Interview
AVATAR (Version française - 2016) - Johannes Eckerström (Chant)
Avec leur dernier chef d’œuvre “Feathers & Flesh”, AVATAR a envoyé un message fort à la sphère métal. La richesse de la musique, si éclectique, l’histoire et la fable, si belle. Je ne pouvais pas manquer l’opportunité de partager ça avec ces gars. Par chance, Johannes a accepté de répondre à mes questions, et c’est un des gars les plus gentil que j’ai rencontré.
SBM : Merci beaucoup Johannes pour me donner un peu de ton temps et répondre à mes questions.
Tout d’abord comment se passe la tournée ?
Johannes Eckerström : Vraiment super ! Je veux dire… Ce soir c’est complet, demain c’est complet et apparemment hier était aussi complet et ainsi de suite. Ça nous est jamais vraiment arrivé dans le passé donc c’est génial !
En effet beaucoup de concerts sont complets, comment vis tu cette reconnaissance ?
Et bien tu sais quand je ne suis pas aux concerts, je sais pas réellement… Je vis dans mon propre petit monde, un monde normal (Rires).
Mais quand même c’est un grand succès, c’est complet, la popularité grandie, on est toujours pas les Beatles, et il n’y a pas beaucoup de gens en Finlande où je vis donc c’est facile de ne pas être trop impliqué. Et je crois que c’est ce qu’il y a de plus sain à faire, je veux dire, quand on est de retour, pensant « Ok ces chansons ont eu du succès », et qu’on doit enregistrer un autre album, il serait facile de penser « Celle là était bien, refaisons-en une ! ».
Mais on a jamais voulu faire ça parce que notre succès est venu au même moment où on s’est dit « Ne nous répétons pas, essayons de ne pas trouver une formule ».
C’est ce que j’apprécie chez AVATAR, vous évoluez toujours, et avec « Feathers & Flesh » on dirait vraiment que vous avez résumé toute votre carrière.
SI je pouvais remonter le temps, dix ans en arrière quand vous avez créé AVATAR, et que je te donnais « Feathers & Flesh », reconnaîtrais-tu ton propre groupe ? Que penserais-tu de l’album ?
Hum c’est une question marrante… Non je pense pas que je reconnaîtrais AVATAR. Dix ans en arrière « Thoughts of No Tomorrow » venait de sortir. Je serais...(Rires) Fier ! Et choqué qu’on soit capable de faire quelque chose comme ça.
C’était un gros challenge sur la musique de « Thoughts of no Tomorrow » aussi, mais les arrangements là, la manière dont je chante, je serais probablement choqué et submergé. J’espère que je ressentirai la même chose dans dix peu importe ce qu’on fera.
Je pense que ça sera le cas si vous continuez à toujours vous remettre en question ! Regarde ce que vous avez fait, vous avez résumé votre carrière, vous avez fait un concept album, mais bous avez poussez plus loin le truc en écrivant la fable. Tu le sentais que c’était très risqué ?
Non je le savais pas parce mon point du vue personnel sur le risque quand on fait un album c’est qu’on a besoin de prendre des risques, on a besoin de faire quelque chose qui peut échouer parce qu’on doit faire quelque chose de difficile. Parce que c’est comme ça qu’on évolue, c’est comme ça qu’on essaye chaque fois du faire du meilleur art. Si on était du genre « Faisons un album et partons en tournée » et ainsi de suite ça serait naze, ça n’intéresse aucun de nous.
En tant qu’artiste tu regarde toujours le prochain grand truc que tu vas faire… C’est une comparaison prétentieuse mais Léonard de Vinci n’a pas peint Mona Lisa pour se dire « Et si j’en faisais dix de plus ? », il a fait autre chose.
D’un point de vue artistique donc, vu que vous poussez les choses plus loin, je me disais « Pourquoi ils ne font pas une vidéo pour chaque chanson pour illustrer l’histoire ». Comme vos vidéos sont bien pensées ça aurait eu du sens.
Ouais c’était une option, on en a parlé mais… C’est cher. Faire trois minutes de vidéo c’est cher et chronophage. On était pas en position de faire tout l’album comme ça… Un comparaison qui aurait été cool à faire serait ce qu’a fait Daft Punk pour l’album « Discovery » ; c’était un anime entier ; et avec les animaux et le livre un anime aurait été super, peut-être pas un film Disney mais quelque chose de plus sombre.
