Interview
TURILLI / LIONE RHAPSODY - Fabio Lione (Chant)
C’est avec grand plaisir que nous retrouvons Fabio Lione pour une nouvelle interview, histoire de parler de cette nouvelle aventure musicale qu’il a choisit de faire en compagnie de Luca Turilli. Plus besoin de les présenter, alors autant aller à l’essentiel.
Avec ce nouvel album vous avez opté pour le risque en prenant un nouveau tournant, avec une musique variée, empruntant différents styles musicaux, différentes approches. J’ai été surpris par le fait que mes deux enfants âgés de cinq et huit ans aient adhéré à l’album de par sa composition ‘complexe’ et subtile. Après avoir avoir fait cette approche, j’ai réalisé que ça faisait huit ans que Luca et toi n’aviez pas été en studio ensemble.
Effectivement ça fait un long moment que ça n’été pas arrivé. Mais en même temps, nous avons grandit, nous avons aussi mûrit . Nous travaillions avec des personnes différentes à cette époque et maintenant nous pouvons dire que nous sommes aussi toujours les mêmes personnes mais différentes à la fois car nous avons plus d’expérience. On se connaît depuis bien longtemps maintenant. Et je pense que c’est le meilleur enregistrement en studio que l’on ait fait ensemble à ce jour. On se connaît mieux, et même si ce que l’on fait n’est pas facile on sait que l’on sera rapide sur l’aspect travail. Luca n’a pas besoin de m’expliquer ce qu’il a en tête quand il compose une ligne de chant car il sait que je vais chanter de telle ou telle manière. Et c’est la même chose pour moi. Au bout de deux ou trois prises nous avons ce que nous recherchions. On peut donc rajouter de nouvelles choses et au bout de quatre ou cinq prises nous avons un meilleur résultat et quelque chose de super, du moins de notre point de vue.
Je suis d’accord avec toi car la variété des chansons fait que cet album n’est pas lassant. Ca reste frais à chaque écoute. Ca n’a pas été facile pour moi au niveau vocal avec toutes ces variations de tonalités dans à peu prêt toutes les chansons mais c’est ce que j’aime. Je me souviens de quelqu’un qui m’a demandé si c’était le même chanteur qui chantait sur tous les morceaux. Et c’est ce que j’ai toujours voulu montrer / faire. Donner ces variations vocales car c’est ce que j’aime.
Durant le Farewell Tour je t’ai vu passer d’une voix opéra à une voix plus metal, et je me suis dit que ça devait être quelque chose de compliqué pour l’ingénieur son de gérer ces changements.
Oui ce n’est pas facile du tout pour lui. C’est pourquoi nous faisons des répétitions avec toute l’équipe et plus particulièrement avec l’ingé son car il doit savoir exactement à quelle seconde et à quel moment je change ma voix. J’adore aussi chanter de manière « opéra », c’est même quelque chose qui est plus facile pour moi étrangement. J’ai pris quelque chose comme onze leçons en 1993 au près d’un vieux monsieur avec une voix Bariton. Il n’aimait pas que je sois attiré par le rock mais il m’a dit que m’a voix était faite pour ça et que j’avais le même résultat en dix ou onze leçons que certains de ses étudiants qui étaient là depuis sept ou huit ans. Il ne savait pas pourquoi, mais c’est comme ça. Donc parfois il est plus facile pour moi de chanter un opéra que de chanter une chanson classique de Rhapsody. Mais c’est super car avec ça on peut écrire, composer, jouer des chansons très variées. Par conséquent le show que le groupe propose sur scène en est encore plus riche et varié.
C’est la première fois que vous nommez des invités en featuring sur un album. D’habitude vous les mettez dans les crédits du livret. Pourquoi ce choix ?
