Chronique

MERZHIN - NOMADES / Verycords 2018

Avec ses 20 ans d’existence, près de 200 titres, plus de 800 concerts dans le monde, Merzhin revient avec son 7ème album. Ce groupe engagé a su gagner sa place dans le paysage du rock français, avec sa bombarde et son saxophone, lui donnant sa petite touche d’originalité supplémentaire.

Rien que par son titre, Nomades, le combo annonce la couleur, il ne compte pas changer de ton et te conter fleurette …

Standing Rock débute avec son atmosphère douce et morose à la fois. Sa flûte nous envoie dans des contrées sauvages. Comme je vous le disais, Merzhin est un groupe engagé, alors… instant culture : Standing Rock est une « réserve indienne » de Dakota du Nord, qui se bat contre la construction d’un pipeline qui traverserait leurs terres. Ce morceau raconte avec tendresse la vision de ce peuple opprimé. La suite : un puissant morceau plein d’humanité, prônant le brassage des cultures, voici comment décrire Nomades. Et qui d’autre que Kemar, chanteur emblématique de No one is innocent aux textes si marquants, aurai pu apposer sa présence à ce titre ?! L’ambiance sera plus légère sur Buk, dédié à l’auteur Charles Bukowski. Plus léger, certes, mais ce refrain entêtant ne te laissera pas indifférent ! Un tempo déchaîné t’attend sur Substance, qui traite de notre rapport à l’argent, imageant ainsi notre course éternelle pour en gagner toujours plus ! On constate que tout le groupe sait harmoniser ses textes et sa musique, tout est d’une parfaite cohérence ! Sans nous nous offre une impression de douceur sur fond de saxophone et de bombarde, tout en abordant un sujet grave : notre empreinte sur la planète. Ce morceau est vraiment fort ! Imala nous offre un interlude musical, sans parole, un voyage dans lequel on a juste à fermer les yeux et nous laisser porter, cette épopée nous sera proposée également à travers Icapa et Imram qui feront leur apparition un peu plus tard. Le joueur et l’affranchi est un morceau plus dynamique, rythmé par des guitares plus énergiques, nous entraînant droit vers un bien vilain vice… et on y prend beaucoup de plaisir ! Voilà un côté plus hargneux pour On marchera, sur une bombarde qui semble nous hypnotiser telle la légende du joueur de flûte de Hamelin, on nous conte un joli discours de politicien tentant de nous endoctriner comme un gourou pourrait le faire. Engagé on vous a dit !! Nous partons maintenant au pays des songes avec Attrape-rêves, c’est puissant et mélodieux. Ses paroles pourraient figurer dans un recueil de poésie sans que cela nous surprenne (et c’est assez rare pour être souligné). Riffs effrénés sur Encore râté, nous ramenant à notre triste réalité : notre course effrénée (justement) après ce temps dont nous manquons continuellement. Encore une fois, tout est justement pensé sur ce titre. L’album se termine avec Driverman, titre plus brut, plus gras, plus énervé, pour ne pas t’endormir avec (comme souvent) une balade finale ! Un tel regain d’énergie en dernier morceau, on en resterait presque sur notre faim !

Conclusion : Dans la lignée des grands dans le domaine, Merzhin parfait son style, avec ses paroles, poussant toujours un peu plus à la réflexion. Une certaine poésie en plus sur cet album, rendant les titres moins « provocateurs », tout aussi intéressants ! Il arrive que lorsqu’un groupe est connu pour ses textes, il est compliqué d’apprécier à sa juste valeur le travail des musiciens. Merzhin n’en fait pas partie ! L’originalité de certains instruments dans ce style et l’énergie de ses interprètes en font un groupe authentique ! Nomades en est l’illustration
 
Critique : Anais
Note : 8/10
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