Chronique
TURMION KÄTILÖT - GLOBAL WARNING / Nuclear Blast 2020
Sorti le 17 avril 2020, Global Warning est le neuvième album du groupe de metal industriel finlandais Turmion Kätilöt, mais leur premier signé chez Nuclear Blast. Est-ce pour cela que le titre de cet album est en anglais, alors que toutes les chansons sont en finnois ; pour viser plus large désormais peut-être ? De prime abord je suis obligée de remarquer la pochette d’une rare laideur qui mérite certainement de figurer dans le top 20 des pochettes les plus laides de ces trente dernières années (alors qu’il y a quand même matière à saigner des yeux dans les artworks du metal), voilà un « avertissement général » qui est un peu inquiétant. Que nous réservent donc ces 13 pistes et 47 minutes ?
Naitu démarre à toute vitesse, sur une mélodie électro aigue qui pourrait paraître joyeuse, mais cette impression est vite contredite par des hurlements vindicatifs au débit mitraillette, cela ne fait pas dans la dentelle, tout comme le clip NSFW et de mauvais goût qui l’accompagne (stripclub, personnages grimés en cochons et lapins, violence, armes, la routine quoi). J’ai un peu de mal à suivre la trame musicale tant ça part dans tous les sens, sur une musique techno qui devient un peu usante par moments, en dépit d’un rythme entraînant. Vers 3 minutes l’ambiance se calme un peu avec d’étranges chantonnements assez enfantins et plutôt second degré, avant un retour à la frénésie du début : quelle drogue prennent ces gens ? En tout cas le ton est donné avec ce titre qui ne ménage personne. Le début de Kyntövuohi est plus solennel, les échos électroniques reprennent très bien le chant, avant même la première minute j’ai envie d’entonner les paroles en finnois que je serais pourtant bien incapables de prononcer, accompagnées par la guitare répétitive entêtante et la batterie martiale. La voix du chanteur est saccadée, son articulation est très hachée, les chœurs font l’effet d’acclamations. Le troisième titre Sylkekää Siihen évoque un peu une musique de jeu vidéo, avec ses grosses nappes de synthé, mais tout de suite un hurlement nous rappelle à l’ordre. Il y a toujours ce mélange détonnant d’instrus un peu rigolotes et de chant hyper musclé et agressif chez Turmion Kätilöt, ce qui en fait une sorte de machine de guerre du dance floor, pour une soirée mousse avec des fusils d’assaut. J’ai toujours autant envie de rire et à la fois de prendre la chanson très au sérieux quand j’écoute ce groupe, car c’est leur style et ils excellent dedans – et au moins évitent l’écueil siii courant de tomber dans un registre trop d4rk. Les refrains en chœur sur cette mélodie sous acide et les arrangements électro-indus rentre-dedans sont convaincants. La quatrième chanson, Viha Ja Rakkaus, offre un tempo initial plus modéré, avec un chant montant en puissance progressivement pour plus de contraste. La trame musicale est un peu plus standard, moins envahie par les bruitages, sur fond de complainte un peu romantique, mais toujours malmenée par des hurlements évidemment – comme si des trolls ou des orcs dopés chantaient ensemble sur un tube entendu à la radio.