Mais on a réalisé que c’était impossible à ce moment là donc à la place on a du choisir chanson par chanson et voir combien on pouvait en faire. Ensuite avec cette chanson, on prend les paroles, le thème, on pose l’histoire et on se concentre sur l’idée, le message de chaque chanson.
C’est pourquoi « The Eagle has Landed » parle de ce personnage menteur narcissique, « Night Never Ending » parle d’une tragédie mais qui en même temps montre une étrange forme d’espoir au sein de cette tragédie. Donc on utilise le thème de la chanson et on en fait des morceaux individuels.
C’est ce qui est super avec « Feathers & Flesh », chaque chanson a sa propre moralité, et est aussi un chapitre encré dans une fable. Peux-tu nous résumer la morale de l’histoire ?
C’est juste à propos d’une chouette qui essaye de défendre ce qui ne peut être défendu. Elle essaye de se défendre contre les changement du monde, elle essaye d’éviter l’inévitable. Et le thème principal est commet elle échoue à apprendre vraiment quelque chose, elle a toutes ces leçons, elle rencontre toutes ces perspectives : comment les abeilles vivent leur vie, qu’est ce que la dépression, ce que le loup pensait être important pour elle.
Toutes ces choses la mène dans différentes et l’étourdissent, mais à la fin de la journée, tout s’en va, parce que quand on meurt tout s’en va. Je pense que c’est très morne d’une certaine façon.
Oui mais beaucoup de fables sont mornes et tristes donc ça n’a pas d’importance tant que la moralité est comprise. D’ailleurs, comme tu disais, chaque chanson a son propre thème. Quelle est la chanson qui possède le thème que tu préfères ?
Sur le thème… hum… « Fiddler’s Farewell » est un bon exemple, c’est intéressant pour moi parce que quan on a voulu faire un concept album, on savait qu’on voulait en faire un avant d’avoir le concept. Et une des idée qui a mené à ça, en premier, c’était que je voulais utiliser les fables qui existait déjà et j’ai lu « La Sauterelle et la Fourmi », une vieille fable et je voulais tournée de manière sombre quelque chose d’existant, c’était l’ambition.
Mais ça peut-être aussi « Sky Burial » où, comme sur le reste de l’album je pense, on a peut sonner comme l’idée du thème. C’est un gros challenge, surtout dans le métal parce que le métal peut être tellement de choses, c’est très émouvant de plusieurs façon différentes. Certains sont heavy, d’autres agressif, et c’était un challenge de faire du métal triste. C’est facile de faire agressif ou fier, pompeux et épique, mais faire triste ou mélancolique c’est autre chose et avec « Sky Burial », ça sonne vraiment comme ça doit sonner.
Et aussi « Raven Wine » qui est psychédélique et qui parle de ces corbeaux défoncé avoir bu le sang des animaux morts, ça a du sens pour moi, ou encore « For The Swarm » qui parle des abeilles qui doivent travailler, travailler, travailler. Il y a un mariage fort entre le thème, les paroles et la musique.
Je suis d’accord avec toi sur ça, et personnellement une de mes préférée est « When The Snow Lies Red », le thème est beau, mélancolique et la musique colle vraiment avec cette agressivité, c’est vraiment un adieu enragé.
Il y a de la souffrance et de la fierté pour ce personnage. Il y a ce truc hallucinant du genre « Je me souviendrai de toi », ouais un au revoir enragé exactement !
Un dernier mot sur « Sky Burial » qui est, comme tu disais vraiment mélancolique, épique, vous avez même utilisé des cloches. Est-ce une voie musicale que tu aimerais explorer un peu plus ?
Oui mais tu sais, la prochaine fois on devra le faire d’une façon différente vu qu’on l’a fait de cette manière sur l’album. « Sky Burial » est une chanson qui me donne de la fierté et de la satisfaction dans la façon dont c’est tourné. Le truc cool c’est que les cloches sont réelles, j’aime ça, l’orgue est vrai aussi, on est allé dans une église, on a enregistré un organiste et j’ai du joué la guitare sur ce morceaux.
Vraiment ?
