Chronique

SYRACH - A DARK BURIAL / Napalm records 2009

Mesdames et messieurs, bien le bonjour . Tiens, ça faisait un certain temps qu’on avait pas causé de groupes venant du plus gros vivier de fous furieux au monde. Back in Norway. Oui, très chers et chères, le combo norvégien dont nous allons causer s’appelle SYRACH et ils s’adonnent à un doom métal haut en couleur et joyeux au possible. Bref, ca devrait être lourd de chez lourd. Nos autochtones ont vu éclore leur projet en 1993 à Bergen (ça doit causer à tout le monde, ça). Et, bizarrement, depuis ils n’ont enregistré qu’un seul album. Leur activité fut surtout dans les démos et sur les routes. Trèves de civisme, taillons direct dans la couenne. ZOU.

A voir la longueur des morceaux, on est sur du pur doom et on risque de taper dans la old school. Du low low low tempo et des ambiances de cimetière entre chien et loup. Promesse à tenir !

CURSE THE SOULS. Un gros riff bien lourd (un morceau de plus de 9 minutes nous attend). On est sur du mid tempo mais voilà, c’est du doom à l’ancienne, comme on adore en écouter. Pas de fioriture, pas de concession, un chant plus caverneux que ça, tu meurs. On est appuyé par une constante de double qui nous gonfle le morceau en lourdeur. Au milieu, des passages de guitares excellemment interprétés. Des mélodies, des ambiances lors de passages instrumentaux réellement intéressants. Des arpèges en disto qui nous rappellent que les types ont attaqué milieu 90’s. Leur son et les compos sont gorgés de cette grande époque de création artistique. Morceau excellent, interprétation excellente, idées excellentes, presque 10 minutes de passées sans même les avoir senti. C’est que le travail est bien fait.

THE RIVER’S RAGE. Voilà le fameux low tempo tant attendu. Bon, on est pas au cimetière, on subit la colère de la rivière mais le résultat est identique. Ca sent le cadavre déterré à plein nez. Un ternaire super lourd, super lent, un gros brout à la gratte, la voix sortie tout droit de sa tombe. Le ternaire part en binaire, puis on est gratifié d’un riff de grattes tournant 7/8 posée sur une batterie 4/4. Ca nous rappellerait presque nos fondus extrêmes de MESHUGAH (c’est marrant, eux, ils sont pas norvégiens, ils sont suédois, comme quoi, les aurores boréales, ça doit copieusement leur taper au casque aux scandinaves !). Une compo encore bien huilée que l’on ne sent même pas passer. Donc c’est que le travail est toujours bien fait.

Titre éponyme de l’album. A DARK BURIAL. Alors la, on peut pas dire que c’est lent, ça serait les insulter, on est à 12 à la ronde. C’est plus fond du slip, là. Pour les puristes, à la CATHEDRAL de l’époque FOREST OF EQUILIBRIUM. Toutes les parties sont jouées avec pour maître mot, l’efficience. On met rien de trop, on tire à l’essentiel. Le frappeur nous gratifie de coups de tomes bien gras là ou il faut et comme il le faut. Les passages instrumentaux sont toujours aussi judicieux et pertinents, on se régale. Encore près de 8 minutes qui sont passées comme un doigt à la poste (ou une lettre au cul, à vous de choisir).

A MOURNER’S KISS. On part pour une épopée proche des 12 minutes. Vont-ils réitérer les exploits précédemment réalisés ? On part sur du riff bien heavy, bien épique. La, autant vous le dire de suite, on navigue en pleine croisade. A mort les hérétiques ! Ce chant caverneux est toujours vraiment d’une puissance sans faille. Le RIPPER (comme il se fait appeler) envoie les watts. Il est comme un poisson dans l’eau avec ce doom plein de profondeur. Et riche aussi, on jongle toujours entre binaire et ternaire avec des passages instrumentaux vraiment beaux au fond desquels on trouve des arpèges bien lointains pour rajouter au côté malsain de ces ambiances. Du grand travail. Après un passage instru à 8 à la note carrée et un walking bass lui aussi sorti de sa tombe, on enchaîne sur des joutes guitaristiques qui démontrent une fois de plus le niveau des zouaves. Ca joue TRES bien.

IN DARKNESS I SIGH. Du heavy métal avec des points au clic ! Mais toujours lourd au possible, des accords dissonants qui viennent appuyer ce chant malsain, nos comparses rythmiques, derrière, qui poussent (calez vous sur la basse, vous verrez, c’est lourd et c’est eux qui font tout). Petit morceau d’à peine plus de 6 minutes. Ils sont pleins de finesses, ces ours la. On tourne en 4/4, puis subtilement 6/4 pour déboucher ternaire et on a rien vu. Je passe sur le doigt à la poste mais, sincèrement, c’est très bien trouvé et très bien joué. Ils sont forts ! La, on a du lâchage de doigts sur la six cordes. Voilà. Tout est dit, c’est monstrueux. Ca joue très fort et, le plus beau, c’est que c’est placé dans un morceau hyper lent appuyé par une constante très lourde à la double et ils envoient un solo de haute voltige plein de couleurs et de nuances diverses. La classe.

OUROBOROS. Le plus court de l’album. Instrumentale ! Puissante à souhaits ! Magnifique. Toute la place est libérée pour l’expression la plus totale des guitares et on en prend plein les esgourdes. Ca joue sur tous les tableaux. Mélodique, du shred à fond les ballons, de la wah et c’est totalement dans l’esprit du groupe. Ils clôturent l’album en beauté. Le chant a traîné sa lourdeur et sa puissance sur tout l’album avec majesté. Il a l’humilité de se retirer pour laisser sa fine lame exploser sur le dernier chapitre de notre épopée. MYTHIQUE.

Conclusion. Un album de pur doom comme je savais plus que ça se faisait. Pour situer rapidement, prenez du BOLT THROWER lors de leur 4th CRUSADE, rajoutez du CATHEDRAL de l’époque où ils déterraient encore quelques cadavres (pas l’époque commerciale, soyons puristes), rajoutez des passages mélodiques personnels plein de majesté et de technique, rajoutez un chant personnel, rageur, caverneux. Un son de gratte puissants mais moins « sursaturé », plus rock’n’roll à la limite. Ca donne un produit unique que j’ai personnellement adoré.
AMATEURS DE LOURD, ALLEZ Y GAIEMENT ! ! !


 
Critique : Burno
Note : 8.5/10
Site du groupe : My Space officiel
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