La chanson suivante, Turvasana, est un hymne très emblématique de leur style avec un démarrage à fond la caisse, un chant badass rapide avec des hurlements qui s’étendent un peu par moments, entre scream et chant saturé. Les instruments sont un peu noyés et mêlés sur ce titre qui sonne plutôt eurodance curieusement, l’énergie se dilue un peu en cours de titre après ce démarrage en trombe, en fait il devient étrangement répétitif. Kuoleman Juuret offre des passages presque parlés assez plaisants, ses chœurs sur une musique pimpante au clavier, et ses ponts plus lents et minimalistes qui reposent de l’afflux de musique permanent sur le reste du titre. J’apprécie la jolie outro toute douce. Les titres s’enchaînent et ne se démarquent pas trop les uns des autres pour le moment, par rapport aux albums précédents, peut-être le temps de m’y habituer… Le septième morceau, Syvissä Vesissä, sonne un peu comme Oomph ! ou Rammstein au démarrage, puis passe à une accélération sans concession (petit conseil, ne mettez pas cet album en
voiture si vous ne voulez pas vous retrouver à rouler à 150 km/h sans l’avoir vu venir). Il y a quelque chose d’assez dansant et festif et en même temps dramatique et éploré dans ces chœurs sur fond de clavier fou et de guitare et basse ensorcelées, comme une accélération pour foncer droit dans le mur. Vient ensuite Sano Kun Ritää avec son début intrigant, un peu féerique – vite estompé par une reprise des paroles avec une voix qui balaie tout sur son passage. Les chœurs un peu plus lents sont imposants, et ce titre fournit une partie qui peut plus facilement être scandée par un public, c’est assurément une chanson qui aura du succès en concert. La neuvième chanson, Jumalauta, se traduit « diable », « merde », « bordel de merde » ou « bon Dieu de merde », comme il vous plaira (des mots toujours utiles à savoir dire dans toutes les langues non ?), et a un gros côté électro avec des relents de synthwave, noyés sous la voix et la batterie. C’est un maelstrom électro-indus féroce où les voix, les claviers et la batterie se disputent la palme du bruit. Heureusement cela s’apaise un peu avec Revi Minut Auki, qui propose encore un début un peu disco-pop rigolo qui me donne envie de voir le groupe sauter à la corde ou jouer à la marelle… Rapidement l’arrivée des voix casse cet effet facétieux, mais revient aussi à une formule un peu déjà entendue au cours des titres précédents, l’enthousiasme s’épuise un peu…
Avec Syntisten Lautu je ne trouve plus du tout ces aspect rigolo, au contraire le début est carrément indus, un peu plus sensuel et lancinant que précédemment, sur une intro de presque une minute. Le démarrage du chant est plus lent, plus clair et articulé, mieux mis en valeur. Mais comme on ne change pas une formule qui a fait ses preuves, la moulinette électro-indus dopée revient en force… Pas pour très longtemps, ce qui permet que le titre se démarque un peu, et s’achève dans une boucle devenant de plus en plus fondue et vaporeuse, comme si elle se dissolvait… Avec Ikävä j’ai l’impression d’entendre un vieux tube dance des années 90, mais avec une rythmique indus collée par-dessus, puis scream metal, c’est un drôle de mélange, un peu entre deux eaux mais toujours dansant. Le dernier titre, Mosquito À la Carte, est l’OMNI, Objet Musical Non Identifié, de l’album. Il attire forcément l’attentions avec plus d’une minute de sonorités latino un peu incongrues, avant le retour du chant scream scandé plus « classique », qui recouvre pratiquement la musique de départ. L’ambiance change un petit peu du reste de l’opus mais je trouve un peu dommage que le groupe n’ait pas poussé davantage cette idée que pendant quelques courts passages. Le même style de petit ex-cursus marrant à contre-emploi se voulant le tube de l’été metal parodique avait déjà été réalisé en y allant plus franco par Nanowar of Steel avec « Norwegian Reggaeton » ou, il y a encore plus longtemps, par Lord of the Lost avec l’excellent titre « La Bomba ».
Chaque titre est plutôt cool en soi mais les écouter les uns à la suite des autres met en avant leur structure peu variée, et au lieu de se mettre en valeur les uns les autres, ils finissent par se nuire. Surtout que l’album comporte 13 titres, et qu’au bout de 8 je trouve déjà que l’album tourne un peu en rond par rapport aux précédents opus, l’on voit où les titres veulent en venir et l’on sent un peu trop le copier/coller d’une méthode qui a fait ses preuves… Tout ce qui est un atout au départ finit par être redondant vu que le jeu varie peu, le chant connaît peu de modulations : ce qui fait que Turmion Kätilöt est original et immédiatement identifiable aboutit paradoxalement à un essoufflement un peu pénible. Impression qu’il manque quelque chose, qu’il y a du potentiel qui n’est pas complètement exploité, je reste sur une petite frustration de n’avoir pas pu être plus étonnée que ça vu que le groupe a vraiment son style, et que c’est dommage que ce soit ça qui puisse devenir son défaut, en ne se reposant que sur des recettes déjà maîtrisées.
