album tant au niveau des compos que de la production. »

« Comment avez-vous pensé « Soulmates » par rapport à « Ghost » ?

« C'est difficile pour moi de répondre car je n'ai intégré le groupe que depuis un an. « Ghost » avait été composé par Alex et Geoffrey. Avec « Soulmates » il y a eu l'intégration de plusieurs nouveaux membres dans le groupe. Alex et Geoffrey ont écrit la plupart des compos du nouvel album mais les autres sont intervenus au niveau des arrangements. Cela a été un travail d'équipe. Il y a eu plusieurs changements par rapport au premier album. Par exemple dans « Ghost », la batterie était programmée. Là c'est une vraie batterie. »

« On sent vos influences : Pain of Salvation, Korn, Leprous. Ce sont les groupes que vous écoutez ? »

« Personellement, non mais Alex et Geoffrey écoutent beaucoup Korn. On apprécie le côté énergique de ce groupe. Geoffrey aime beaucoup Pain of Salvation mais nous essayons de ne pas suivre musicalement tel ou tel groupe dans ce que nous faisons. Par ailleurs, il n'y a pas que le metal qui nous influence. Nous sommes quadras, avons grandi avec la new wave. Nous aimons Depeche Mode, Tears For Fears. Je trouve que la new-wave se marie bien avec le metal au iveau des sons et de l'ambiance. Un morceau comme « Our World will surely stop » posséde un côté new-wave évident. »

« Vous mélangez plein de styles musicaux, avez un côté rock affirmé. »

« C'est clair. Nous apprécions plein de choses différentes. Je viens du metal extrême mais écoute beaucoup de choses, de la pop à Faith No More. »

« Le chant est toujours clair sur l'album. »

« Alex a pratiqué le growl. On a eu un groupe ensemble dans lequel le chant était braillé mais nous n'aimons plus les cris. »

« Pourquoi avoir choisi de reprendre « Wonderful Life » de Black ? »

« On avait pensé à une autre reprise à la base mais on a trouvé que ce morceau collait bien à l'atmosphère générale du disque. On aimait bien avoir ce côté ironique en rapport à la vie est belle. »

« Comment avez-vous eu une star comme Anneke Van Giersbergen au chant sur le morceau ? »

« On voulait un featuring avec une chanteuse pour ce titre. Nous aimons beaucoup les vocaux féminins dans le metal. On a contacté son management. On lui a envoyé une maquette et elle a dit Ok. Elle a fait les vocaux de son studio. Elle a ensuite validé le morceau une fois qu'il eut été terminé. Cela a été une expérience intéressante des deux côtés. »

« Le disque est assez impressionnant niveau production. Le son est ample, massif. »

« Merci pour le compliment. Je me suis occupé de tout au niveau production. Il y a eu un gros travail de préparation. Je suis batteur de formation mais pour ce disque je me suis occupé de la prod et ai pris Eric Lebailly qui est un ami pour les parties batterie. C'est un excellent batteur. Il a travaillé avec Adagio ou Bertignac. Il a un gros CV. »

« Comme dans le premier album il y a ce personnage fantôme sur la pochette. Que représente-t-il ? »

« Le conscient et l'inconscient. Nous parlons des démons que nous avons en chacun de nous. C'est un sujet qui nous préoccupe tous. Alex écrit des textes poétiques autour de cela. »

« Our World will surely stop » est prémonitoire par rapport à ce qui se passe actuellement dans le monde. »

« C'est un sujet très actuel, c'est vrai. Mais il ne parle pas du Covid 19 même si cela peut s'y prêter. L'être humain est trop individualiste. Il doit y avoir une prise de conscience sinon nous irons dans le mur. Au niveau écologique ou géo-politique. »

« Que représente la pochette du disque ? »

« Il y a plusieurs interprétations possibles. Le fantôme représente le fantôme que l'on a en chacun de nous. C'est une pochette qui doit faire réfléchir. En tout cas, elle incite à se remettre en question. On peut la voir comme une pochette proche de l'univers du cinéma fantastique mais ce n'est qu'une interprétation possible. »

« Tu as ton propre studio ? »

« Oui un home studio qui est en train de devenir un véritable studio d'enregistrement. Je travaille le son depuis des années. Pour « Soulmates », je voulais un son qui ne soit pas trop mat. J'avais envie d' un son massif avec des espaces pour les effets, la reverb. Il y a de la place pour la stéréophonie dans ce disque. C'est un bon album à écouter au casque. Parfois je n'aime pas trop le côté un peu trop froid et clinique dans les prods metal. Je voulais un son plus chaud.»

« L'album sonne clairement metal mais on y trouve ce côté pop ou rock classique avec notamment le fameux couplet/refrain. »

« C'est quelque chose auquel nous tenons. On se retrouve là-dedans. En même temps, on fait les choses comme on les sent. On ne se pose pas trop de questions. On fait de la musique pour nous. Après si elle plait aux gens, tant mieux. »

« Il y a un morceau sur le disque comme « A lie to remember » qui est très pop. »

« On a hésité à la mettre en se demandant comment réagiraient les gens à ce morceau. Mais on tenait à ce qu'elle soit sur l'album alors on l'a mise sans se préoccuper des réactions que pourraient susciter ce titre. »

« Y-a-t-il une scène metal à Avignon ? »

« Pas trop, non mais vu que l'on bosse au niveau national et européen, ce n'est pas très grave. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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