Chronique

MONSTER MAGNET - MINDFUCKER / Napalm Records 2018

Quelle ne fut pas ma surprise de voir qu’on avait zappé ce bijou… Je suis le premier fautif, vu qu’entre ces murs saints, aux pierres solides et à la déco certes un peu médiévale par endroits, mais où le métal brille de mille splendeurs (Seigneurs du Métal donc au cas où ma crise lyrique hebdomadaire vous aurait perdus en route) je dois être le plus gros fan du groupe de Dave Wyndorf (peut-être même que je suis le seul donc au vu du nombre de chroniques d’albums de Monster Magnet répertoriées ici, ou alors peut-être que leur maison de disques les laisse un peu de côté, en oubliant de nous envoyer les disques… allez savoir). Parfois, les disques, on nous les envoie, parfois on les achète, parce qu’on reste tous des fans et qu’on fait ça par amour du genre. Celui-là je l’ai acheté et je ne m’en lasse pas. Donc autant partager le plaisir.

Monster Magnet faisait du Stoner alors que Josh Homme sortait sa première démo. En fait on n’utilisait pas encore le terme stoner, donc ils n’ont pas inventé le genre non plus, on leur a juste collé une étiquette de plus quand on s’est rendu compte que ça pouvait coller aussi ; c’est pour ça que les gens qui n’aiment pas le stoner aiment quand même Monster Magnet sans trop savoir pourquoi. En fait, c’est juste parce que c’est du rock. Depuis que le grunge a émergé, le groupe du New Jersey cultive sa différence en proposant un rock psyché à trois guitares façon mur du son halluciné au tempo lourd et au classicisme furieux. C’est souvent barré, jamais mou, planant et agressif avec une voix, une vraie, aiguisée à l’alcool et la poussière, portant des textes qui, sans être explicites dans la forme, réussissent à faire mouche.

Ce qui est surprenant avec cet album c’est son côté plus direct, plus simple, plus rock n’roll. Comme si après des années de musique qui fleurait bon l’acide, le quintette avait décidé de composer une ode à l’héroïne. Il y a quelque chose des Ramones qui traine dans le décor (ça reste du Monster Magnet), ce truc dansant issu du pop punk, qui fait sauter partout en douchant son voisin à la bière.

Dave Wyndorf l’explique lui-même d’ailleurs assez bien, il voulait faire un album de rock up tempo un peu dansant et une fois que le truc a été composé et qu’il restait que les paroles à écrire, Trump a été élu… Dégringolade. Donc, ce qui se voulait être un album positif et frais dans une discographie sombre se retrouve être un album cynique où l’on sent bien que même si on danse c’est sur la tombe du rêve américain. « Ejection », « Drowning », « Mindfucker », « I’m God », pas besoin d’avoir fait langues étrangères appliquées pour savoir de quoi ça cause. C’est franc du collier comme un coup de poing dans la gueule, toujours halluciné mais façon retour d’acide avec flash dans la gueule. La fête est finie mais résultat, la fête va devoir beugler plus fort. Alors certes on aurait sûrement dû en parler plus tôt ici, ma faute ma très grande faute, j’ai pris cet album pour une évidence alors qu’il méritait qu’on en parle. Erreur réparée. Si vous avez besoin d’une bande son pour vous défouler en crachant au visage du désespoir, c’est peut-être bien la bande son la plus adaptée.
 
Critique : Thomas Enault
Note : 10/10
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