Par exemple quand nous avons composé D.N.A, qui est un dialogue entre donc un ange et un démon, la combinaison entre la voix d’Elize - la chanteuse d’Amaranthe et le mienne est parfaite. Je la connait depuis des années car nous avons tourné avec Kamelot ensemble en 2011 et 2012, aussi nous voulions vraiment que ce soit elle qui chante sur ce titre. Et même si nous savions qu’elle était beaucoup occupée avec son groupe (tournée etc.) elle nous a dit qu’elle trouverait un jour pour le faire. Et le résultat est génial. Elle nous a envoyé le fichier et nous avons réalisé qu’elle chantait du début à la fin, d’un seul trait. Elle n’a pas enregistré petit bout par petit bout. Et je me souviens en studio lui avoir envoyé une démo sur laquelle je chantais les parties d’Elize en essayant d’avoir une voix de fille (ndlr: et la mimique qui va avec aussi pendant qu’il nous dit ça) pour rendre son travail plus simple. Donc elle écoutait une vraie voix sur la musique et ce fût drôle car elle m’a répondu « ok je n’ai pas besoin de chanter » (rires).
Et avec Simone Mularoni, l’ingénieur son du studio et qui est aussi un très bon guitariste dans le groupe DGM, nous lui avons demandé d’écrire à son chanteur Mark Basile pour que nous puissions l’avoir sur la chanson I AM. On voulait deux voix d’hommes différentes pour ce titre qui est plus progressif à travers ses sept minutes. On ne voulait pas que ce soit simplement moi qui change de registre vocal.
Nous avons aussi un invité sur Oceano, mais je ne suis pas sur que tu l’ai écoutée car c’est le titre bonus, qui est une reprise d’une vieille chanson italienne chantée par une femme mais dont on écoutait une version refaite par un américain dans un style proche d’Andrea Bocelli. Nous en avons fait une reprise façon Rhapsody et nous avons demandé à Sascha Paeth de faire la basse et aussi au guitariste Arne Wiegand du groupe Santiano de jouer sur ce morceau titre (c’est un musicien très contenu en Allemagne, et uniquement en Allemagne mais qui vend des millions d’albums précise Fabio, ndlr). Il s’est chargé de toutes les parties de guitares acoustiques, de la mandoline, et de tout ce qui est vraiment particulier sur ce titre niveau instruments. Sans oublier notre ami Alessandro Conti qui a contribué aux choeurs sur quelques titres. Et nous devons aussi remercier Simone Mularoni pour son travail car il nous a donné ce grand son moderne et plus particulièrement sur le son des guitares qui sont plus lourdes et présentes qu’avant.
Finalement vous avez pu faire une production cent pour cent italienne.
Oui c’est la première fois. Luca a toujours eu peur de faire ça en Italie. Il ne connaissait pas Simone, c’est moi qui lui en ai parlé; du studio, de son travail etc. Luca en a aussi parlé avec Ale Conti qui lui a dit la même chose. Nous sommes donc venus au studio et nous avons été agréablement surpris. Ca a même été mieux que ce que nous l’avions espéré car San Marino est un très belle ville et même si elle n’est pas grande et que tu n’as qu’une heure de libre, tu peux aller voir quelque chose de joli, tu peux bien manger, tu peux parler italien. C’est un peu comme à la maison. Et je pense que c’est pour cette raison que c’est la meilleure expérience studio que nous ayons faite ensemble à ce jour et c’est pourquoi je pense que nous allons travailler avec lui dans le futur.
En parlant de production, Sascha Paeth votre premier ingénieur son est aussi de la partie comme tu nous l’a dit.
Il est un peu comme un membre de la famille. Quand on lui a fait la demande pour Oceano, il était en tournée avec Avantasia et nous a dit qu’il allait le faire, qu’il trouverait le temps pendant un jour de repos. C’est un homme très gentil, un bon ami, mais avec nos plannings respectifs il est difficile de faire quelque chose en commun. On n’a pas travaillé avec lui depuis de nombreuses années maintenant, mais c’est quelqu’un qui rend les choses plus simples et je suis sur que la qualité aurait aussi été au rendez vous avec lui sur cet album. Nous sommes vraiment heureux qu’il ait accepté d’être parmi les musiciens invités sur cet album. Avoir tout ça, rend cet album encore plus spécial, plus unique.
