Chronique

KING DIAMOND - SONG FOR THE DEAD LIVE / Metal Blade Records 2019

Ami lecteur, je ne te connais pas, mais tu vas apprendre à connaître Raoul… Sache que jamais, au cours de ma longue et tumultueuse existence, je n’avais écouté la moindre mesure de King Diamond (ni de Mercyfull Fate). Je sais pourtant, oh combien je sais, que moult groupes qui ont bercé mes jeunes et moins jeunes années ont été inspirés par (entre autres perlouses) les disques produits par le moins black métaleu des potiches suédoises maquillées en noir et blanc que le 20ème siècle nous ait, au choix, offert ou fait subir. Commencer par ce live tardif enfin révélé à un public de vieux fans m’a donc semblé l’occasion idéale de pallier ce manque. Et là, je vais passer les préliminaires pour rentrer dans la boucherie. Et si on en parlait entre « non fans » ? Non parce que les vrais fans achèteraient même les chaussettes usées du mec, donc à la limite que j’écrive ma liste de courses ou une chro, ils s’en battent les steaks comme des végétaliens…

Donc, allons-y mes amis, lâchons-nous, exploitons ce temps de parole auto-accordé pour abuser de façon cathartique de l’incompréhension sidérée que je me dois d’exprimer, au risque de voler mon psy de longues heures de diatribes facturées au cours de l’émeraude de contrebande. Comment diable a-t-on pu supporter la voix de ce mec pendant aussi longtemps sans qu’aucun chien ne se mette à aboyer ? J’ai déjà entendu des portes grincer mais vu la réaction de « Gunther » mon Berger Belge quand on le gave d’ultrasons je n’en avais a ce jour pas subi assez pour comprendre sa détresse (ok j’ai pas de chien mais ça sonne bien d’avoir un Berger Belge qui s’appelle Gunther). Désolé fallait que ça sorte, certaines fréquences sont physiquement douloureuses.

Je comprends très bien que sans King Diamond quelque part Metallica ne peut pas exister, donc rien que pour ça merci, je vous dirais aussi que peut-être sans King Diamond, Immortal non plus n’aurait pas existé… Et là, ça me force à nuancer mes remerciements. Donc comme on dirait sur Facebook au moment où on est entre deux relations dont une impliquait de vivre célib’ chez sa mère : « C’est compliqué ». La zic est bien, c’est vieux, ça a vieilli, mais je conçois que la zic est bien. Par contre le … chant ? Quand il part dans le grave on reconnaît bien les moments que James Hetfield lui a piqué à l’époque où tous les critiques musicaux avouaient de concert et sans hésiter (à la sortie de Kill’em all donc) que oui James Hetfield était le pire chanteur de l’histoire du metal… (Sans rire c’est arrivé, cherchez, moi je m’en souviens j’y étais, dans le public mort de rire à me moquer même si je trouvais ça cool ce disque).

Kind Diamond nous inflige donc deux disques live. Avec la même setlist, enregistrés respectivement au Grasshop et au Fillmore. Entre les deux concerts il y a environ six mois. Alors il y a un coffret avec des dvd des trucs dedans, mais moi j’ai eu que le son donc je ne pourrai pas me réfugier dans la valeur documentaire, ni la qualité de la prestation visuelle, ni les images ou le déhanché du hurleur repeint… Non il reste le son. Le groupe joue à fond, c’est percutant et dès qu’il y a de l’instru je m’y sens tellement bien… Mais ça dure 13 secondes et la crécelle me tord les tympans à nouveau. C’est insupportable ce que ce mec fait subir, dans l’ordre, à ses cordes vocales et à mes oreilles ensuite (je vous passe le chemin entre les deux qui a impliqué de nombreux professionnels de la musique qui malgré le mépris qu’on peut parfois avoir pour des inconnus, ne méritaient pas ça). Pour écouter le disque je m’y suis pris en plusieurs fois, pour me reposer les esgourdes. Je précise que j’écoute du Painkiller par plaisir (au grand dam de mon entourage) donc qu’un cri bien placé sur un blast ne me fait pas peur.

Quel est l’intérêt de mettre deux setlists identiques à la suite ? L’idée n’est pas conne : montrer le groupe dans des situations différentes. Dans un festival face à « des gens venus voir un festival » et face à leur public dans un club. Le live en club est plus intéressant à écouter, l’énergie est plus dense, la réponse a un intérêt. Mais montrer aussi qu’un groupe qui a un répertoire ne change jamais sa setlist au cours d’une tournée j’avoue, j’ai lu ça comme une faiblesse tellement percutante que ça m’a seulement laissé la certitude qu’en plus de doubler le déplaisir ça prouvait que le groupe était déjà usé avant de spliter pour la énième fois (ils splittent régulièrement, no souci, j’attends). La performance est double donc (fin 2015 et début 2016) et certes démontre que le groupe est capable d’interpréter son répertoire de façon homogène et sans surprise quelle que soit l’ambiance. Mais au fond on dirait l’intitulé d’un groupe de reprise spécialisé dans les animations d’anniversaire : « Avec nous pas de surprise on joue toujours la même chose, pareil, zéro surprise, vraiment, promis, même si le petit Kevin vomit sur le guitariste. » Parfois la constance c’est chiant.

Donc voilà, j’ai pas réussi à écouter le deuxième disque en entier et c’est le moins pire (j’ai gardé le Fillmore pour la fin). Je précise aussi que chaque fois que Kim Bendix Peterszen (le vrai nom de King Diamond) se frotte au double contre ut fluté (trop souvent au goût de l’humanité donc) un rire sonore retenti à coté de moi et que je ne peux pas blâmer la personne qui partage mes jours mes peines et là... mes éclats de rires gênés.

Donc parfois ami lecteur je te dis de dépenser tes maigres économies sur une galette que je trouve percutante (après écoute bien sûr, on a le droit de pas avoir les mêmes plaisirs dans l’existence) mais là, je pense que je te conseillerai plutôt d’acheter un bigmac en priant d’attraper une crise cardiaque (c’est le risque avec ce genre de merdes) plutôt que de te souiller les oreilles avec cette chose…

(Mais merci quand même d’avoir influencé Metallica, entre autres, Kim.)
 
Critique : Thomas Enault
Note : 2/10
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