Chronique

CANNIBAL CORPSE - VIOLENCE UNIMAGINED / Metal Blade Records 2021

C’est donc la 15ème galette pour un des groupes les plus « cracras » de l’histoire du death. On remercie leur graphiste pour sa propension à faire passer les images des « crados » pour un projet de vie. (Si tu as plus de 40 ans et que tu as été scolarisé tu as compris cette phrase, sinon de toute façon tu n’as pas pu suivre Cannibal Corpse depuis le début, t’étais pas né).

Qu’attend-on d’un album de Cannibal Corpse ? Qu’il soit nouveau ou ancien importe peu. On ne va pas vers certains groupes pour leur capacité de remise en question mais plutôt pour leur esthétique solide et inamovible. Cet album ne déroge pas à la règle, petit aperçu rapide de la chose sous forme de check-list (ou liste de course chez le boucher pour être plus littéral)

- Une forme musicale de violence gratuite et jubilatoire : y’en a.

- De la batterie qui pilonne à en faire pâlir d’envie un marteau piqueur dirigé par un parkinsonien bègue : y en a aussi.

- Des solis tordus torturés courts et néanmoins suffisamment mélodiques pour ne pas être reniés par Kerry King un jour où il a pris 17 cafés : totalement check.

- Un son d’ensemble dont l’opacité fait office de signature : Miam, j’en reprendrais un kilo pour la forme, c’est parfait avec le tripou.

- Des vocalises éructées se cantonnant à l’aspect le plus préhistorique du genre, traditionnel et scolaire mais ô combien efficace : y’en a, y’a que de ça et c’est tout ce qu’on demandait.

Bref la recette est grosso modo la même à chaque fois, le groupe en est d’ailleurs fier et a toutes les raisons de l’être, ils ont réussi à imposer leur signature (surtout visuelle mais aussi sonore) grâce notamment à l’aide de celui qui a commencé producteur et est désormais aussi guitariste et co-compositeur, à savoir Erik Rutan (oui car autant la partition est « prévisible » autant le son n’a pas toujours été aussi épais et gras donc là on est content, si le monsieur reste c’est bon signe).

On sent aussi une forme d’évolution (malgré eux) au sens où cette addition dans la musique de sang presque neuf permet une approche plus complexe, plus torturée et moins premier degré. Par moment on repense (un peu) à Carcass en moins léger… Bon sang, Carcass léger, qu’est-ce-qu’il ne faut pas dire comme conneries pour se faire comprendre parfois ?

Mais oui, si on devait singulariser cette dernière production, ce serait pour noter que tout en restant brutalement opaque cet opus est sûrement leur plus complexe en terme de structure et ça fonctionne plutôt pas mal du tout. Alors attention, on n’est pas non plus dans le prog’, aucun morceau n’atteint les 5mins. C’est juste que d’habitude le groupe construit des gros murs de parpaing et là il ont choisi de faire un mur avec des dessins dessus quoi… (et oui on parle pas de chapelle Sixtine mais plutôt de graffitis au sang de porc).

Amis charcutiers, qu’on se le dise, comme d’habitude cet album vous est dédié !
 
Critique : Thomas Enault
Note : 8/10
Site du groupe : Page Facebook du groupe
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