Naitu démarre à toute vitesse, sur une mélodie électro aigue qui pourrait paraître joyeuse, mais cette impression est vite contredite par des hurlements vindicatifs au débit mitraillette, cela ne fait pas dans la dentelle, tout comme le clip NSFW et de mauvais goût qui l’accompagne (stripclub, personnages grimés en cochons et lapins, violence, armes, la routine quoi). J’ai un peu de mal à suivre la trame musicale tant ça part dans tous les sens, sur une musique techno qui devient un peu usante par moments, en dépit d’un rythme entraînant. Vers 3 minutes l’ambiance se calme un peu avec d’étranges chantonnements assez enfantins et plutôt second degré, avant un retour à la frénésie du début : quelle drogue prennent ces gens ? En tout cas le ton est donné avec ce titre qui ne ménage personne. Le début de Kyntövuohi est plus solennel, les échos électroniques reprennent très bien le chant, avant même la première minute j’ai envie d’entonner les paroles en finnois que je serais pourtant bien incapables de prononcer, accompagnées par la guitare répétitive entêtante et la batterie martiale. La voix du chanteur est saccadée, son articulation est très hachée, les chœurs font l’effet d’acclamations. Le troisième titre Sylkekää Siihen évoque un peu une musique de jeu vidéo, avec ses grosses nappes de synthé, mais tout de suite un hurlement nous rappelle à l’ordre. Il y a toujours ce mélange détonnant d’instrus un peu rigolotes et de chant hyper musclé et agressif chez Turmion Kätilöt, ce qui en fait une sorte de machine de guerre du dance floor, pour une soirée mousse avec des fusils d’assaut. J’ai toujours autant envie de rire et à la fois de prendre la chanson très au sérieux quand j’écoute ce groupe, car c’est leur style et ils excellent dedans – et au moins évitent l’écueil siii courant de tomber dans un registre trop d4rk. Les refrains en chœur sur cette mélodie sous acide et les arrangements électro-indus rentre-dedans sont convaincants. La quatrième chanson, Viha Ja Rakkaus, offre un tempo initial plus modéré, avec un chant montant en puissance progressivement pour plus de contraste. La trame musicale est un peu plus standard, moins envahie par les bruitages, sur fond de complainte un peu romantique, mais toujours malmenée par des hurlements évidemment – comme si des trolls ou des orcs dopés chantaient ensemble sur un tube entendu à la radio.
La chanson suivante, Turvasana, est un hymne très emblématique de leur style avec un démarrage à fond la caisse, un chant badass rapide avec des hurlements qui s’étendent un peu par moments, entre scream et chant saturé. Les instruments sont un peu noyés et mêlés sur ce titre qui sonne plutôt eurodance curieusement, l’énergie se dilue un peu en cours de titre après ce démarrage en trombe, en fait il devient étrangement répétitif. Kuoleman Juuret offre des passages presque parlés assez plaisants, ses chœurs sur une musique pimpante au clavier, et ses ponts plus lents et minimalistes qui reposent de l’afflux de musique permanent sur le reste du titre. J’apprécie la jolie outro toute douce. Les titres s’enchaînent et ne se démarquent pas trop les uns des autres pour le moment, par rapport aux albums précédents, peut-être le temps de m’y habituer… Le septième morceau, Syvissä Vesissä, sonne un peu comme Oomph ! ou Rammstein au démarrage, puis passe à une accélération sans concession (petit conseil, ne mettez pas cet album en