Oui à la base parce que je jouais la guitare sur la démo. Et les gars sont vraiment de meilleurs guitaristes que moi et je me suis débrouillé pour avoir ce son et on en était très satisfait sur cette partie. Je me rappelais pas ce que j’avais fait ou utilisé, j’ai juste appuyé sur des touches et tourné des boutons jusqu’à ce que ça me plaise.
Il n’y avait aucune chance qu’on puisse reproduire ce son alors on a gardé la piste de démo c’est marrant pour moi. Mais il y a tellement à faire avec les trucs orchestraux, sauf pour le violon qui est digital, et au niveau des arrangements ça a été super je pense mais on a aussi fixé un limite à ce qu’on pouvait faire au niveau du son. Et c’est une autre étape d’être capable techniquement, au niveau de la production, d’avoir un orchestre vraiment meilleur, et c’est ce que j’aimerais explorer.
J’avais l’habitude de jouer du trombone donc je sais lire les notes, donc je dois m’entraîner encore plus sur les arrangements orchestraux parce que je trouve ça super sympa à faire, J’aimerais en faire plus.
J’ai vraiment hâte de voir ce que ça va donner ! Donc tu joues de la guitare, tu joues du trombone et on dirait que l’héritage musical du groupe est très varié.
Et bien comme tout le monde est allé à l’école, a fait de la musique au lycée, la plupart d’entre nous a déjà joué un peu de tout. Je jouais du trombone et j’étais dans un grand groupe, notre batteur a surtout été dans l’apprentissage du jazz. Donc ça a été mélangé, quand on était petits on apprenait un peu de ci, un peu de ça et ce que tu continues à explorer par toi même.
Donc il y a deux voyages parallèles je suppose pour nous musiciens : la musique que tu découvre à la maison, sur ton temps libre et qui te fait acheter une guitare ou un double caisse ; et en parallèle à ça tu as aussi la musique des professeurs du genre « Ok maintenant c’est l’heure de jouer de la musique dans une église pour Nöel ». Donc je pense qu’on a tous fait deux voyages en même temps, les professeurs nous disaient quoi faire et c’était de bon professeurs, j’ai aimé qu’ils m’enseignent tout ça.
Et quel voyage a apporté le maquillage ? Je veux dire, tu le porte depuis « Black Waltz », c’était lié au thème à l’époque mais maintenant il semblerait que ça soit devenu l’image du groupe.
Tout d’abord tu a l’air très gentil, calme quand on parle là. Mais quand tu deviens le clown sur scène tu semble démoniaque et fou. Est-ce que tu « l’utilises » comme un masque pour évacuer de la colère ou des frustrations ?
Je n’ai jamais senti que c’était un masque, j’ai senti que c’était une autre manière d’être, j’ai plutôt le sentiment d’être dévêtu. C’est pas que je me cache parce que quand je vais sur scène les regards sont tournés vers moi, ils me regardent, et je n’ai pas de nom de scène, Alice Cooper est un personnage, je que je fais en étant en tenu n’est pas un personnage, c’est Johannes Eckerström et c’est juste une opportunité pour d’être une autre part de moi, d’exprimer une autre part de moi. Donc le visage peint est plus une question d’être dévêtu que vêtu.
Est-ce qu’un jour tu te lasseras de ça ?
On ne sait pas, on ne veut pas se forcer à faire les choses mais c’est toujours excitant, toujours intéressant, ce rôle que je joue a toujours du sens, ce que je fais là, raconter une histoire, c’est pourquoi je suis là au milieu des animaux que j’ai créé (Il montre la couverture de l’album).
Donc tant que ça aura du sens, on continuera d’explorer ça, mais si à un moment ça devient un gimmick stupide on devra changer.
Je suis sûr qu’un management trouvera que c’est une très mauvaise idée de l’enlever, mais en abuser et que ça devienne une mauvaise blague, surtout pour toi, me semble encore plus dangereux.
Je suis entièrement d’accord avec toi sur ça, sage décision de groupe. On dirait vraiment que vous avez créé une vrai démocratie dans le groupe. Vous êtes même crédité comme ça : « Écrit et joué par AVATAR ». Il n’y a pas d’individualité ici, est-ce vraiment le cas ?
