Chronique

PARADISE LOST - MEDUSA / Nulcear Blast 2017

Voici 25 ans, votre serviteur se rendait acquéreur d’une cassette (oui bah, à l’époque c’était pas ringard) de Paradise Lost. Ca s’appelait Shades Of God et ça avait été une des plus grosses claques de l’année. Icon avait ensuite placé la barre encore plus haut et… Le reste c’est de l’histoire. Depuis, le groupe a acquis une reconnaissance méritée, accusé parfois d’être « commercial» (faudra quand même qu’on m’explique, c’est pas Katy Perry et ils font pas Bercy, le certificat d’indé on l’obtient comment ? En jouant dans des salles de moins de 30 personnes dans le noir ?). J’ai envie de placer le débat ailleurs en fait parce que cet album est finalement le bon « prétexte ». Avez-vous lu « l’Enfer » de Dante ? Jouez-vous aux échecs ? Je sais que pour la plupart la réponse est oui et ça me facilite la tâche (c’est bon d’être en famille).

A l’écoute de « Medusa » une chose devient lipide, Paradise Lost a une stratégie évidente de la déliquescence sonore. C’est un voyage qui semble (et c’est heureux) ne pas vouloir cesser et se tordre dans ses propres méandres de plus en plus. J’évoquais « Icon » mais c’est parce qu’on revient (pour ceux qui connaissent le groupe) vers cette chose liquide et triste qui a fait le bonheur des fans du groupe depuis le début, sous de multiples incarnations pourtant toujours cohérentes. Medusa c’est un peu une fin de partie où tout semble prendre du sens. Il y a un souffle épique, mêlé de résignation dans la plupart des titres (« Blood and chaos » est exemplaire avec un côté sauvage et organique des plus délicieux en prime). Chaque titre est une facette de plus à l’immense construction de ce groupe qui, bien qu’ayant tenté de battre Spinal Tap au nombre de batteurs, est d’une constance exemplaire.

Après, il y a trois écoles, les fans (ok je fais mon coming out j’en suis un), les « J’ai jamais réussi à rentrer dedans » (mais bon, je comprends finalement garçon, t’es pas le seul à pas vouloir visiter l’enfer sans guide et sans avoir le plan, en te faisant balader par une goule qui assume son nom) et puis il y a ceux qui n’ont jamais eu le courage de se lancer dans l’aventure parce que oui, soyons clair, les bons groupes, y en a un paquet et se faire une intégrale c’est cher (je pars du principe que comme moi vous achetez les albums par respect pour les zicos qui la font, j’suis un vrai vieux con parfois non ?!). Eh bien, si vous êtes dans ce dernier cas, « Medusa » est peut-être le meilleur ticket pour entrer dans l’univers de Paradise Lost et avoir à peu près toutes les directions du parcours de ces ténébreux angliches convergeant vers un même but : pétrifier l’auditoire. Après, si vous êtes fan, vous le choperez et pi si vous avez jamais accroché, jetez une oreille quand même en commençant par « From the Gallows », ça ne vous fera user que 3mn42 de votre vie (c’est le plus court) et vous aurez au moins la possibilité de goûter à la couleur d’ensemble sans trop vous perdre.
 
Critique : Thomas Enault
Note : 10/10
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