Et ce tout en prenant ce nouvel élan de fraicheur et de nouveauté
Je pense que ça reste toujours dans un esprit du Rhapsody du passé. Disons environ trente pour-cent du passé et le reste c’est pour l’évolution. C’est pour ça que nous avons des sons et instruments ethniques du Tibet, d’Inde par exemple que tu peux ressentir sur certaines chansons. Puis il il y a aussi des influences comme Queen, ou des influences plus progressives. Et j’aime plus particulièrement ce que nous avons fait sur I AM car comme je l’ai dit, même sur un titre progressif de sept minutes, nous avons cette partie centrale qui sonne comme Queen et ça reste limpide. Je me souviens que même Simone a été surpris du résultat et nous a dit « wow, ce titre est dans une veine à la Dream Theater et vous avez été capable d’insérer une partie à la Queen dans cette chanson ».
Prenons aussi Fast Radio Burst. Je pense que c’est la chanson la plus heavy que Rhapsody est faite à ce jour niveau guitares. Mais c’est génial, car je dois te dire que nous avions un peu peur quand nous avons demandé à Alex, Dominique et Patrice s’ils voulaient nous rejoindre pour un nouvel album, un nouveau groupe mais que ce ne serait pas la même musique. Ils auraient pu nous que c’était trop si ou trop ça pour eux, mais ils ont aimé l’idée et ce sont des amis. Nous sommes vraiment content que le groupe prenne un nouvelle direction.
Maintenant on attend de voir la réaction des fans. Parfois on se dit qu’il possible que l’on soit allé un peu trop loin ou pas. Mais au moins nous nous disons que ce que nous avons fait c’est ce que nous voulions vraiment. A ce jour, nous aimons et nous voulons composer ce genre de musique. Nous sommes honnêtes avec nous même.
En parlant de live, avez-vous déjà considéré ne plus jouer Emerald Sword en concert ?
(Fabio grince des dents). Qui t’a dit ça ? … Je pense que c’est clair. Oui, nous jouerons des grands classiques de Rhapsody mais nous devons choisir les bons morceaux, ceux qui ce raccordent le mieux avec notre musique actuelle. Et on a tout ce qu’il faut à travers tous nos albums avec par exemple des titres comme Frozen Tears Of Angels, Cristal Moonlight, Reign Of Terror, voire même Riding The Winds Of Eternity qui est issu de l’album Symphony Of Enchanted Lands Part.1 . On peut donc avoir plein de chansons qui peuvent s’intégrer à la setlist. Mais Emerald Sword ne sera certainement pas sur notre setlist pour les nouveaux concerts, tu as raison.
J’ai été surpris par tout ce travail fait au niveau des arrangements, du travail au niveau piano fait sur cet album.
Luca s’est occupé de tout ce qui est piano. C’est un pianiste très talentueux. On est aussi en train de voir si pour les prochains concerts Luca ne jouera pas la moitié du temps au piano et l’autre à la guitare. C’est peut être une chose qui risque de choquer les fans qui le considèrent juste comme un guitariste mais en fait il est plus pianiste que guitariste. Je pense que ce sera vraiment intéressant d’avoir cette approche sur scène, en voyant Luca jouer de la guitare sur un morceau puis jouer au piano sur un autre titre. Ce qui veut dire bien sur que l’autre guitariste (Dominique Leurquin, ndlr) devra travailler encore plus. Qui de mieux que Luca pour jouer les morceaux qu’il a composé ?
La chanson Amata Immortale par exemple est vraiment particulière car c’est du « free time ». C’est juste du piano et la voix. Il n’y a pas de clic. C’est vraiment difficile. Il joue du piano et tu dois suivre comme ça (il fait des grimaces en même temps qu’il nous explique, ndlr).
En plus Amata Immortale est un titre vraiment particulier.
