Chronique

DEFACED - DARK PLANETS / Send The Wood Music 2014

Defaced est un groupe de la région marseillaise (Auriol pour être précis) qui officie dans un style instrumental. Réunion de deux groupes, l'un thrash et l'autre rock metal, c'est donc tout logiquement que ces styles prédominent sur cet album. Mais pas que.
En effet, votre serviteur étant peu réceptif aux envolées 100% prog qui tournent souvent à la démonstration égocentrique, c'est curieux que j'ai mis le cd dans mon lecteur. Quelques semaines plus tard, l'album tourne toujours en boucle avec un plaisir non feint, et fait partie de mon top 10 de l'année. Explications.

Quatre musiciens sudistes se sont associés pour créer Defaced. Il s'agit de Julien et Florent aux guitares, Frédéric à la basse et Fanny à la batterie.
Admirablement mixé par Pablo San Martin (Ivalys), le son est vraiment l'un des gros points forts de cet opus. Tous les instruments sont bien mis à l'honneur et l'un n'est pas plus mis en avant que l'autre.
Autre bon point, l'artwork que l'on doit également à un membre d'Ivalys, en la personne de sa chanteuse Jessica Donati. Sa pochette retranscrit parfaitement la musique du groupe, à savoir une sorte de complexité épurée. C'est propre, c'est net, il n'y en a ni trop ni pas assez. Bref, c'est cohérent.
En ce qui concerne la musique, techniquement ça envoie du lourd. Les parties rythmiques et les soli s'imbriquent bien, et sont parfaitement disséminés tout au long des titres que composent Dark Planets.
Les influences du combo ne sont pas cachées, mais sont impeccablement digérées et retranscrites à la sauce Defaced. Du thrash hargneux d'un Pantera aux ambiances planantes d'un Devin Townsend en passant par des riffs burnés et prog d'un Meshuggah, le quatuor domine son sujet et propose au final une prestation et un son très personnels.
L'album n'a ni intro ni outro, et nous présente neuf morceaux bien distincts les uns des autres, mais baignant dans une atmosphère homogène (encore bravo à Pablo pour son taf). Bref, on va droit à l'essentiel.

L'album démarre par le titre "Edge of reality" et le décor est planté d'entrée : arrivée crescendo des instruments, riffs acérés de grattes, lourdes parties rythmiques, son claquant et puissant sur les coups de baguettes de Fanny. Plus de sept minutes qui mettent direct dans l'ambiance et qui rassurent quant à la créativité et l'efficacité d 'écriture du groupe. On ne s'ennuie jamais, et voici un nouveau point fort de cet album.
On enchaîne avec "Gathering storm" et ses riffs heavy et lancinants. De son côté, Fanny martèle ses fûts tel Franky Costanza (Dagoba) et donne un rythme de folie, bien accompagnée par la véloce basse de Frédéric. Intense. S'en suit l'un des morceaux préférés de votre serviteur, à savoir "Obsidia". Démarrant très mélodiquement, un riff de gratte, heavy et thrashy à souhait, vient briser ce mid-tempo à la première minute du titre. Bref ça dépote !

On continue en qualité avec "Dark Planets". Changement d'ambiance avec le morceau éponyme qui mérite qu'on s'y attarde tant il est une pièce maîtresse de l'album. En effet, pour moi, ce titre est très représentatif du futur du combo. Je m'explique : l'ajout du synthé apporte un côté planant et aérien qui colle très bien à son nom. Les soli de Florent et Julien sont parfaits, à la fois techniques et "émouvants", pendant que la basse de Frédéric et la rythmique de Fanny rutilent puissamment. L'ensemble me rappelle le chef d'œuvre des Français de Kalisia intitulé "Cybion". Cet album ne comporte qu'un seul titre d'environ 70 minutes (1h11mn11s) et les atmosphères s'enchaînent qualitativement. À l'inverse des Sudistes, plusieurs passages sont chantés (notamment par Angela Gossow, ex Arch Enemy), ce qui n'enlève rien au fait que Kalisia soit considéré comme un combo de death progressif voire instrumental. Si jamais Defaced envisage un jour d'ajouter des parties chantées sur ses compos, je lui souhaite la même perfection. Et mon petit doigt me dit que les Auriolais sont vraiment sur la bonne voie (ce qui est assez paradoxal pour un groupe sans voix :P).
"Dysnomia" prend le relais. Prog, dark, bluesy, voici un condensé des qualités musicales du combo, histoire de montrer qu'en plus d'être efficace, un morceau peut rester syncopé et ravir les aficionados de techniques. On reste dans le même esprit avec "Otherside". Même esprit, mais qualités toujours présentes avec en plus d'un début rapide, des soli très atmosphériques. Morceau planant et envoûtant.

Le trio final démarre par "Rekall". Plus énergique, il fait la part belle à des lourdes rythmiques couplées de soli très acérés. Ça joue vite, ça joue bien et certains passages (soli) rappelle ceux du génie Chuck Schuldiner (Death), tout en rupture et en saccade. Nouvelle tentative réussie ! On poursuit avec un titre que Dragonforce aurait adoré utiliser pour une de ses chansons, il s'agit de "Meteor blast". Très speed, voilà un morceau qui risque d'exténuer nos quatre musiciens si joué en live ! On termine cet album par "Infinite break". Démarrant comme une ballade de Metallica, la douceur n'est que de courte durée et le tempo s'accélère au fur et à mesure que l'on avance dans cet extrait. La furie passée, un nouveau retour au calme prend place et permet de souffler un peu. Évidemment, cet accalmie ne dure pas longtemps et les soli s’enchaînent avec une rapidité et une mélodie de premier ordre. Superbe enchaînement qui est magnifiquement clôturé par Fanny et Frédéric et leurs instruments respectifs.

Au final, autant le groupe que les contributeurs à son crowfunding sont à remercier et féliciter, car vous l'aurez facilement déduit, Defaced est passé par une plateforme participative (Indiegogo) afin de presser son album.
Il aurait quand même été triste de passer à côté d'un tel brûlot, n'est-il pas ?!...

Conclusion :
Vous l'aurez compris, voici un de mes coups de cœur de l'année. Homogénéité, puissance, mélodies, ambiances, tout fonctionne à merveille.
Bref, Defaced représente parfaitement ce que disait une célèbre pub de pneus (et de calendriers) : "sans maîtrise la puissance n'est rien".
 
Critique : Secret Sfred
Note : 8.5/10
Site du groupe : Site officiel du groupe
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