voiture si vous ne voulez pas vous retrouver à rouler à 150 km/h sans l’avoir vu venir). Il y a quelque chose d’assez dansant et festif et en même temps dramatique et éploré dans ces chœurs sur fond de clavier fou et de guitare et basse ensorcelées, comme une accélération pour foncer droit dans le mur. Vient ensuite Sano Kun Ritää avec son début intrigant, un peu féerique – vite estompé par une reprise des paroles avec une voix qui balaie tout sur son passage. Les chœurs un peu plus lents sont imposants, et ce titre fournit une partie qui peut plus facilement être scandée par un public, c’est assurément une chanson qui aura du succès en concert. La neuvième chanson, Jumalauta, se traduit « diable », « merde », « bordel de merde » ou « bon Dieu de merde », comme il vous plaira (des mots toujours utiles à savoir dire dans toutes les langues non ?), et a un gros côté électro avec des relents de synthwave, noyés sous la voix et la batterie. C’est un maelstrom électro-indus féroce où les voix, les claviers et la batterie se disputent la palme du bruit. Heureusement cela s’apaise un peu avec Revi Minut Auki, qui propose encore un début un peu disco-pop rigolo qui me donne envie de voir le groupe sauter à la corde ou jouer à la marelle… Rapidement l’arrivée des voix casse cet effet facétieux, mais revient aussi à une formule un peu déjà entendue au cours des titres précédents, l’enthousiasme s’épuise un peu…
Avec Syntisten Lautu je ne trouve plus du tout ces aspect rigolo, au contraire le début est carrément indus, un peu plus sensuel et lancinant que précédemment, sur une intro de presque une minute. Le démarrage du chant est plus lent, plus clair et articulé, mieux mis en valeur. Mais comme on ne change pas une formule qui a fait ses preuves, la moulinette électro-indus dopée revient en force… Pas pour très longtemps, ce qui permet que le titre se démarque un peu, et s’achève dans une boucle devenant de plus en plus fondue et vaporeuse, comme si elle se dissolvait… Avec Ikävä j’ai l’impression d’entendre un vieux tube dance des années 90, mais avec une rythmique indus collée par-dessus, puis scream metal, c’est un drôle de mélange, un peu entre deux eaux mais toujours dansant. Le dernier titre, Mosquito À la Carte, est l’OMNI, Objet Musical Non Identifié, de l’album. Il attire forcément l’attentions avec plus d’une minute de sonorités latino un peu incongrues, avant le retour du chant scream scandé plus « classique », qui recouvre pratiquement la musique de départ. L’ambiance change un petit peu du reste de l’opus mais je trouve un peu dommage que le groupe n’ait pas poussé davantage cette idée que pendant quelques courts passages. Le même style de petit ex-cursus marrant à contre-emploi se voulant le tube de l’été metal parodique avait déjà été réalisé en y allant plus franco par Nanowar of Steel avec « Norwegian Reggaeton » ou, il y a encore plus longtemps, par Lord of the Lost avec l’excellent titre « La Bomba ».
Chaque titre est plutôt cool en soi mais les écouter les uns à la suite des autres met en avant leur structure peu variée, et au lieu de se mettre en valeur les uns les autres, ils finissent par se nuire. Surtout que l’album comporte 13 titres, et qu’au bout de 8 je trouve déjà que l’album tourne un peu en rond par rapport aux précédents opus, l’on voit où les titres veulent en venir et l’on sent un peu trop le copier/coller d’une méthode qui a fait ses preuves… Tout ce qui est un atout au départ finit par être redondant vu que le jeu varie peu, le chant connaît peu de modulations : ce qui fait que Turmion Kätilöt est original et immédiatement identifiable aboutit paradoxalement à un essoufflement un peu pénible. Impression qu’il manque quelque chose, qu’il y a du potentiel qui n’est pas complètement exploité, je reste sur une petite frustration de n’avoir pas pu être plus étonnée que ça vu que le groupe a vraiment son style, et que c’est dommage que ce soit ça qui puisse devenir son défaut, en ne se reposant que sur des recettes déjà maîtrisées.
Critique : Elise Diederich
Note : 6/10
Site du groupe : Page Facebook du groupe
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