Chronique

A.C.O.D. - II THE MAELSTROM / Auto-production 2015

Créé il y a bientôt dix ans, le groupe A.C.O.D. fait de plus en plus parler de lui ces cinq dernières années. En effet, avec trois albums, un EP et trois clips pour promouvoir leur dernier opus intitulé II The Maelstrom, on se rend compte que le combo marseillais ne se repose pas sur ses lauriers. Et c'est tant mieux, tant ces derniers ont dû également se rendre compte intrinsèquement de leur talent et de la qualité de leur dernier album.
Quand on veut on peut dit-on ? Et bien, je peux vous assurer que les Marseillais en veulent !!!


Avec un line-up désormais stable, un style de plus en plus affiné (et de moins en moins « blended » ou « bordel » comme le dit Fred) et une fan-base croissante, A.C.O.D. a voulu et réussi à mettre les petits plats dans les grands. S'entourant de l'équipe ayant mis en boîte leur EP Another Path, le groupe a de nouveau, et à juste titre, redonné sa confiance et son bébé à Shawter (Dagoba) et Damien Rainaud (Darth Mader Studio). Le résultat est époustouflant ! Incroyable à quel point chaque morceau sonne bien et chaque instrument de manière distincte, jamais noyé par le son de batterie de Raf, le chant hargneux de Fred ou d'éventuelles orchestrations pompeuses. Mention spéciale à la basse de Jé qui claque comme j'ai rarement entendu ! Ajoutez à cela, deux featurings bien sentis et pas forcément convenus (on y reviendra), des clips à la beauté visuelle indiscutable (n'est-ce pas messieurs?) et une cover signée Marcelo Vasco (Dimmu Borgir, Slayer, Machine Head...) qui reflète très bien la musique du combo, à savoir une puissance crue parsemée des détails mélodiques qui relancent l'intérêt des titres même après d'énièmes écoutes.

Mais qu'en est-il concrètement de ce troisième album ? A vrai dire, j'étais un peu sceptique au moment d'insérer le cd dans mon lecteur. Non pas par rapport au groupe, mais plutôt en raison d'un style qui, s'il manque de mélodies (In Flames, Children Of Bodom, Soilwork...), d'ambiances folks (Ensiferum), de technique (Death) ou n'est pas Dagoba, a de fortes chances de me laisser de marbre. Alors certes, le côté mélodique n'est pas la première facette du groupe qui saute aux oreilles, cependant, vous avez tout intérêt -comme je l'ai fait- à laisser une chance à cet opus, même si certains aspects du death metal vous rebute quelque peu.
A vrai dire, les gars sont malins car ils ont gardé le bon côté de leur blended metal, à savoir qu'on ressent les différentes influences des musiciens, allant du thrash au black en passant par le heavy et le death ; et en ont délaissé le mauvais, c'est à dire aller dans tous les sens. Ils ont donc transformé un inconvénient en avantage, et en ça, le boulot de Shawter est certainement à louer, un peu comme un mentor, il a réussi à tirer le meilleur de chacun, Fred en tête. CQFD pour un chanteur me direz-vous...

