Interview

STEVEN WILSON (2018) - Steven Wilson

Nouvelle star de la musique progressive, Steven Wilson a sorti l'an dernier un « To The Bone » que l'on peut aisèment classer dans les chefs d'oeuvre du genre. Musicien virtuose et producteur éclairé, Steven Wilson est un petit génie comme il en existe peu. Nous l'avons rencontré au Hellfest à quelques jours de son prochain Olympia.

« Tu es l'un des artistes les plus connus de la scène progressive. C'est ton background-musical ? »


« Je n'avais pas de genre musical particulier. J'écoutais de tout : des Bee Gees au death-metal en passant par Pink Floyd. Ma mère aimait beaucoup le disco. Je ne me considère pas comme un musicien qui fait de la musique prog. J'étais intéressé par l'idée de raconter des histoires. On associe souvent cela à la musique progressive. »

« Tu n'écoutais pas de musique progressive plus jeune mais des groupes comme les Cocteau Twins ou Slowdive. »

« Mes amis à l'école écoutaient Madness, les Jam. J'ai découvert à cette époque Slowdive, les Cocteau Twins puis plus tard King Crimson. Tout cela était mélangé chez moi, ces univers musicaux très différents les uns des autres. »

« Tu es très éclectique dans tes goûts. »

« Oui, j'aime des tas de choses, de la noise jusqu'à la pop. J'ai peut être payé le prix d'être aussi éclectique car c'est plus simple pour les gens de te mettre dans un cadre. Mais je ne changerai jamais.»

« Tu as travaillé avec Alan Parsons, des membres de King Crimson. Cela a dû être passionnant. »

« Oui, bien sûr, ca l'a été. On ne se rend pas compte à quel point la musique progressive est différente d'un artiste à l'autre. Jehtro Tull est presque folk, Pink Floyd a un côté chill-out et Yes est encore différent. »

« Tu joues à la fois dans des festivals metal comme ici et dans d'autres absolument pas metal. Quelle sensation cela procure à un musicien ? »

« Je joue dans des festivals metal comme dans des festival folk ou jazz. Je trouve que c'est une bonne chose et ça me fait très plaisir. »

« Tu te sens plus producteur que musicien ? »

« Mes héros étaient des gens qui étaient à la fois musicien et producteur, je pense à quelqu'un comme Prince. Je suis le plus mauvais musicien de mon groupe. Je me considère davantage comme un chef d'orchestre que comme un musicien.»

« Tu imagines tes disques comme des BO de films ? »

« Tout à fait. J'ai cette vision lorsque je compose un disque. L'image est très importante aussi dans mes concerts. C'est pourquoi j'utilise nombre de vidéos sur scène.»

« Es-tu fier que ton ancien groupe Porcupine Tree soit devenu culte ? »

« Le son que nous avions était novateur. De nombreux groupes s'en sont inspirés. Mais je suis un peu frustré car j'ai l'impression que nous intéressons davantage les gens aujourd'hui qu'à l'époque où nous étions ensemble. Nous sommes peut être arrivés trop tôt. »

« Tu te sens mieux en tant qu'artiste solo ? »

« En étant un artiste solo, j'ai plus de possibilités. Je peux changer de musiciens d'un disque à l'autre. La structure groupe est plus lourde. »

« Tu as dit que « To The Bone » était le disque qui reflétait ton background musical. »

« La musique pop des 80's était très ambitieuse. Les disques de Talk Talk, Kate Bush l'étaient. C'étaient des artistes mainstream mais qui sortaient des disques complexes avec des paroles souvent très sombres. Il est impossible de cataloguer Kate Bush. C'est pour cela qu'elle est devenue une icône musicale. J'ai eu envie de faire un disque dans cette veine.»

« As-tu commencé à écrire de nouveaux morceaux ? »

« Oui, j'ai déjà écrit quelques titres. Ce sera très différent de « To The Bone ». J'espère que le prochain album sortira l'an prochain. »

« Tu es devenu très connu en France. C'est quelque chose qui te touche ? »

« C'est la France qui a fait le meilleur accueil à « To The Bone ». J'ai une forte connexion avec ce pays. L'Olympia où je vais rejouer bientôt est un lieu magique.

« Tu plais à la fois au public rock et au public intello. C'est rare chez un artiste. »

« C'est quelque chose qui me fait infiniment plaisir. »

« Tu as dit l'an dernier que tu aimerais faire un album qui soit le croisement de Kate Bush et de Daft Punk. »

« J'ai dit cela (rires). Oui, j'aimerais bien faire un album avec un côté électronique. J'ai cela en tête. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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