C’est une chanson inspirée de Giacomo Leopardi qui est un ancien écrivain / poète et on lui dédie la chanson. Sans oublier Arcanum, DaVinci Enigma qui est bien entendue dédicacée à Leonardo DaVinci. Je pense qu’il est important que ce groupe fasse quelque chose de nouveau, de metal, de progressif, mais toujours avec ses origines italiennes. Ce n’est pas facile pour un groupe de vouloir donner un message sans pour autant perdre ses influences, sa culture, l’histoire de son pays. Par exemple quand je chante avec Angra, ils ajoutent aussi ces touches / ambiances brésiliennes dans leur musique et ils ont raison. Il y a aussi Myrath qui vient de Tunisie qui le fait. Et c’est juste. Car si tu es un bon groupe, que tu écoutes de la musique américaine et que tu composes dans cette optique / vision des choses tu pourrais avoir de bons résultats. Mais tu ne seras pas unique. Tu essayes juste de faire ce que tel ou tel groupe venant des Etats-Unis fait déjà. Tu n’es pas personnel alors que tu te dois de mettre ta touche personnelle dans la musique. C’est pourquoi je suis très fier de cet album car il y a aussi des influences italiennes dedans.
Dans Arcanum nous utilisons un passage de Verdi par exemple (Fabio commence à chantonner pour nous situer le passage, ndlr). Et la façon dont Luca compose n’est pas loin de cette vision de Paganini ou Verdi. C’est pourquoi il n’est pas facile pour un autre musicien ou un autre chanteur de travailler avec Luca car sa vision de la musique est un peu différente d’un personne ‘basique’ qui compose du rock.
Au delà du piano sur cet album, l’instrument principal est la voix .
Nous avons pensé l’album en se basant sur la voix. Nous voulons que nos fans aient la possibilité de vivre le concert et aussi qu’ils aient la possibilité de chanter tout le concert avec nous. Nous avons tout commencé par la voix. Nous avons enregistré l’album d’une manière totalement différente comparé à ce qui se fait d’habitude. Quand j’ai enregistré mes parties vocales, j’étais le premier. Il n’y avait pas de guitares, pas de basse, juste un peu de batterie et le piano. Parce que nous voulons d’abord finaliser la voix et ensuite ajouter les autres instruments. En temps normal c’est l’inverse. Quand un chanteur va en studio tout est fait. Il écoute la chanson en entier et y rajoute sa voix. Même Simone, notre ingé son, a été surpris par ce choix. Il se demandait comment je faisais pour enregistrer la chanson sans entendre la guitare ou comment je faisais pour chanter façon opéra sans entendre les choeurs. Mais pour Luca et moi c’est différent car on sait à quoi la musique va ressembler et je sais exactement comment les choeurs vont sonner avec la voix. Donc même si je n’ai pas les choeurs, car le travail n’est pas finit, je vais chanter de manière à ce que ça se connecte avec les choeurs. Et ma voix est aussi dans les choeurs. Je sais comment Luca va jouer, je sais comment sera le son des guitares. C’est comme en écoutant uniquement le piano je sais qu’à tel moment il faut que je chante de manière agressive car il y aura une guitare qui sera agressive à ce moment là. Cela a été difficile au début pour Simone car il ne comprenait pas que je puisse par exemple de manière agressive juste en écoutant du piano. Je peux faire ça car Luca et moi nous connaissons très bien et ce depuis de nombreuses années. Avec quelqu’un d’autre ce ne serait pas possible.
Avec Marc Basile par exemple. Il était au studio pendant deux heure et demi par exemple, Luca lui expliquait comment il devait chanter et ce n’était pas si facile au début car ils ne se connaissaient pas. Et le deuxième jour il est resté deux fois moins longtemps pour chanter par ce qu’il commençait à comprendre ce que Luca voulait quand il disait ça ou ça.