Et bien oui mais bien sûr certaines chanson sont majoritairement écrites par un ou deux membre du groupe. Il y a toujours celui qui vient avec la première idée d’une chanson, donc c’est un peu sa chanson d’une façon. Par exemple « Regrets » et « House of Eternal Hunt » sont plus des chansons de Tim je crois, si je me souviens bien, que Jonas a écrit le premier riff et je pense que tout ce qui est arrangement, enlever des trucs, modifier la chanson pour en faire ce qu’elle est, a beaucoup a voir avec le travail de groupe. Et je pense que le solo est de Jonas aussi… SI je me souviens bien ! Parce que là aussi c’est un truc qui prouve qu’on fonctionne comme un groupe : on a tendance à oublier, si tu avais un autre membre du groupe ici avec nous, il se souviendrait de l’écriture de façon différente parce que c’est devenu très flou pour moi.
« Sky Burial » par exemple est une chanson majoritairement écrite par un membre du groupe, mais c’est plutôt rare. Si on part comme ça, « House of Eternal Hunt » est une chanson de Tim, mais tout le monde a fait des millions de choses, « New Land » serait une chanson de Johannes, bien que je sois arrivé avec une version totalement différentes au début. Tu vois c’était mon idée et de là on a travaillé ensemble sur d’autres idées pour une chanson, ensuite on a viré mon idée et on a gardé le reste.
C’est comme ça : d’une idée, on joue ensemble, par exemple « When The Snow Lies Red » est une autre chanson de Tim, il écrit quelques morceaux mais on ne savait pas ce qui serait le refrain ou le couplet. Donc on en a parlé, on l’a joué, on a essayé différentes choses, c’était l’idée de tout le monde. Après la discussion Tim a dit « Ok je reviens » et il a fait la plupart des retouches mais c’était aussi à travers la discussion des six membres, comme si il avait eu des devoirs à faire. Je ne me souviens pas quand on a commencé à faire ça, je crois que c’était pour le troisième album.
Ça explique pourquoi le line-up est stable, vous travaillez en groupe, vous vous comprenez et personne n’est au dessus des autres.
Pas exactement mais tu sais parfois c’est très dur et frustrant mais ça marche toujours à la fin. Je pense que chacun d’entre nous a pu penser « Pourquoi ils comprennent pas ? Idiots ! J’aurais du vendre le projet » (Rires). Mais juste de temps en temps, parce que ce qu’on fait est intense et c’est extrêmement intense d’être autant à bosser dessus.
Je te crois sur parole ! Le travail de groupe ça peut parfois te faire péter les plombs… Dis moi, vous comptez sortir un DVD de cette tournée ?
Non pas sur cette tournée… Peut-être un jour mais ça peut paraître fou mais… les DVD ça fait ancien…
Oui en un sens c’est devenu dépassé.
Je pense qu’on mettra un truc sur Netfix ! (Rires)
(Rires) Pourquoi pas ??
(Rires) On voudrait vraiment filmer notre show parce que pour nous le visuel c’est de l’art aussi.
Ok donc j’espere qu’un jour vous le ferez avec un show special !
Juste avant de finir j’ai une dernière question à la con (Je lui montre une photo sur mon téléphone). Tu sais ce que c’est ?
Oui c’est un bébé chouette…
Oui exactement ! Tu tu la tues dans l’histoire ! Je n’aime pas ça ! Sérieux c’est trop mignon !!!
(Rires) Oui ok… mais dans la vrai vie je suis le père adoptif d’une chouette dans un refuge. Il faut se rappeler qu’en tant que fable, les animaux représentent des attraits humains, des caractéristiques humaines. Tous les animaux sont une partie de mon cerveaux, une partie de moi, et donc des personnes terribles, mais oui j’ai aussi ressenti ça quand je l’ai écrite. Je suis vraiment loin d’être quelqu’un qui tue des animaux.
Bien… c’est bon à entendre ! Comme je disais c’était ma dernière question donc je te laisse les derniers mots si tu veux conclure ou dire quelque chose aux fans français, c’est à toi.
Et bien ça marche uniquement dans le contexte du live mais j’ai appris quoi dire aux fans français pendant un concert et c’est « Faites du bordel [prononcé en français] ». Donc « Venez et faites du bordel ! ».
