Chronique

BAD HABIT - [HEAR-SAY] / Frontiers Records 2005

Le précédent album de Bad Habit date de 1998 (Adult Orientation) et leur premier de 1987 (Young & Innocent), sachant que le groupe a sorti jusque-là cinq albums ([Hear-Say] inclus) et que le groupe tourne très peu, c’est dire s’ils ont du temps libre ! Il aura donc fallu sept ans au groupe pour nous pondre leur cinquième opus. « Qui va piano va lontano », on dit. Je veux bien, mais bon le rock mélodique n’est quand même pas un style qui nécessite un long processus de création tout de même. Ce n’est pas un concept album, ce n’est pas du progressif, ce n’est pas du metal symphonique, bref tout ce temps pour ça ? Bah oui pratiquement. Quelques morceaux sauvent quand même la mise, mais seuls les die-hard fans du groupe y trouveront leur compte.

Vous l’aurez donc compris, le terrain de jeu de Bad Habit lorgne vers du AOR (Album-Orientated Rock), dont leurs principales influences sont Journey (évidemment), Van Halen (ah bon ?) ou Toto (pourquoi pas ?). C’est donc très mélodique, c’est pas violent, c’est propre, carré, du FM quoi ! Mais bizarrement, moi ce sont surtout les quelques morceaux couillus qui m’ont plû. Les sempiternelles ballades larmoyantes et lancinantes, j’en ai ma dose ! N’oublions pas que dans « rock mélodique », il y a aussi rock !
On commence justement par un bon morceau (car rock justement ?), à savoir « To love you ». Les grattes sont bien en avant et le refrain est accrocheur et efficace. Le synthé donne aussi plus de profondeur et de richesse au titre. Et quand Bax Fehling (chant) nous lache des « yeaaaaah ! » aussi inattendus que jouissifs, il est difficile de retenir un sourire à la fois complice voire tout simplement ravi. On enchaîne avec « I swear », un track qui semble commencer comme le précédent, mais qui se veut finalement plus mid-tempo et (donc ?) moins énergique. Seuls les soli de guitares éveillent l’attention car à la fois rock et bluesy. Dommage que le groupe ne se lache pas autant que ses gratteux sur leurs soli. La chanson suivante « All that I want » est une ballade qui, comment dire, m’a entêté. C’est peut-être une bonne chose pour une chanson si elle est facilement mémorisable, mais là ça en est peut-être même trop. Le morceau est joli, certes, mais je n’ai pas réussi à prendre au sérieux la mélodie et les paroles du refrain. J’ai trouvé ça trop « gnangnan » en fait. Comme un slow de feu « Boys’ bands ». Elle trouvera preneur c’est certain, mais je ne fais pas partie de ceux-là. S’en suit la très légère « Walk of life » avec son synthé omniprésent qui appèse un titre qui commencait pourtant avec une bonne rythmique heavy, mais qui disparaîtra progressivement.
Avec son intro, « Reason » ressemble à du David Bowie au niveau de l’atmosphère et du timbre de voix pris par Bax. Un bon morceau avec encore un bon solo de gratte, un morceau couillu comme j’aurai aimé en entendre d’autres sur cette galette. On continue avec « Alive », un titre péchu, entraînant et très 80’s dans sa sonorité. Et j’attire encore votre attention sur les soli guitaristiques qui ressortent vraiment à la fois de l’album et d’une compo comme celle-là. En effet, ils dénotent de l’aspect général du morceau, mais c’est agréablement surprenant. Nouvelle ballade de ce [Hear-Say], « I want to know » est beaucoup plus « sérieuse » que la première de l’album. Le refrain est super entraînant sans être pour autant « gnangnan » et le solo en milieu de chanson ressort très bien et sert la chanson de belle manière à la fois rythmiquement et émotionnellement parlant. On termine ce milieu d’album par « Take control ». Energique, il fait partie des bons morceaux de la galette. Très hard rock, Bax chante de très belle et adéquate manière, hurleur et écorché nickel !
La fin de l’album, quant à elle, n’est pas du même acabit, mais n’est pas pour autant nulle. Sauf peut-être pour la ballade « Tell me why » qui se rapproche trop de l’aspect négatif que j’avais lors de l’écoute de la première ballade (« All that I want »). C’est joli, Bax chante bien, mais bon voilà sans plus quoi. Trop plat. Pas nul mais pas transcendant non plus, un peu à l’image de ce [Hear-Say] en fait. On enchaîne avec « I’ll be the one » qui commence de manière rythmée pour une ballade. Cool ! Les paroles tout comme le titre font assez cliché, mais bon ça passe, surtout par rapport au rythme enlevé de la compo. Moins rapide et enjoué, le titre aurait certainement été ringard. Comme quoi, parfois cela ne tient pas à grand chose pour sombrer du côté obscur de la ballade :p Le titre suivant est « I can’t help myself ». Etrange morceau. C’est comme si ce track était un « faux » morceau rapide. Peut-être cela vient-il de la batterie qui n’est pas assez mise en avant et/ou pas assez enlevée. Curieux. On termine cet album par « The air that I breathe » qui est une ballade (et oui, encore !). Lorgnant plus vers du Bon Jovi, cette dernière me fait penser à un BO de film. Certes un film à l’eau de rose (j’ai pas dit « gnangnan »), mais bien interprêtée cette ultime chanson est agréable à l’écoute.

Conclusion : Un album donc à découvrir pour les fondus de mélodies et à se procurer pour les fans ultimes du groupe. Pour les autres, vous risquez de ne guère trouver votre bonheur. Un disque bon et sympa, mais pas transcendant. Il sort en début de semaine prochaine (le 5 décembre), en espérant que le suivant ne sortira pas dans 10 ans, car cette mauvaise habitude risque d’agacer les fans de Bad Habit (oui je sais, elle était facile).
 
Critique :
Note : 6/10
Site du groupe : Site officiel du groupe
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