Dans mon cas, et dans certains cas qui peuvent paraître très compliqué par exemple sur un passage très court mais difficile on pourrait y rester une heure alors qu’on le fait peut être en sept ou cinq minutes. C’est comme ça. Mais je sais que ce n’est pas facile quand tu es nouveau ou que tu ne sais pas les choses.
Avec ce nouvel album vous avez opté pour le risque en prenant un nouveau tournant, avec une musique variée, empruntant différents styles musicaux, différentes approches. J’ai été surpris par le fait que mes deux enfants âgés de cinq et huit ans aient adhéré à l’album de par sa composition ‘complexe’ et subtile. Après avoir avoir fait cette approche, j’ai réalisé que ça faisait huit ans que Luca et toi n’aviez pas été en studio ensemble.
Effectivement ça fait un long moment que ça n’été pas arrivé. Mais en même temps, nous avons grandit, nous avons aussi mûrit . Nous travaillions avec des personnes différentes à cette époque et maintenant nous pouvons dire que nous sommes aussi toujours les mêmes personnes mais différentes à la fois car nous avons plus d’expérience. On se connaît depuis bien longtemps maintenant. Et je pense que c’est le meilleur enregistrement en studio que l’on ait fait ensemble à ce jour. On se connaît mieux, et même si ce que l’on fait n’est pas facile on sait que l’on sera rapide sur l’aspect travail. Luca n’a pas besoin de m’expliquer ce qu’il a en tête quand il compose une ligne de chant car il sait que je vais chanter de telle ou telle manière. Et c’est la même chose pour moi. Au bout de deux ou trois prises nous avons ce que nous recherchions. On peut donc rajouter de nouvelles choses et au bout de quatre ou cinq prises nous avons un meilleur résultat et quelque chose de super, du moins de notre point de vue.
Je suis d’accord avec toi car la variété des chansons fait que cet album n’est pas lassant. Ca reste frais à chaque écoute. Ca n’a pas été facile pour moi au niveau vocal avec toutes ces variations de tonalités dans à peu prêt toutes les chansons mais c’est ce que j’aime. Je me souviens de quelqu’un qui m’a demandé si c’était le même chanteur qui chantait sur tous les morceaux. Et c’est ce que j’ai toujours voulu montrer / faire. Donner ces variations vocales car c’est ce que j’aime.
Durant le Farewell Tour je t’ai vu passer d’une voix opéra à une voix plus metal, et je me suis dit que ça devait être quelque chose de compliqué pour l’ingénieur son de gérer ces changements.
Oui ce n’est pas facile du tout pour lui. C’est pourquoi nous faisons des répétitions avec toute l’équipe et plus particulièrement avec l’ingé son car il doit savoir exactement à quelle seconde et à quel moment je change ma voix. J’adore aussi chanter de manière « opéra », c’est même quelque chose qui est plus facile pour moi étrangement. J’ai pris quelque chose comme onze leçons en 1993 au près d’un vieux monsieur avec une voix Bariton. Il n’aimait pas que je sois attiré par le rock mais il m’a dit que m’a voix était faite pour ça et que j’avais le même résultat en dix ou onze leçons que certains de ses étudiants qui étaient là depuis sept ou huit ans. Il ne savait pas pourquoi, mais c’est comme ça. Donc parfois il est plus facile pour moi de chanter un opéra que de chanter une chanson classique de Rhapsody. Mais c’est super car avec ça on peut écrire, composer, jouer des chansons très variées. Par conséquent le show que le groupe propose sur scène en est encore plus riche et varié.
C’est la première fois que vous nommez des invités en featuring sur un album. D’habitude vous les mettez dans les crédits du livret. Pourquoi ce choix ?