Ouais je pense que ce soir ce sera un vrai « Bordel » ! Merci encore Johannes pour ton temps et ta gentillesse ! J’espère te revoir bientôt !
Merci mec ! A la prochaine !
SBM : Merci beaucoup Johannes pour me donner un peu de ton temps et répondre à mes questions.
Tout d’abord comment se passe la tournée ?
Johannes Eckerström : Vraiment super ! Je veux dire… Ce soir c’est complet, demain c’est complet et apparemment hier était aussi complet et ainsi de suite. Ça nous est jamais vraiment arrivé dans le passé donc c’est génial !
En effet beaucoup de concerts sont complets, comment vis tu cette reconnaissance ?
Et bien tu sais quand je ne suis pas aux concerts, je sais pas réellement… Je vis dans mon propre petit monde, un monde normal (Rires).
Mais quand même c’est un grand succès, c’est complet, la popularité grandie, on est toujours pas les Beatles, et il n’y a pas beaucoup de gens en Finlande où je vis donc c’est facile de ne pas être trop impliqué. Et je crois que c’est ce qu’il y a de plus sain à faire, je veux dire, quand on est de retour, pensant « Ok ces chansons ont eu du succès », et qu’on doit enregistrer un autre album, il serait facile de penser « Celle là était bien, refaisons-en une ! ».
Mais on a jamais voulu faire ça parce que notre succès est venu au même moment où on s’est dit « Ne nous répétons pas, essayons de ne pas trouver une formule ».
C’est ce que j’apprécie chez AVATAR, vous évoluez toujours, et avec « Feathers & Flesh » on dirait vraiment que vous avez résumé toute votre carrière.
SI je pouvais remonter le temps, dix ans en arrière quand vous avez créé AVATAR, et que je te donnais « Feathers & Flesh », reconnaîtrais-tu ton propre groupe ? Que penserais-tu de l’album ?
Hum c’est une question marrante… Non je pense pas que je reconnaîtrais AVATAR. Dix ans en arrière « Thoughts of No Tomorrow » venait de sortir. Je serais...(Rires) Fier ! Et choqué qu’on soit capable de faire quelque chose comme ça.
C’était un gros challenge sur la musique de « Thoughts of no Tomorrow » aussi, mais les arrangements là, la manière dont je chante, je serais probablement choqué et submergé. J’espère que je ressentirai la même chose dans dix peu importe ce qu’on fera.
Je pense que ça sera le cas si vous continuez à toujours vous remettre en question ! Regarde ce que vous avez fait, vous avez résumé votre carrière, vous avez fait un concept album, mais bous avez poussez plus loin le truc en écrivant la fable. Tu le sentais que c’était très risqué ?
Non je le savais pas parce mon point du vue personnel sur le risque quand on fait un album c’est qu’on a besoin de prendre des risques, on a besoin de faire quelque chose qui peut échouer parce qu’on doit faire quelque chose de difficile. Parce que c’est comme ça qu’on évolue, c’est comme ça qu’on essaye chaque fois du faire du meilleur art. Si on était du genre « Faisons un album et partons en tournée » et ainsi de suite ça serait naze, ça n’intéresse aucun de nous.
En tant qu’artiste tu regarde toujours le prochain grand truc que tu vas faire… C’est une comparaison prétentieuse mais Léonard de Vinci n’a pas peint Mona Lisa pour se dire « Et si j’en faisais dix de plus ? », il a fait autre chose.
D’un point de vue artistique donc, vu que vous poussez les choses plus loin, je me disais « Pourquoi ils ne font pas une vidéo pour chaque chanson pour illustrer l’histoire ». Comme vos vidéos sont bien pensées ça aurait eu du sens.
Ouais c’était une option, on en a parlé mais… C’est cher. Faire trois minutes de vidéo c’est cher et chronophage. On était pas en position de faire tout l’album comme ça… Un comparaison qui aurait été cool à faire serait ce qu’a fait Daft Punk pour l’album « Discovery » ; c’était un anime entier ; et avec les animaux et le livre un anime aurait été super, peut-être pas un film Disney mais quelque chose de plus sombre.
