Chronique

VOODOO SKIN - VOODOO SKIN / Autoproduction 2019

Voodoo Skin a sorti son album en février et j’avoue que j’ai mis du temps à rentrer dedans. Pourtant, ça joue et en plus ces Frenchies combinent un certain nombre d’avantages qui auraient dû me faire réagir au quart de tour. Déjà, ils ont des potes que je respecte beaucoup qui leur ont servi de « marraine fée » à la sortie du skeud : messieurs Patrick Rondat qui a été le prof du guitariste au MAI, le lieu où les meilleurs gâchettes de France apprennent à bosser et en ressortent taillés pour devenir l’élite, et aussi un certain Patrice Gers, qui officie dans un groupe italien dont on ne cite plus le nom (vu que le nom arrête pas de changer mais pas que). Oui, quand ce genre de gus prend sur son temps quand ton album sort pour dire « hey c’est cool bravo », normalement tu attires légitimement les oreilles de tous ceux qui aiment la bonne zic avec des grattes qui JOUENT (en majuscule mais sans crier). En plus ce groupe 100% Rhône-Alpes (cocorico) revendique un héritage allant de Thin Lizzy à Whitesnake en passant par Glenn Hughes. Là encore ça sent le classique qui aime autant la mélodie que la technique sans y être asservi, je sais pas mais oui, plus je regarde le truc, plus ça sent la bonne impression. Bref, j’aurais dû vous en parler plus tôt. En plus la pochette est pas mal (rare dans nos contrées pour un groupe somme toute indé), fait un peu trop penser à Ghost alors qu’il n’y a aucun rapport (ouf). Mais pourquoi diable n’ai je pas accroché en 17 secondes ?

Parce que, oui je l’écoute en dilettante depuis février (un peu avant en fait) et jusque là j’avais pas ressenti d’urgence. Alors que les mecs méritent qu’on parle d’eux, et comme tout groupe qui a mis sa sueur son sang sa vie dans un projet, mérite qu’on remarque l’effort car oui, il y en a un et un vrai. Minute franchise, je n’arrivais pas à renter dedans. Mais j’y retournais quand même. C’est plutôt bon signe en fait. Ce n’est pas un album évident alors que pourtant c’est du vrai bon rock classique, plutôt à l’anglaise, avec un vrai chanteur qui a une vraie voix mais n’en fait pas des caisses, des zicos qui sentent bon les routiers pros qui ont pris le temps de réfléchir plus loin que leurs douze barres. On a l’illusion de l’évidence en l’écoutant la première fois, mais pas forcément l’étincelle du truc qui t’arrive en plein poire en te faisant dire « je l’attendais ». Non je l’attendais pas celui-là, j’en avais pas besoin non plus mais quand je vais au resto j’ai pas besoin d’un tartare et pourtant j’en prends quand même et comme je prends quasi toujours la même chose je suis super critique. Fin de la métaphore bouffe. Ces mecs font un truc que j’adore parce que comme eux j’ai grandi avec (on a sensiblement le même âge) et ça fait partie de mon ADN (sauf que je serais bien infoutu de le jouer même au dixième comme eux). Et plus je l’écoute cet album plus je me dis que la seule chose qui me gêne c’est d’entendre un très bon chanteur chercher sa voix de tête en se tirant sur les cordes vocales alors qu’il a plus le timbre de David Coverdale que celui de Glenn Hughes (même pas en rêve mec mais c’est mieux, le suraigu ça fait mal aux oreilles et de toute façon t’as une voix de garçon donc pas la peine). Traduction : je sais pas si ça vous le fait, mais quand j’entends un chanteur tirer sur sa voix, j’ai mal pour lui. Le mec a la technique pour le faire certes, mais bon, détail. Et c’est sûrement le seul truc qui me pose toujours problème, car plus j’écoute la partition plus je trouve ça malin, lettré, futé, réfléchi et subtil tout en restant efficace.

Bref, y’ a des gens tu aimes pas tout de suite, mais tu ne les respectes que plus après avoir fait le chemin de leur laisser une chance. J’attends donc désormais de les découvrir en live, ils ont pas mal de dates et c’est mérité.
 
Critique : Thomas Enault
Note : 7/10
Site du groupe : Page Facebook du groupe
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