Par exemple quand nous avons composé D.N.A, qui est un dialogue entre donc un ange et un démon, la combinaison entre la voix d’Elize - la chanteuse d’Amaranthe et le mienne est parfaite. Je la connait depuis des années car nous avons tourné avec Kamelot ensemble en 2011 et 2012, aussi nous voulions vraiment que ce soit elle qui chante sur ce titre. Et même si nous savions qu’elle était beaucoup occupée avec son groupe (tournée etc.) elle nous a dit qu’elle trouverait un jour pour le faire. Et le résultat est génial. Elle nous a envoyé le fichier et nous avons réalisé qu’elle chantait du début à la fin, d’un seul trait. Elle n’a pas enregistré petit bout par petit bout. Et je me souviens en studio lui avoir envoyé une démo sur laquelle je chantais les parties d’Elize en essayant d’avoir une voix de fille (ndlr: et la mimique qui va avec aussi pendant qu’il nous dit ça) pour rendre son travail plus simple. Donc elle écoutait une vraie voix sur la musique et ce fût drôle car elle m’a répondu « ok je n’ai pas besoin de chanter » (rires).
Et avec Simone Mularoni, l’ingénieur son du studio et qui est aussi un très bon guitariste dans le groupe DGM, nous lui avons demandé d’écrire à son chanteur Mark Basile pour que nous puissions l’avoir sur la chanson I AM. On voulait deux voix d’hommes différentes pour ce titre qui est plus progressif à travers ses sept minutes. On ne voulait pas que ce soit simplement moi qui change de registre vocal.
Nous avons aussi un invité sur Oceano, mais je ne suis pas sur que tu l’ai écoutée car c’est le titre bonus, qui est une reprise d’une vieille chanson italienne chantée par une femme mais dont on écoutait une version refaite par un américain dans un style proche d’Andrea Bocelli. Nous en avons fait une reprise façon Rhapsody et nous avons demandé à Sascha Paeth de faire la basse et aussi au guitariste Arne Wiegand du groupe Santiano de jouer sur ce morceau titre (c’est un musicien très contenu en Allemagne, et uniquement en Allemagne mais qui vend des millions d’albums précise Fabio, ndlr). Il s’est chargé de toutes les parties de guitares acoustiques, de la mandoline, et de tout ce qui est vraiment particulier sur ce titre niveau instruments. Sans oublier notre ami Alessandro Conti qui a contribué aux choeurs sur quelques titres. Et nous devons aussi remercier Simone Mularoni pour son travail car il nous a donné ce grand son moderne et plus particulièrement sur le son des guitares qui sont plus lourdes et présentes qu’avant.
Finalement vous avez pu faire une production cent pour cent italienne.
Oui c’est la première fois. Luca a toujours eu peur de faire ça en Italie. Il ne connaissait pas Simone, c’est moi qui lui en ai parlé; du studio, de son travail etc. Luca en a aussi parlé avec Ale Conti qui lui a dit la même chose. Nous sommes donc venus au studio et nous avons été agréablement surpris. Ca a même été mieux que ce que nous l’avions espéré car San Marino est un très belle ville et même si elle n’est pas grande et que tu n’as qu’une heure de libre, tu peux aller voir quelque chose de joli, tu peux bien manger, tu peux parler italien. C’est un peu comme à la maison. Et je pense que c’est pour cette raison que c’est la meilleure expérience studio que nous ayons faite ensemble à ce jour et c’est pourquoi je pense que nous allons travailler avec lui dans le futur.
En parlant de production, Sascha Paeth votre premier ingénieur son est aussi de la partie comme tu nous l’a dit.
Il est un peu comme un membre de la famille. Quand on lui a fait la demande pour Oceano, il était en tournée avec Avantasia et nous a dit qu’il allait le faire, qu’il trouverait le temps pendant un jour de repos. C’est un homme très gentil, un bon ami, mais avec nos plannings respectifs il est difficile de faire quelque chose en commun. On n’a pas travaillé avec lui depuis de nombreuses années maintenant, mais c’est quelqu’un qui rend les choses plus simples et je suis sur que la qualité aurait aussi été au rendez vous avec lui sur cet album. Nous sommes vraiment heureux qu’il ait accepté d’être parmi les musiciens invités sur cet album. Avoir tout ça, rend cet album encore plus spécial, plus unique.