Mais on a réalisé que c’était impossible à ce moment là donc à la place on a du choisir chanson par chanson et voir combien on pouvait en faire. Ensuite avec cette chanson, on prend les paroles, le thème, on pose l’histoire et on se concentre sur l’idée, le message de chaque chanson.
C’est pourquoi « The Eagle has Landed » parle de ce personnage menteur narcissique, « Night Never Ending » parle d’une tragédie mais qui en même temps montre une étrange forme d’espoir au sein de cette tragédie. Donc on utilise le thème de la chanson et on en fait des morceaux individuels.
C’est ce qui est super avec « Feathers & Flesh », chaque chanson a sa propre moralité, et est aussi un chapitre encré dans une fable. Peux-tu nous résumer la morale de l’histoire ?
C’est juste à propos d’une chouette qui essaye de défendre ce qui ne peut être défendu. Elle essaye de se défendre contre les changement du monde, elle essaye d’éviter l’inévitable. Et le thème principal est commet elle échoue à apprendre vraiment quelque chose, elle a toutes ces leçons, elle rencontre toutes ces perspectives : comment les abeilles vivent leur vie, qu’est ce que la dépression, ce que le loup pensait être important pour elle.
Toutes ces choses la mène dans différentes et l’étourdissent, mais à la fin de la journée, tout s’en va, parce que quand on meurt tout s’en va. Je pense que c’est très morne d’une certaine façon.
Oui mais beaucoup de fables sont mornes et tristes donc ça n’a pas d’importance tant que la moralité est comprise. D’ailleurs, comme tu disais, chaque chanson a son propre thème. Quelle est la chanson qui possède le thème que tu préfères ?
Sur le thème… hum… « Fiddler’s Farewell » est un bon exemple, c’est intéressant pour moi parce que quan on a voulu faire un concept album, on savait qu’on voulait en faire un avant d’avoir le concept. Et une des idée qui a mené à ça, en premier, c’était que je voulais utiliser les fables qui existait déjà et j’ai lu « La Sauterelle et la Fourmi », une vieille fable et je voulais tournée de manière sombre quelque chose d’existant, c’était l’ambition.
Mais ça peut-être aussi « Sky Burial » où, comme sur le reste de l’album je pense, on a peut sonner comme l’idée du thème. C’est un gros challenge, surtout dans le métal parce que le métal peut être tellement de choses, c’est très émouvant de plusieurs façon différentes. Certains sont heavy, d’autres agressif, et c’était un challenge de faire du métal triste. C’est facile de faire agressif ou fier, pompeux et épique, mais faire triste ou mélancolique c’est autre chose et avec « Sky Burial », ça sonne vraiment comme ça doit sonner.
Et aussi « Raven Wine » qui est psychédélique et qui parle de ces corbeaux défoncé avoir bu le sang des animaux morts, ça a du sens pour moi, ou encore « For The Swarm » qui parle des abeilles qui doivent travailler, travailler, travailler. Il y a un mariage fort entre le thème, les paroles et la musique.
Je suis d’accord avec toi sur ça, et personnellement une de mes préférée est « When The Snow Lies Red », le thème est beau, mélancolique et la musique colle vraiment avec cette agressivité, c’est vraiment un adieu enragé.
Il y a de la souffrance et de la fierté pour ce personnage. Il y a ce truc hallucinant du genre « Je me souviendrai de toi », ouais un au revoir enragé exactement !
Un dernier mot sur « Sky Burial » qui est, comme tu disais vraiment mélancolique, épique, vous avez même utilisé des cloches. Est-ce une voie musicale que tu aimerais explorer un peu plus ?
Oui mais tu sais, la prochaine fois on devra le faire d’une façon différente vu qu’on l’a fait de cette manière sur l’album. « Sky Burial » est une chanson qui me donne de la fierté et de la satisfaction dans la façon dont c’est tourné. Le truc cool c’est que les cloches sont réelles, j’aime ça, l’orgue est vrai aussi, on est allé dans une église, on a enregistré un organiste et j’ai du joué la guitare sur ce morceaux.
Vraiment ?
Oui à la base parce que je jouais la guitare sur la démo. Et les gars sont vraiment de meilleurs guitaristes que moi et je me suis débrouillé pour avoir ce son et on en était très satisfait sur cette partie. Je me rappelais pas ce que j’avais fait ou utilisé, j’ai juste appuyé sur des touches et tourné des boutons jusqu’à ce que ça me plaise.
