Interview

BEYOND CREATION (2020) - Simon Girard (Chant / Guitare)

Les Montréalais de Beyond Creation viennent de sortir une nouvelle vidéo, « Surface’s Echoes », extraite de leur album « Algorythm ». La scène québécoise a une grande tradition de death/tech avec des groupes comme Gorguts, Cryptopsy, Neuraxis. Beyond Creation la perpétue de la plus belle des manières. Rencontre avec Simon Girard, chanteur-guitariste du groupe.

« Vous venez de réaliser une vidéo de « Surface's Echoes ». Je sais que c'est l'un de vos morceaux préférés de l'album. »


« C'est un des titres que l'on préfère jouer live parce qu’il possède plusieurs ambiances différentes. On a pensé que c'était le bon moment pour la sortir. Les gens avec le confinement ont le temps pour regarder des vidéos à la maison, malheureusement. On a eu 10000 vues en cinq jours ce qui est bien. »

« Vous l'avez filmé chez vous à Montréal ? »

« On avait filmé plusieurs morceaux lors de notre show à Montréal fin 2018, peu de temps après la sortie de l'album, dont celui-ci. »

« Qui est Ismael Mossadeq qui a réalisé la vidéo ? »

« C'est un ami que l'on connait depuis maintenant quelques années. C'est un excellent réalisateur. On est très content de son travail. Le montage est vraiment super. »

« Algorythm » est sorti il y a un an et demi. Vous êtes déjà dans la préparation d'un nouvel album ? »

« Vu la situation actuelle on se trouve bloqué à la maison. J'en profite pour composer, que ce soit pour Beyond Creation mais également pour un projet perso. J'aime bien composer quand je suis tranquille et c'est bien sûr le cas en ce moment. C'est plus dur de le faire lorsque nous sommes en tournée. Mon projet est très loin de ce que je fais avec Beyond Creation. C'est dans l'esprit de Skinny Puppy, Mars Volta. Il y aura du classique, du jazz, du blues, du funk dans cet album. Cela m'ouvre des portes dont je pourrai me servir pour Beyond Creation. »

« Il y a une tradition de death/tech au Québec avec des groupes comme Gorguts, Martyr, Neuraxis. Comment expliques-tu cela ? »

« Il y a un gros studio de répétition à Montréal, la Cité 2000. Plein de groupes répètent là-bas donc on finit par tous se connaître. Cela forme une belle grande famille. Tous les groupes que tu cites y répètent, à part Martyr qui n'existe plus. On a partagé la scène avec ces groupes et avec les mecs de Voivod qui sont des passionnés de musique. »

« Il y a toujours dans vos albums des morceaux en français. Pourquoi ? »

« Nous sommes québécois. Le français, c'est nos racines. C'est important de faire des titres dans notre langue pour cette raison. On en fait au moins un ou deux par album. »

« Vous êtes très technique mais ne voulez pas n'être que cela. »

« On aime la technique parce que c'est un challenge. Mais cela doit rester au service de la musique. Celle-ci est faite pour faire ressentir des émotions. Le dernier album est très axé sur la composition. C'est plus mélodique. La complexité se retrouve dans la composition des morceaux. »

« Vous avez un côté rock progressif important. »

« J'ai grandi avec Queen, Pink Floyd, Led Zep...Des groupes assez prog d'une certaine façon. Plus jeune, on a moins de bagage au niveau composition. Sur notre premier album que j'aime quand même beaucoup, il y a moins ce côté musical qu'aujourd'hui. Pink Floyd est l'un de mes groupes préférés mais j'avais des barrières par rapport à ça. Je n'osais pas m'y confronter. Là je suis revenu aux bases du pourquoi j'écoute de la musique. »

« Il y a un morceau de l'album « Binomial Structures » qui démarre quasiment jazz. »

« J'ai plein d'influences différentes. Je ne suis pas un grand connaisseur en jazz mais m'y intéresse beaucoup. J'aime essayer des choses différentes. »

« Vos morceaux ont un côté très cinématographique. »

« Je fais beaucoup d'orchestration. Un peu avant d'entrer en studio pour « Algorythm », un ami m'a parlé des choses qu'utilisaient Hans Zimmer pour les BO de Batman. On a pris un violoncelliste pour l'album donc cela crée une autre atmosphère. Je voulais ce côté cinématographique, que l'album soit comme un voyage. »

« Vous pouvez aussi être très brutal comme sur « The Afterlife »

« J'ai beaucoup écouté Nécrophagist qui a eu un impact sur ma façon de composer. Le metal est plus ouvert qu'à ses débuts. C'est la beauté du genre que d'explorer plein de genres différents. Unexpect par exemple allait dans plein de directions musicales. C'était très intéressant. »

« On vous qualifie souvent de tech-death-progressif. Tu te retrouves là-dedans ?

« Plus les années avancent, plus j'ai de plaisir avec la compo. Du coup, cela devient plus prog, plus dynamique. Si on me dit tu es prog et metal ça me convient. »

« Vous avez des projets de tournée en Europe dans le futur ? »

« C'est difficile à savoir pour le moment. On devait jouer dans plusieurs festivals en Europe cet été. Tout a été, bien sûr, annulé. On essaie de se concentrer sur l'année prochaine. »

« Vous avez joué au Hellfest en 2017. Quel souvenir en gardes-tu ? »

« Cela a été une expérience unique. Voir autant de monde pour nous a été une belle surprise. Cela m'a permis en plus de voir Deep Purple et Aerosmith. C'était vraiment super. J'en garde un très bon souvenir. On espère le refaire un jour. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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