Et ce tout en prenant ce nouvel élan de fraicheur et de nouveauté
Je pense que ça reste toujours dans un esprit du Rhapsody du passé. Disons environ trente pour-cent du passé et le reste c’est pour l’évolution. C’est pour ça que nous avons des sons et instruments ethniques du Tibet, d’Inde par exemple que tu peux ressentir sur certaines chansons. Puis il il y a aussi des influences comme Queen, ou des influences plus progressives. Et j’aime plus particulièrement ce que nous avons fait sur I AM car comme je l’ai dit, même sur un titre progressif de sept minutes, nous avons cette partie centrale qui sonne comme Queen et ça reste limpide. Je me souviens que même Simone a été surpris du résultat et nous a dit « wow, ce titre est dans une veine à la Dream Theater et vous avez été capable d’insérer une partie à la Queen dans cette chanson ».
Prenons aussi Fast Radio Burst. Je pense que c’est la chanson la plus heavy que Rhapsody est faite à ce jour niveau guitares. Mais c’est génial, car je dois te dire que nous avions un peu peur quand nous avons demandé à Alex, Dominique et Patrice s’ils voulaient nous rejoindre pour un nouvel album, un nouveau groupe mais que ce ne serait pas la même musique. Ils auraient pu nous que c’était trop si ou trop ça pour eux, mais ils ont aimé l’idée et ce sont des amis. Nous sommes vraiment content que le groupe prenne un nouvelle direction.
Maintenant on attend de voir la réaction des fans. Parfois on se dit qu’il possible que l’on soit allé un peu trop loin ou pas. Mais au moins nous nous disons que ce que nous avons fait c’est ce que nous voulions vraiment. A ce jour, nous aimons et nous voulons composer ce genre de musique. Nous sommes honnêtes avec nous même.
En parlant de live, avez-vous déjà considéré ne plus jouer Emerald Sword en concert ?
(Fabio grince des dents). Qui t’a dit ça ? … Je pense que c’est clair. Oui, nous jouerons des grands classiques de Rhapsody mais nous devons choisir les bons morceaux, ceux qui ce raccordent le mieux avec notre musique actuelle. Et on a tout ce qu’il faut à travers tous nos albums avec par exemple des titres comme Frozen Tears Of Angels, Cristal Moonlight, Reign Of Terror, voire même Riding The Winds Of Eternity qui est issu de l’album Symphony Of Enchanted Lands Part.1 . On peut donc avoir plein de chansons qui peuvent s’intégrer à la setlist. Mais Emerald Sword ne sera certainement pas sur notre setlist pour les nouveaux concerts, tu as raison.
J’ai été surpris par tout ce travail fait au niveau des arrangements, du travail au niveau piano fait sur cet album.
Luca s’est occupé de tout ce qui est piano. C’est un pianiste très talentueux. On est aussi en train de voir si pour les prochains concerts Luca ne jouera pas la moitié du temps au piano et l’autre à la guitare. C’est peut être une chose qui risque de choquer les fans qui le considèrent juste comme un guitariste mais en fait il est plus pianiste que guitariste. Je pense que ce sera vraiment intéressant d’avoir cette approche sur scène, en voyant Luca jouer de la guitare sur un morceau puis jouer au piano sur un autre titre. Ce qui veut dire bien sur que l’autre guitariste (Dominique Leurquin, ndlr) devra travailler encore plus. Qui de mieux que Luca pour jouer les morceaux qu’il a composé ?
La chanson Amata Immortale par exemple est vraiment particulière car c’est du « free time ». C’est juste du piano et la voix. Il n’y a pas de clic. C’est vraiment difficile. Il joue du piano et tu dois suivre comme ça (il fait des grimaces en même temps qu’il nous explique, ndlr).
En plus Amata Immortale est un titre vraiment particulier.
