Chronique

THE 11TH HOUR - BURDEN OF GRIEF / Napalm Records 2009

Mesdames et messieurs, bien le bonjour. Aujourd’hui, on va parler d’un combo peu banal.THE 11TH HOUR. Un combo de provenance néerlando-suédoise (ou suédo-néerlandaise, vous le sentez comment, vous ?). Niveau stats, 50% suédois, 50% néerlandais. Pour faire plus précis et pour pas vous embrouiller, en fait, ils sont deux ! Donc un suédois et je vous laisse deviner combien de néerlandais. Donc ce groupe (si on peut parler de groupe) est fondamentalement atypique. Pour faire monter la mayonnaise, on a eu quoi comme ingrédient ? Un type nommé Ed Warby. Batteur de son état dans le groupe culte GOREFEST, l’homme est en fait un multi instrumentaliste de haute voltige. Bref, sur l’album ci-chroniqué, il se tape batterie – basse – guitare – claviers – chant. Tout un programme. Mais dans une mayonnaise, il faut plusieurs ingrédients. Là, seulement deux suffisent. Un autre illuminé passionné de Doom vient se greffer. Rogga Johansson et sa voix d’ours. Les deux lascars partagent une passion et un amour sans faille pour le Doom le plus profond, le plus malsain. Nous allons voir de ce pas si la cuisine est leur point fort ou si faudra attendre la prochaine tentative pour voir notre mélange prendre.

Il est également à savoir que l’album est un concept qui nous raconte l’histoire d’un vieil homme qui rentre dans les méandes de son esprit et des noirceurs de sa vie. Ah le doom et sa joie de vivre……… Allons voir de ce pas si notre vieillard a de quoi se tirer une balle ou non.

ONE LAST SMOKE. La dernière cigarette du condamné à mort ? La chanson nous conte une mélodie mortuaire profonde et miséricordieuse. Une voix claire et limite variétoche nous prend en plein vol pour nous surprendre et même pour nous plaire. Mais l’ambivalence des méandre mentaux de notre bon vieux se font très vite sentir. Une voix claire, narrative, qui vient nous embellir une histoire qu’une deuxième voix, venue de profondeurs que même pas on peut deviner tellement ca a l’air profond, vient assombrir le tableau et nous fournit toutes les noirceurs de l’âme corrompue du vieil homme. La musique joue à merveille sur cette corde mélancolico-dramatique. Un doom lent, puissant. Un son cristallin et pourtant dévastateur. Une composition chiadée avec des accents sporadiques qui viennent enrichir cette mélodie glauque et abyssale. L’opposition des deux voix est l’élément prédominant de la musique et leur dialogue apporte la clé de voûte de ce Doom sordide à souhaits.

IN THE SILENT GRAVE nous propose un Doom encore puissant, noir. A la croisée des fondus d’AHAB et leur funéral nautic doom métal et de BOLT THROWER avec leur son dévastateur et leurs mélodies épiques. Toujours des tempos très lents pour nous oppresser un peu plus. J’en parle peu mais la qualité instrumentale est au rendez vous. La qualité de composition également. Mais l’accent, dans ce style de musique est toujours à mettre sur les ambiances et le travail de l’atmosphère. Ici, la mission est accomplie royalement.

ORIGINS OF MOURNING. Un morceau de 11 minutes pesant, lourd, abyssal. A noter (je ne l’ai pas relevé avant même si c’était flagrant). Un clavier vient nous ponctuer ces noires contines de notes parsemées et morbidement placées. C’est toujours très lent, très oppressant. Leur Doom est d’une efficacité sans faille. Des mélodies guitare nous bercent lentement un peu plus vers une mort certaine. Allez pas vous suicider non plus, HEIN ! Ce morceau est une véritable apogée vers un pic atteint aux 2/3 de celui-ci. Une mélodie épique, un tempo qui accélère. On sent bien que l’ancêtre a un gros souci dans sa tête, c’est comme qui dirait la tempête !

WEEP FOR ME. Un tempo encore bien lent mais qui nous part sur un shuffle presque groovy du coup. On alterne le clavier – chant et les gros passages shuffle. Pour finir sur du gros BROUT BROUT bien droit sans fioriture. Décidément, il en a eu, une vie notre vieux pépère ! Vu les alternances d’ambiance, l’a pas du s’emmerder, le fossile. Comme à leur habitude, les mélodies sont chiadées et magnifiques. Toujours un travail d’orfèvre pour les deux artistes.

ATONEMENT. AH ! On prend des points. POGO ! ! Faut pas pousser mémé dans les orties non plus. Les accords de puissance se font graves, les notes de claviers nous plongent en plein film d’horreur. La voix d’ours nous y met la tête un peu plus à chaque seconde. Seule la voix cristalline d’Ed parvient à nous élever un peu plus de cette basse misère qui nous baigne. Un passage instrumentale nous permet enfin de voir le fond du gouffre. Tellement les ambiances sont lourdes et pesantes. Amateur de Doom à écouter à la bougie un soir d’orage et de désespoir ultime, appréciez. Ils jouent ce que vous ressentez dans vos tripes.

LONGING FOR OBLIVION. Ambiance drame psychologique interne et démence. Le clavier nous presse là où ça fait mal. Les longueurs de leur Doom viennent enfoncer le clou et noircisse un peu plus le tableau noir. Pour dire ! Le passage instrumental qui vient est de toute beauté. Il nous laisse même entrevoir le bout du tunnel. Peut être une once de lueur d’espoir naît dans notre œil si terne depuis 5 morceaux. Il semblerait bien que ça soit le cas. Champs Elysées, nous voilà. Tes verts pâturages et la fin de l’agonie nous tendent les bras. La boucle est bouclée, l’histoire est contée. La mission est accomplie.

Pour conclure. La musique est très bien interprétée. Le jeu de voix est magnifiquement bien trouvé et primordial dans leur musique. Les compositions, même si peu remuantes, sont harmoniquement parlant très belles et savent nous faire vibrer au gré des émotions qu’ils ont voulu retranscrire. Mais le point fort de cet ensemble est pour moi le concept et l’intégrité de deux hommes. En effet, ils montent l ‘histoire d’un homme à travers laquelle ils vont dépeindre notre société avec ses méandres pernicieux et tous les mal-êtres de l’homme. Et leur musique ne fait que suivre naturellement toutes ces questions que l’on se pose. Sans aucun calcul. Noirceur teintée de légèreté pour conclure sur un espoir et une lueur douce et calfeutrée. L’histoire est fluide, douce et pourtant si glauque. Une preuve magnifique que la musique est la continuité de l’âme. Suffit de savoir s’en servir. C’EST PAS COMPLIQUE, BORDEL ! ! !
Chapeau bas, messieurs. Autant je prendrai plus de plaisir à écouter d’autres groupes plus pêchus, autant le travail, l’intelligence, la créativité et l’émotivité qui passe au travers de cette musique sont remarquables. Je vous en félicite.







 
Critique : Burno
Note : 7.5/10
Site du groupe : My Space officiel
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