Interview

Avec cet album j'ai eu l'impression que vous avez trouvé votre style un gros mélange de vos derniers albums tout en proposant encore quelques nouveautés ?
Du tout : nous ne sommes jamais partis à la quête d'un style. Le seul élément qui ferait que Golden Decadence est plus abouti que les autres, repose sur la liberté artistique totale qu'on nous a laissé cette fois ! Pour le reste, on ne renie rien des 3 albums précédents ou des étiquettes que l'on nous a collé sur le front.


Il y a encore eu quelques changement au niveau personnel, peux tu nous en dire plus sur ces changements ?
Phil Sissler à la basse et Fred Seiler à la batterie nous ont rejoint l'an dernier, pour les gros rendez-vous de Live à ne surtout pas rater... c'est un gros apport musical, et au-delà,
une super ambiance de boulot...


J'ai pas mal pensé à Samael, voir Korn lors de l'écoute, est ce une influence pour vous et fut elle présente lors de la composition ?
C'est juste, mais par contre, ce qui est formidable dans les influences dont on dépend (Samael et Korn en font partie, au même titre que les Guns n'Roses, Aerosmith, Pink Floyd, Dimmu Borgir ou Eminem...) c'est qu'elles agissent sur toi sans que tu aies à y penser, au niveau de l'inconscient : elles définissent de voies « pré-tracées » d'inspiration... donc le boulot consiste surtout à éviter de les emprunter, sous peine de faire apparaître des ressemblances trop frappantes


Une nouvelle fois la production est vraiment excellente, est ce un domaine dans lequel vous aimerez vous développer vous même ?
Comme le style Karelia sort vraiment des clous du métal pur et « intègre », on a tendance à se faire assez souvent sabrer sur des choix artistiques subjectifs... DONC on veut être irréprochable sur les éléments objectifs et mesurables ! La prod en fait partie et donc, à ce niveau là, c'est forcément plus important pour nous de tenir le pavé très haut pour revendiquer un statut.


J'adore le réel dynamisme de cet album on sent que vous avez essayé de préserver le coté live de vos titres ?
Oui c'est bien vu : les titres sont justement prévus pour le live (et des live souvent courts en première partie de groupes importants) du coup, il faut concentrer l'énergie dans un minimum de temps ! Il faut que ca respire la sueur tout en gardant le côté glacé et propre d'une production studio.


Selon vous, qu’est-ce qui va surprendre les fans du groupe à l’écoute de Golden Decadence ?
Les véritables fans de Karelia ne sont plus vraiment en mesure d'être vraiment surpris par quoi que ce soit ! En tout cas, en terme de style et de choix artistiques... la seule chose qui pourrait les surprendre serait un album bâclé, produit par dessus la jambe, avec un certain mépris pour eux... et ça n'arrivera jamais.


Une petite question concernant votre reprise, cette fois ci vous avez fait fort : du Queen !! Très osez comme choix !!?
C'est vrai, sans doute... mais c'est ce qui fait le challenge... depuis que l'album est sorti, on a entendu tout et son contraire !!! C'est la polémique ultime... si le métal était un style populaire, on ferait sans doute la couverture de Closer avec cette affaire. Pour autant, on a juste tenté de faire du Karelia sur la base de l'une des plus belles chansons jamais composées dont on est profondément admiratifs... on est bien loin de la profanation de cimetière, il me semble. Entretemps, on considère que le mec qui nous dit que la reprise est meilleure que l'originale est tout autant à côté de la plaque que celui qui nous reproche un massacre ou un acte blasphématoire... on s'en tape et on est plutôt fiers de ce qu'on essaie de faire !


Pourrais-tu me parler un peu plus de Mytv suck, que voulez vous faire passer comme message ?
C'est l'objet de la pochette ! Le packaging et l'apparence qui prend le pas sur le contenu ! Sur le modèle médiatique MTV, on prépare une génération d'adultes pour qui la curiosité n'existera plus, sachant que la culture naît de la curiosité... l'album est revendicatif et plutôt révolutionnaire, à l'image de ce titre ou de la pochette !


On retrouve le très grand Rudolf Schenker sur deux de vos titres, comment cela c'est passé ?
Comme s'il s'agissait d'un collègue du quartier ! C'est en cela qu'on le remercie profondément : participer à l'album d'un « petit groupe français » c'est déjà louable... mais le faire avec autant de simplicité, c'est encore plus remarquable


Je trouve la pochette très prétentieuse est-ce une manière de choqué, une sorte de rébellion ?
Oh non, même pas... simplement, il arrive un moment dans la vie d'un homme où le fait d'être blindé de pognon à un niveau proprement indécent ne procure plus aucune jouissance. Le seul plaisir qui subsiste consiste à le faire savoir à tout le monde. C'est donc ce qu'on a essayé de faire avec un maximum de bon goût et ce qu'il nous reste de respect pour les masses populaires.


Vous avez fait de nombreuses rencontres dans votre métier. Qui vous a le plus marqué ?
Charlotte de Turckheim. Simple et vraiment sympa... par ailleurs, certains membres de Scorpions sont vraiment cool évidemment. Sérieusement, de façon générale, dans le métal, parmi les plus connus, il est très rarement arrivé de rencontrer de vrais cons, c'est très exceptionnel dans ce milieu !


Si vous ne faisiez pas de la musique, que feriez-vous ?
On aurait sans doute trouvé une façon différente de se prostituer... les méthodes ne manquent pas


Quel est le dernier CD que vous avez acheté ?
« Vovin » de Therion... ca devait être en 1998 il me semble... depuis lors, les ventes d'albums sont ce qu'elles sont !


Quels sont vos projets pour cette fin d’année. Beaucoup de scène, je suppose !
Oui pas mal : le transbordeur de Lyon le 12 octobre, le Bataclan le 19, l'Arena de Genève (avec Scorpions) le 4 novembre... puis des dates plus intimes et modestes, tout seuls !! … notamment Mulhouse, Chambery, Avignon en décembre/janvier... et la suite arrive !


C'est la fin je te laisse conclure.
Jetez une oreille à Golden Decadence, vous adorerez à en frémir ou détesterez à en vomir, mais impossible de rester indifférent