C’est une chanson inspirée de Giacomo Leopardi qui est un ancien écrivain / poète et on lui dédie la chanson. Sans oublier Arcanum, DaVinci Enigma qui est bien entendue dédicacée à Leonardo DaVinci. Je pense qu’il est important que ce groupe fasse quelque chose de nouveau, de metal, de progressif, mais toujours avec ses origines italiennes. Ce n’est pas facile pour un groupe de vouloir donner un message sans pour autant perdre ses influences, sa culture, l’histoire de son pays. Par exemple quand je chante avec Angra, ils ajoutent aussi ces touches / ambiances brésiliennes dans leur musique et ils ont raison. Il y a aussi Myrath qui vient de Tunisie qui le fait. Et c’est juste. Car si tu es un bon groupe, que tu écoutes de la musique américaine et que tu composes dans cette optique / vision des choses tu pourrais avoir de bons résultats. Mais tu ne seras pas unique. Tu essayes juste de faire ce que tel ou tel groupe venant des Etats-Unis fait déjà. Tu n’es pas personnel alors que tu te dois de mettre ta touche personnelle dans la musique. C’est pourquoi je suis très fier de cet album car il y a aussi des influences italiennes dedans.
Dans Arcanum nous utilisons un passage de Verdi par exemple (Fabio commence à chantonner pour nous situer le passage, ndlr). Et la façon dont Luca compose n’est pas loin de cette vision de Paganini ou Verdi. C’est pourquoi il n’est pas facile pour un autre musicien ou un autre chanteur de travailler avec Luca car sa vision de la musique est un peu différente d’un personne ‘basique’ qui compose du rock.
Au delà du piano sur cet album, l’instrument principal est la voix .
Nous avons pensé l’album en se basant sur la voix. Nous voulons que nos fans aient la possibilité de vivre le concert et aussi qu’ils aient la possibilité de chanter tout le concert avec nous. Nous avons tout commencé par la voix. Nous avons enregistré l’album d’une manière totalement différente comparé à ce qui se fait d’habitude. Quand j’ai enregistré mes parties vocales, j’étais le premier. Il n’y avait pas de guitares, pas de basse, juste un peu de batterie et le piano. Parce que nous voulons d’abord finaliser la voix et ensuite ajouter les autres instruments. En temps normal c’est l’inverse. Quand un chanteur va en studio tout est fait. Il écoute la chanson en entier et y rajoute sa voix. Même Simone, notre ingé son, a été surpris par ce choix. Il se demandait comment je faisais pour enregistrer la chanson sans entendre la guitare ou comment je faisais pour chanter façon opéra sans entendre les choeurs. Mais pour Luca et moi c’est différent car on sait à quoi la musique va ressembler et je sais exactement comment les choeurs vont sonner avec la voix. Donc même si je n’ai pas les choeurs, car le travail n’est pas finit, je vais chanter de manière à ce que ça se connecte avec les choeurs. Et ma voix est aussi dans les choeurs. Je sais comment Luca va jouer, je sais comment sera le son des guitares. C’est comme en écoutant uniquement le piano je sais qu’à tel moment il faut que je chante de manière agressive car il y aura une guitare qui sera agressive à ce moment là. Cela a été difficile au début pour Simone car il ne comprenait pas que je puisse par exemple de manière agressive juste en écoutant du piano. Je peux faire ça car Luca et moi nous connaissons très bien et ce depuis de nombreuses années. Avec quelqu’un d’autre ce ne serait pas possible.
Avec Marc Basile par exemple. Il était au studio pendant deux heure et demi par exemple, Luca lui expliquait comment il devait chanter et ce n’était pas si facile au début car ils ne se connaissaient pas. Et le deuxième jour il est resté deux fois moins longtemps pour chanter par ce qu’il commençait à comprendre ce que Luca voulait quand il disait ça ou ça.
Dans mon cas, et dans certains cas qui peuvent paraître très compliqué par exemple sur un passage très court mais difficile on pourrait y rester une heure alors qu’on le fait peut être en sept ou cinq minutes. C’est comme ça. Mais je sais que ce n’est pas facile quand tu es nouveau ou que tu ne sais pas les choses.
Critique : Thomas Enault
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