Chronique

SECRET SPHERE - THE NATURE OF TIME / Frontiers records 2017

Même si l’attente a été comblée par une réédition (A Time Never Come, 2015) et un live (One Night In Tokyo, 2016), cela fait tout de même cinq ans que Secret Sphere n’avait pas sorti de nouvel album. En effet, Portrait Of A Dying Heart date de 2012 et marquait, à l’époque, l’arrivée tonitruante de l’excellent Michele Luppi (Vision Divine) au chant. Un quinquennat plus tard, où en sont les Italiens ? Voici quelques éléments de réponse.

Le changement dans la continuité
Depuis 2012, le groupe transalpin a subi quelques (trop de ?) changements. En effet, Federico Pennazzato s’en est allé, laissant la place à Marco Lazzarini (Lucky Bastardz) au poste de batteur. A noter que Fede reste encore proche du groupe, car il s’est occupé du mix du Live, était l’ingé-son sur le récent Triumvirate Tour (avec Trick Or Treat, DGM et SkeleToon) et a géré l’enregistrement des guitares sur ce The Nature Of Time. Autre départ, beaucoup plus préjudiciable (Ndlr : aux yeux de votre serviteur en tout cas), celui de Marco Pastorino (guitare et chœurs). Même si en studio, cela ne s’entend peut-être pas forcément, c’est sur scène que son absence se fait ressentir. A la fois physiquement, mais surtout vocalement, Marco apportait vraiment une valeur ajoutée au son live de Secret Sphere. Ses chœurs -et même parfois le chant lead que lui offrait Michele- manquent indéniablement aux Italiens. Dommage…

The Nature Of A Time Never Come
L’album The Nature Of Time est lié à l’édition 2015 de A Time Never Come visuellement. La pochette de 2015 représente deux fillettes se donnant la main (Ndlr : l’idée vient d’ailleurs d’une photo perso des deux filles d’Aldo Lonobile) et celle de 2017 semble en être la suite. Visuellement donc, mais auditivement aussi. En effet, le concept-album initié par l’opus originel de 2001 est repris ici, mais avec une certaine évolution. De ce fait, The Nature Of Time pourrait être décrit comme un A Time Never Come 2.0. Dans sa structure, dans son ambiance, toutes les qualités de 2001 ont été transposées, et amplifiées, en 2017. Evidemment, tout le mérite revient à Aldo Lonobile, présent depuis le tout début (Ndlr : tout comme le bassiste Andrea Burrato). Secret Sphere est son bébé et le « mastermind » du combo sait exactement là où il veut l’emmener, d’autant qu’avec un chanteur du calibre de Michele Luppi, les perspectives semblent désormais infinies.

Once upon a time...
Pour autant, The Nature Of Time n’est pas facile d’accès. En effet, comme beaucoup de concept-album, il vous faudra persévérer pour apprécier cet album à sa juste valeur. D’ailleurs, cet opus n’est pas qu’un album, il s’agit d’un voyage dont chaque titre représente une étape, ou un chapitre comme mentionné sur booklet. (Ndlr : éh oui, comme c’était déjà le cas sur un certain A Time Never Come !)
Durant onze titres, dont une intro et une instru, les Italiens vous content l’histoire d’une jeune fille sortie du coma et désormais habitée par une seule idée, à savoir propager le bonheur à travers le temps et l’espace. Pour se faire, elle croit en sept vertus (l’amour, le courage, la gentillesse, l’honnêteté, la foi, la confiance et l’engagement) la guidant de son réveil à son éveil. A l’instar du Metropolis part. II de Dream Theater, vous serez bercés, pendant presque une heure, par des mélodies aussi belles qu’envoutantes et adoucissantes.

Plus mélo/prog que heavy/speed
Peut-être est-ce lié à la signature des Italiens chez Frontiers rec. (label spécialisé dans le hard rock et l’AOR), il n’en demeure pas moins que la facette la plus rude de Secret Sphere est ici foncièrement adoucie. C’est d’ailleurs assez flagrant sur le son de batterie de Marco. Certains morceaux restent tout de même dans la veine de ceux du précédent album, ainsi « Courage » ou « Honesty » ne dépareilleraient pas aux côtés de « X », « The fall » ou « Wish & steadiness ». Pour le reste, la douceur est de mise avec des titres tels que « Love » ou « The new beginning ». Ce n’est pas nouveau, l’une des forces de Secret Sphere est d’avoir toujours pondu des ballades de qualité, et, une nouvelle fois, il ne déroge pas à la règle. Romantique et doux, sans être mièvre ou guimauve, les Italiens savent vraiment y faire !
D’autres titres intègrent un savant dosage de metal mélodique et de prog, comme c’est le cas avec le très bon « Reliance » qui prouve que Symphony X n’est pas le seul maître en la matière. Toujours dans les satisfactions, je citerai les mid-tempi « The calling », « Kindness » et « Faith », même si ce dernier est tout de même plus énergique que les deux premiers. Mention spéciale à l’instru prog fusion « Commitment » assurant la qualité intrinsèque de chaque musicien et à un des meilleurs titres de Secret Sphere : « The awakening ». Cette chanson reflète tout simplement la quintessence de ce qu’est le combo italien. Tout ce qu’il sait si bien faire est compilé dans ce track. Vous l’aurez donc rapidement compris, aucun titre n’est mauvais dans ce The Nature Of Time !

Conclusion
Si vous laissez la chance à cet album, vous ne devriez pas être déçus. Rien n’est à jeter dans ce The Nature Of Time, si tant est que vous lui laissez le temps de vous « posséder ». Certes, ce n’est pas évident de séduire les néophytes avec un concept-album, mais les titres sont de qualité suffisantes pour être appréciés indépendamment les uns des autres. Ce qui d’ailleurs pourrait être considéré comme un comble pour un concept-album. Pour ma part, j’appellerai cela le talent. Tout simplement.

Tracklist :
Intermission
The calling
Love
Courage
Kindness
Honesty
Faith
Reliance
Commitment
The awakening
The new beginning
 
Critique : Secret Sfred
Note : 9/10
Site du groupe : Site officiel du groupe
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