Chronique
DER WEG EINER FREIHEIT - NOKTVRN / Season Of Mist 2021
Avec un nom à peu près aussi facile à dire pour un non germaniste qu’une liste de courses en grec ancien pour le lapon de base, on prie toujours un peu pour que l’album d’un groupe comme DER WEG EINER FREIHEIT soit mauvais. Comme ça on n’aura pas à vivre ce moment embarrassant de bredouiller un truc pseudo compréhensible au moment de le conseiller à son meilleur pote. Pas de bol, les Bavarois ont fait très fort avec cette galette. Je dois avouer que je l’ai récupéré parce que la collègue qui l’avait reçue (pourtant fan de leurs précédents ouvrages) n’a pas réussi à se le coltiner. Et je dois avouer qu’à la première écoute, mon réflexe numéro un a été de le laisser reposer pour cause d’indigestion des oreilles.
Comme si tous mes neurones s’étaient mis direct en overdrive (même si ça commence par Finisterre II et que je kiffe la Bretagne). Attention donc pour les fans du groupe, potentiel ovni et pour les non fans comme moi, potentielle incompréhension. Mais n’est-ce-pas justement une des particularités de la formation, se situer en marge des marges du Black, de l’atmo, du post Black et même un peu de l’ambiant ? Ici le potentiel revendiqué est romantique, pas au sens comédie ado à base de vampires sexy, non, plutôt Chopin, Chateaubriand et bizarrement je dirai Mogwaï (ok c’est pas romantique même torché à la Kanterbraü mais y a un truc quand même qui fait lien entre les Allemands et les Ecossais et ce n’est pas que l’amour de la bière). De fait, on nage dans un magma extrêmement complexe de déstructuration savante où les orages et les hurlements ne seraient potentiellement pas reniés par les sœurs Brontë si elles avaient grandi à Munich après la chute du mur.
Il y a quelque chose de délibérément étranger aux genres tout en restant dans une culture du Black Metal qui reste le support premier d’un langage. Mais un peu comme Hugo a joué avec le français pour dire la poésie. Autant la première écoute s’est, j’avoue, avérée difficile (je suis pas très romantique même si j’ai appris à l’école comment c’était foutu) autant après plusieurs écoutes, il est difficile de ne pas reconnaître l’importance totale du travail effectué par le groupe sur cet album. Alors il parait que ça pourrait s’appeler du post-black. Soit. Je ne suis pas un fan de tiroirs stylistiques, mais, après tout c’est pas con, vu qu’en général la digestion c’est « après », sauf qu’on sait tous ce qui arrive après la digestion… Donc je dis non ! (Et je le dis fort !). On est dans la sublimation pure et simple d’un genre, genre qui, bien que maitrisé du début à toutes ses fins, n’est qu’un moyen de raconter (en allemand principalement mais aussi un peu en anglais) ce que l’émotion brute doit à la musique et vice versa.
Il n’est pas évident pour un groupe de Black Metal de citer Chopin comme guide créatif sans passer pour une bande de branquignols pédant avec des haches. Avouons-le il y a autant de liens entre Emperor et Paganini qu’entre une dinde et un paon (vous choisirez qui est qui selon vos préférences, mais l’étude poussée de la partition vous guidera dans ce qui reste mon choix personnel). Ici c’est tout à fait… évident… Comme si la filiation n’avait été qu’une chose écrite par le destin lui-même sur les sommets percés par le vent d’une forêt millénaire (avec le courant, sinon tu branches pas les guitares).
Me voilà donc bien embêté : je vais devoir me ridiculiser en essayant de dire leur nom à mon meilleur pote sans me planter…
Comme si tous mes neurones s’étaient mis direct en overdrive (même si ça commence par Finisterre II et que je kiffe la Bretagne). Attention donc pour les fans du groupe, potentiel ovni et pour les non fans comme moi, potentielle incompréhension. Mais n’est-ce-pas justement une des particularités de la formation, se situer en marge des marges du Black, de l’atmo, du post Black et même un peu de l’ambiant ? Ici le potentiel revendiqué est romantique, pas au sens comédie ado à base de vampires sexy, non, plutôt Chopin, Chateaubriand et bizarrement je dirai Mogwaï (ok c’est pas romantique même torché à la Kanterbraü mais y a un truc quand même qui fait lien entre les Allemands et les Ecossais et ce n’est pas que l’amour de la bière). De fait, on nage dans un magma extrêmement complexe de déstructuration savante où les orages et les hurlements ne seraient potentiellement pas reniés par les sœurs Brontë si elles avaient grandi à Munich après la chute du mur.
Il y a quelque chose de délibérément étranger aux genres tout en restant dans une culture du Black Metal qui reste le support premier d’un langage. Mais un peu comme Hugo a joué avec le français pour dire la poésie. Autant la première écoute s’est, j’avoue, avérée difficile (je suis pas très romantique même si j’ai appris à l’école comment c’était foutu) autant après plusieurs écoutes, il est difficile de ne pas reconnaître l’importance totale du travail effectué par le groupe sur cet album. Alors il parait que ça pourrait s’appeler du post-black. Soit. Je ne suis pas un fan de tiroirs stylistiques, mais, après tout c’est pas con, vu qu’en général la digestion c’est « après », sauf qu’on sait tous ce qui arrive après la digestion… Donc je dis non ! (Et je le dis fort !). On est dans la sublimation pure et simple d’un genre, genre qui, bien que maitrisé du début à toutes ses fins, n’est qu’un moyen de raconter (en allemand principalement mais aussi un peu en anglais) ce que l’émotion brute doit à la musique et vice versa.
Il n’est pas évident pour un groupe de Black Metal de citer Chopin comme guide créatif sans passer pour une bande de branquignols pédant avec des haches. Avouons-le il y a autant de liens entre Emperor et Paganini qu’entre une dinde et un paon (vous choisirez qui est qui selon vos préférences, mais l’étude poussée de la partition vous guidera dans ce qui reste mon choix personnel). Ici c’est tout à fait… évident… Comme si la filiation n’avait été qu’une chose écrite par le destin lui-même sur les sommets percés par le vent d’une forêt millénaire (avec le courant, sinon tu branches pas les guitares).
Me voilà donc bien embêté : je vais devoir me ridiculiser en essayant de dire leur nom à mon meilleur pote sans me planter…
Critique : Thomas Enault
Note : 9/10
Site du groupe : Page Facebook du groupe
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