On démarre avec le titre éponyme de leur précédent EP, à savoir « Another path ». Surboosté, ce titre nous plonge immédiatement dans le vif du sujet. D'une durée assez courte (moins de trois minutes), ce titre ferait même presque office d'intro gavée aux amphétamines ! L'ombre Dagoba plane encore un peu sur ce premier titre, mais fort heureusement, l'influence ne reste qu'une influence et A.C.O.D. propose son propre style. En atteste le morceau suivant « Way of death » : supers riffs au début, basse qui résonne un max, chant énervé et bien grave terminant sur un refrain accrocheur ! On enchaîne avec un nouvel extrait de leur EP Another Path nommé « Abuse me », où la voix de Fred via un effet radio relance l'originalité du morceau et fait penser au style utilisé par leur amie Kommandant K (Ghouls Stone Valley). Et c'est d'ailleurs ce « renouvellement d'intérêt » qui fait mouche sur cet album. Aucun morceau n'est ennuyeux et tous vous feront headbanguer ou taper du pied grâce à des passages ultras accrocheurs, tout en restant brutaux.
Le premier featuring à écouter est celui avec Björn « Speed » Strid de Soilwork. Superbe duo avec Fred sur « Ghost memories ». En effet, les deux voix se marient très bien, et tout en étant dans le même registre, ces dernières se complètent à la perfection : Fred dans un registre plus grave et Björn plus criard. Un très bon titre qui prouve également l'humilité du combo qui aurait pu se faire un max de pub via ce titre (et via le feat. à venir avec Shawter également), mais qui a préféré axer sa promo sur du 100% A.C.O.D..
On continue avec l'une de meilleures compos de l'album, à savoir « Words of war ». Ça démarre très violent et le refrain rappelle un certain « I sea red » de Dagoba,. Cependant, les parties de guitares sont sublimes ; sur le refrain, elles se veulent même mélodiques, voire mélancoliques, et subliment toute la dernière minute du track. Bien joué les gars ! Un peu plus brutal, le titre « Black wings » déboule à toute berzingue ; bien aidé par un refrain entêtant, une basse une nouvelle fois aux avants postes, une rythmique lourde à souhait et des envolées guitaristiques qui rafraîchissent le propos aussi bien qu'elles l'enrichissent. On démarre en douceur avec « Rise », mais comme souvent avec A.C.O.D. l'accalmie n'est que de courte durée. En effet, un riff lourd couplé à un chant hargneux viennent prendre le relais, pour un morceau, certes moins rapide par moments, mais tout aussi puissant ; bref, trois minutes intenses ! On reste sur le même schéma avec « Cold » et sa douce intro qui vole rapidement en éclats à l'arrivée de Fred et ses gros sabots. Lié avec « Ghost memories », ce titre est également un condensé de fureur, d'énergie tout en restant mélodique par son intro et ses riffs rapides. On continue dans l'efficace et le 100% représentatif de la musique d'A.C.O.D. avec « Death breath ». Avec le recul, ce n'est d'ailleurs pas une surprise que le groupe ait choisi ce morceau là pour faire son premier clip. Tout ce que sait (bien) faire le combo pourrait se résumer à ces quatre minutes qui feraient headbanguer même le cavalier sans tête. Assurément, une belle carte de visite pour les Marseillais, d'autant que le clip, sans être révolutionnaire, est suffisamment bien fait et original pour attirer l’œil et les oreilles.
On continue notre nouveau chemin avec un titre déjà présent sur l'EP qui est « Unleash the fools ». Ce morceau est à la fois intéressant par son nouveau rendu et sa qualité de composition. En effet, sur la première version le chant -ici interprété par Shawter- était totalement différent. Sur l'album, le chanteur de Dagoba opte pour une voix claire qui transforme complètement le titre. Transformé certes, mais également amélioré tant il fait figure de « rafraîchissement » au milieu de toute cette brutalité (maîtrisée). D'ailleurs, voici certainement une bonne direction à prendre par le groupe pour le quatrième album (déjà en phase d’écriture). Le trio de fin débute par « Fallen » littéralement matraqué par un Raf en furie. Les autres zicos ne sont pas en reste à l'instar de Chris et Jb dont les parties de grattes se veulent bien grasses ou au contraire rayonnantes, ce qui confère un côté « planant » au morceau. L'instru de « Crimson » démarre crescendo et est, à nouveau, une belle représentation du style A.C.O.D., avec un côté plus accessible aux niveaux des riffs et de la mélodie générale à la fois ultra rythmée et heavy. Blended metal, vous avez dit blended metal ?... On termine ce brûlot par le titre éponyme « To the maelstrom », qui, à l'instar de « Death breath » a eu un clip, tourné par le non moins talentueux Akil qu'on ne présente plus ici à Marseille. On ne parle plus ici de furie, mais plutôt de rage. En effet, dès le premières notes, on comprend qu'on va s'en prendre plein les oreilles (et les yeux via le clip). Certes rageux, ce titre clôt l'album telle une outro, avec une fin toute douce, envoûtante et instrumentale qui semble vouloir apaiser l'auditeur après autant de puissance. Manière très maline de terminer ce II Tthe Maelstrom car, enchaîné au premier titre, sa puissance n'en est que décuplée. La messe est dite. Bonne nuit !

Conclusion : Les Marseillais se sont donné les moyens de frapper fort et bien. Et force est de constater qu'ils ont parfaitement joué le coup. Prod. impeccable, musiciens investis, featurings utiles et compos nombreuses mais variées, voilà les principaux ingrédients du travail bien fait. Rendez-vous pour le quatrième album, ainsi qu'au bar pour obtenir la signification d'A.C.O.D..
 
Critique : Secret Sfred
Note : 8/10
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