Chronique

SOILWORK - ÖVERGIVENHETEN / Nuclear Blast 2022

”Quant à l'artiste Soilwork, il n'y aura pas de marche arrière possible. Il y aura donc une suite à ce coup d'essai.” C’est sur ces mots que j’avais conclu la chronique de Verkligehten en 2019, dont la “note” est loin de refléter la déception d’un album trop cheesy et trop heavy retro. Aujourd’hui, le groupe affiche la même vitrine avec un nom suédois, sauf que cette fois-ci, la patte graphique, certes poétique, promet des moments sombres. L’abandon, comme il se traduit, n’est donc pas encore l’abandon du son death mélodique qui fait de Soilwork une référence européenne. Même si le groupe représente bien plus que ça aujourd’hui.


Un très bon album de Soilwork
C’est direct et simple, Övergivenheten est un très bon album de Soilwork. David Andersson a revu la copie pour remettre des ténèbres et de la mélancolie. Björn Strid, son duo et fondateur du groupe, donne sa meilleure performance vocale depuis longtemps et continue d’explorer les possibilités de son chant clair. Les défauts de l’album précédent sont ainsi compensés, ce qui est bien aidé par un choix judicieux de tracklist mais aussi parce que les compositions sont variés et offrent une synthèse du savoir-faire des européens.

Le death mélodique à l'honneur
Soilwork reste ainsi attaché à une certaine idée du métal extrême, ou en tout cas à l’exploitation du growl exceptionnel de son frontman. C’est d’ailleurs lui qui propulse Övergivenheten en ouverture d’album. Une attaque vive au growl, pour poursuivre sur un chant clair lors du refrain, des riffs mélodiques, un lead qui reste bien en tête, et, cerise sur le gâteau, un solo lent et mélancolique ; voilà, la formule est posée. Electric again dans une veine similaire marque justement l’arrivée du solo de Sven Karlsson sur le ton d’un instrument traditionnel. Le claviériste qui a toujours été en retrait, prend le devant de la scène, un cran au-delà de ce qu'il a fait sur l'album précédent. A l’opposé, la batterie, aux blasts beats outranciers à rallonge, se fait plus discrète et varie énormément ses effets. Même dans les titres les plus agressifs, It is in your darkness et Golgata Bastian Thusgaard parvient à un bel équilibre et s’éloigne encore un peu plus du style de son illustre mentor Dirk Verbeuren (Recruté chez Megadeth en 2016).

Nous sommes la guerre, nous sommes le contraire, nous sommes l’opposition, nous attendons le porteur de lumière.

Nous sommes la guerre, cet ovni
Des titres moins conventionnels, Övergivenheten n’en manque pas. Il faudra compter sur des titres inévitables de la nouvelle palette du groupe comme le cheesy/cucul-la-praline, Valley of gloam, ou encore Death, I hear you calling et son heavy traditionnel. La magie de la tracklist fait néanmoins bien passer ces titres, ce qui va permettre de faire le zoom sur deux ovnis de l’album.

Nous sommes la guerre est un des titres les plus originals composés par le groupe à ce jour. Outre l’hommage à sa langue favorite, et à son acolyte Sylvain Coudret, David Andersson a composé un véritable ovni, qui ne tient ni vraiment du travail avec Björn Strid sur The Night Flight Orchestra, ni des autres morceaux lents déjà composés par le groupe. Inqualifiable, intriguant. Sworn to a great divide, un album de mi-carrière, un peu oublié, renaît au travers de Vultures qui se caractérise par un ton grave et sérieux, imposé par un riff simple et une batterie qui martèle la double pédale. Par jeu de contraste, Björn Strid signe le refrain le plus chargé d’émotion de tout l’album, accompagné par une phase bien plus aérienne. Le solo fait un client d’oeil au style far wast et le morceau s’écroule sur un duo guitare/piano qui méritera en sus un interlude.

J’ai cherché la lumière, j’ai erré aveuglément dans la nuit, mais je suis l’arbre ancestral, intouchable, inoubliable, et invulnérable.

Chaos et Lumière
Vultures marque un véritable tournant dans l’album. Des phases additionnelles contenant riffs, lead ou encore clavier, viennent enrichir l’album d’une dose de chaos et de lumière, parfois en simultané, qui donne tout son sens à la pochette de l’album. Pleine d’audace, cette deuxième moitié, mérite vraiment le détour. J’ai une préférence pour Dreams of nowhere, peut-être le plus classique, en grande partie parce qu’il se poursuit par l’interlude The everlasting flame, dont la poésie du nom n’a d’égal que celle de la mélodie du clavier, à son tour interrompue par un riff à la suédoise qui ouvre Golgata.

Soilwork provoque une vraie surprise en 2022. En considérant Verkligehten comme un essai, övergivenheten est la transformation. Le retour de crise sanitaire aidant à produire le death mélodique que les fans aiment tant, Soilwork fait fonctionner ensemble ses nouvelles orientations avec ses racines. Les expériences insolites sont aussi bonnes à prendre car, encore une fois, la tracklist a été vraiment bien travaillée. Présence dans le top 10 assurée !


Line-up
Björn “Speed” Strid : chant
David Andersson : guitare
Sylvain Coudret : guitare
Rasmus Ehrborn : basse
Sven Karlsson : claviers
Bastian Thusgaard : batterie

Track list
01 - Övergivenheten
02 - Nous Sommes la Guerre
03 - Electric Again
04 - Valleys of Gloam
05 - Is It in Your Darkness
06 - Vultures
07 - Morgongåva/Stormfågel
08 - Death, I Hear You Calling
09 - This Godless Universe
10 - Dreams of Nowhere
11 - The Everlasting Flame
12 - Golgata
13 - Harvest Spine
14 - On The Wings Of A Goddess Through Flaming Sheets Of Rain
 
Critique : Weska
Note : 9/10
Site du groupe : Page Facebook
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