Il n’y avait aucune chance qu’on puisse reproduire ce son alors on a gardé la piste de démo c’est marrant pour moi. Mais il y a tellement à faire avec les trucs orchestraux, sauf pour le violon qui est digital, et au niveau des arrangements ça a été super je pense mais on a aussi fixé un limite à ce qu’on pouvait faire au niveau du son. Et c’est une autre étape d’être capable techniquement, au niveau de la production, d’avoir un orchestre vraiment meilleur, et c’est ce que j’aimerais explorer.
J’avais l’habitude de jouer du trombone donc je sais lire les notes, donc je dois m’entraîner encore plus sur les arrangements orchestraux parce que je trouve ça super sympa à faire, J’aimerais en faire plus.
J’ai vraiment hâte de voir ce que ça va donner ! Donc tu joues de la guitare, tu joues du trombone et on dirait que l’héritage musical du groupe est très varié.
Et bien comme tout le monde est allé à l’école, a fait de la musique au lycée, la plupart d’entre nous a déjà joué un peu de tout. Je jouais du trombone et j’étais dans un grand groupe, notre batteur a surtout été dans l’apprentissage du jazz. Donc ça a été mélangé, quand on était petits on apprenait un peu de ci, un peu de ça et ce que tu continues à explorer par toi même.
Donc il y a deux voyages parallèles je suppose pour nous musiciens : la musique que tu découvre à la maison, sur ton temps libre et qui te fait acheter une guitare ou un double caisse ; et en parallèle à ça tu as aussi la musique des professeurs du genre « Ok maintenant c’est l’heure de jouer de la musique dans une église pour Nöel ». Donc je pense qu’on a tous fait deux voyages en même temps, les professeurs nous disaient quoi faire et c’était de bon professeurs, j’ai aimé qu’ils m’enseignent tout ça.
Et quel voyage a apporté le maquillage ? Je veux dire, tu le porte depuis « Black Waltz », c’était lié au thème à l’époque mais maintenant il semblerait que ça soit devenu l’image du groupe.
Tout d’abord tu a l’air très gentil, calme quand on parle là. Mais quand tu deviens le clown sur scène tu semble démoniaque et fou. Est-ce que tu « l’utilises » comme un masque pour évacuer de la colère ou des frustrations ?
Je n’ai jamais senti que c’était un masque, j’ai senti que c’était une autre manière d’être, j’ai plutôt le sentiment d’être dévêtu. C’est pas que je me cache parce que quand je vais sur scène les regards sont tournés vers moi, ils me regardent, et je n’ai pas de nom de scène, Alice Cooper est un personnage, je que je fais en étant en tenu n’est pas un personnage, c’est Johannes Eckerström et c’est juste une opportunité pour d’être une autre part de moi, d’exprimer une autre part de moi. Donc le visage peint est plus une question d’être dévêtu que vêtu.
Est-ce qu’un jour tu te lasseras de ça ?
On ne sait pas, on ne veut pas se forcer à faire les choses mais c’est toujours excitant, toujours intéressant, ce rôle que je joue a toujours du sens, ce que je fais là, raconter une histoire, c’est pourquoi je suis là au milieu des animaux que j’ai créé (Il montre la couverture de l’album).
Donc tant que ça aura du sens, on continuera d’explorer ça, mais si à un moment ça devient un gimmick stupide on devra changer.
Je suis sûr qu’un management trouvera que c’est une très mauvaise idée de l’enlever, mais en abuser et que ça devienne une mauvaise blague, surtout pour toi, me semble encore plus dangereux.
Je suis entièrement d’accord avec toi sur ça, sage décision de groupe. On dirait vraiment que vous avez créé une vrai démocratie dans le groupe. Vous êtes même crédité comme ça : « Écrit et joué par AVATAR ». Il n’y a pas d’individualité ici, est-ce vraiment le cas ?
