Chronique

GHOST - IMPERA / Loma Vista 2022

Le Cardinal Copia sera désormais appelé Papa Emeritus IV. Le règne de la célèbre dynastie se poursuit. Une façon d’effacer sa gouvernance catastrophique sous l’album Prequelle, musicalement controversé, trop commercial, et théâtre dans le monde réel des révélations de toutes les facettes détestables du music business, en particulier de la suprématie d’un homme, un seul, le suédois Tobias Forge. C’est donc avec une rancune assez tenace qu’il pourrait être légitime d’aborder ce cinquième opus. Et pourtant soyez prévenu, il balaye tout d’un revers de la main.

Tout ? Pas tout à fait. S’il est courant d’ignorer les maniaques du contrôle, égoïstes et autres égocentriques, comme on le fait si bien avec un certain Dave, et plus facilement encore avec un certain Freddy, des irréductibles pourront encore et toujours troller sur l’écart entre l’imagerie blasphématoire et cette musique étonnamment légère. Une musique co-produite/co-écrite par des cadors de la pop-dance comme Vincent Pontare, une engeance qui n’hésite pas à pondre des noms comme Call me little sunshine. Hérétiques, au bûcher !

Pourtant, cet album remet les pendules à l’heure en reprenant à son compte l’approche centrée autour de la guitare qui existait sur les trois premiers opus. Riff heavy, leads mélodiques, arpèges et solis percutants sont massivement réinjectés dans les compositions. Comme à son habitude, Tobias Forge pose d’entrée de jeu ses meilleures cartes sur la table. Kaiserion est un véritable cocktail de ce qui fait Ghost, Ghost. Le titre est dynamique et propose une base rythmique inspirée du punk qui met la pêche, et fait instantanément oublier la religion du mid/slow tempo de Prequelle. Un autre pur hit de début d’album, c’est Hunters moon, le plus court. D’une musique aux couleurs Barbie au premier abord, la composition bascule sur un riff cassant et une punchline en béton. Il finit sa course sur une envolée martiale avec des chœurs en fond, ce qui rappelle inévitablement ce à quoi aspire Ghost : devenir le Rammstein du rock.

Même si la patte pop/HardFM est perceptible, il est assez clair que Ghost cherche à tout prix à rallier sa base. Au sommet de cette intention, il y a le grandiloquent, l’horrifique et l’incroyable Twenties qui possède probablement le riff le plus dur à ce jour. Quand il tire le rideau, il ne reste plus que les quelques derniers titres pour que Tobias Forge exprime sa part de lumière, avec des moments bien plus posés, voir des slows comme le très touchant Darkness at the heart of my love. Tout en légéreté. Une fois encore, l’importance de la guitare n’a pas été oubliée. La troupe nous sert ici un arpège aussi simple qu’élégant, repris bien plus tard sous forme de lead qui accompagne la montée en émotion du texte. D’ailleurs, l’ultime titre de l’album cette fin d’album qui cache le titre le plus ambitieux jamais composé dans la discographie. Respite on the spitafields, 6:43, je ne vous dis que ça.


On dit souvent que les surprises les plus inattendues sont les meilleures et c’est peut-être ce qui majore ici mon appréciation de l’album. Il y a pourtant des signes qui ne trompent pas. Si l’occulte s’est fait la malle, il y a toujours l’efficacité, la mise en scène et surtout, encore une fois, la mise en avant des guitares dans tous leurs états. La formule marche. Ghost is f**cking back !


Line-up
Papa Emeritus IV aka Tobias Forge : Chant
A Nameless Ghoul : Guitare
A Nameless Ghoul : Guitare
A Nameless Ghoul : Basse
A Nameless Ghoul : Batterie


Tracklist
01) Imperium
02) Kaisarion
03) Spillways
04) Call Me Little Sunshine
05) Hunter’s Moon
06) Watcher In The Sky
07) Dominion
08) Twenties
09) Darkness At The Heart Of My Love
10) Grift Wood
11) Bite Of Passage
12) Respite On The Spital Fields
 
Critique : Weska
Note : 9/10
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