Et bien oui mais bien sûr certaines chanson sont majoritairement écrites par un ou deux membre du groupe. Il y a toujours celui qui vient avec la première idée d’une chanson, donc c’est un peu sa chanson d’une façon. Par exemple « Regrets » et « House of Eternal Hunt » sont plus des chansons de Tim je crois, si je me souviens bien, que Jonas a écrit le premier riff et je pense que tout ce qui est arrangement, enlever des trucs, modifier la chanson pour en faire ce qu’elle est, a beaucoup a voir avec le travail de groupe. Et je pense que le solo est de Jonas aussi… SI je me souviens bien ! Parce que là aussi c’est un truc qui prouve qu’on fonctionne comme un groupe : on a tendance à oublier, si tu avais un autre membre du groupe ici avec nous, il se souviendrait de l’écriture de façon différente parce que c’est devenu très flou pour moi.
« Sky Burial » par exemple est une chanson majoritairement écrite par un membre du groupe, mais c’est plutôt rare. Si on part comme ça, « House of Eternal Hunt » est une chanson de Tim, mais tout le monde a fait des millions de choses, « New Land » serait une chanson de Johannes, bien que je sois arrivé avec une version totalement différentes au début. Tu vois c’était mon idée et de là on a travaillé ensemble sur d’autres idées pour une chanson, ensuite on a viré mon idée et on a gardé le reste.
C’est comme ça : d’une idée, on joue ensemble, par exemple « When The Snow Lies Red » est une autre chanson de Tim, il écrit quelques morceaux mais on ne savait pas ce qui serait le refrain ou le couplet. Donc on en a parlé, on l’a joué, on a essayé différentes choses, c’était l’idée de tout le monde. Après la discussion Tim a dit « Ok je reviens » et il a fait la plupart des retouches mais c’était aussi à travers la discussion des six membres, comme si il avait eu des devoirs à faire. Je ne me souviens pas quand on a commencé à faire ça, je crois que c’était pour le troisième album.
Ça explique pourquoi le line-up est stable, vous travaillez en groupe, vous vous comprenez et personne n’est au dessus des autres.
Pas exactement mais tu sais parfois c’est très dur et frustrant mais ça marche toujours à la fin. Je pense que chacun d’entre nous a pu penser « Pourquoi ils comprennent pas ? Idiots ! J’aurais du vendre le projet » (Rires). Mais juste de temps en temps, parce que ce qu’on fait est intense et c’est extrêmement intense d’être autant à bosser dessus.
Je te crois sur parole ! Le travail de groupe ça peut parfois te faire péter les plombs… Dis moi, vous comptez sortir un DVD de cette tournée ?
Non pas sur cette tournée… Peut-être un jour mais ça peut paraître fou mais… les DVD ça fait ancien…
Oui en un sens c’est devenu dépassé.
Je pense qu’on mettra un truc sur Netfix ! (Rires)
(Rires) Pourquoi pas ??
(Rires) On voudrait vraiment filmer notre show parce que pour nous le visuel c’est de l’art aussi.
Ok donc j’espere qu’un jour vous le ferez avec un show special !
Juste avant de finir j’ai une dernière question à la con (Je lui montre une photo sur mon téléphone). Tu sais ce que c’est ?
Oui c’est un bébé chouette…
Oui exactement ! Tu tu la tues dans l’histoire ! Je n’aime pas ça ! Sérieux c’est trop mignon !!!
(Rires) Oui ok… mais dans la vrai vie je suis le père adoptif d’une chouette dans un refuge. Il faut se rappeler qu’en tant que fable, les animaux représentent des attraits humains, des caractéristiques humaines. Tous les animaux sont une partie de mon cerveaux, une partie de moi, et donc des personnes terribles, mais oui j’ai aussi ressenti ça quand je l’ai écrite. Je suis vraiment loin d’être quelqu’un qui tue des animaux.
Bien… c’est bon à entendre ! Comme je disais c’était ma dernière question donc je te laisse les derniers mots si tu veux conclure ou dire quelque chose aux fans français, c’est à toi.
Et bien ça marche uniquement dans le contexte du live mais j’ai appris quoi dire aux fans français pendant un concert et c’est « Faites du bordel [prononcé en français] ». Donc « Venez et faites du bordel ! ».
Ouais je pense que ce soir ce sera un vrai « Bordel » ! Merci encore Johannes pour ton temps et ta gentillesse ! J’espère te revoir bientôt !
Merci mec ! A la prochaine !
Critique : SBM
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