Interview
OVTRENOIR (2020) - William Lacalmontie (Chant / Guitare)
On attendait avec une certaine impatience le premier album de Ovtrenoir. Celui-ci nous arrive enfin et ne déçoit en aucune façon nos attentes. Un superbe album complexe et intelligent de post-metal teinté de post-rock. Entretien avec William Lacalmontie, chanteur et guitariste du groupe.
« Le EP « Eroded était sorti » il y a quatre ans. Vous aviez sorti un single il y a deux ans. Ce premier album a été long à arriver. »
« Nos projets solos prenent du temps et puis nous voulions mûrir le projet, faire les choses bien. « Je suis le compositeur principal du groupe. Je mets du temps à composer. On voulait sortir les morceaux lorsqu'ils seraient là, lorsqu'ils seraient mûrs. Nous ne voulions pas faire une démo forcé. »
« L'album est différent de ce qu'était le EP. »
« Eroded » était un EP assez monolitique. Le single ouvrait à plus de mélodie. L'album va encore plus loin dans cette direction. On a retravaillé notre son. On voulait un som massif et mélodique à la fois. On ne voulait pas que la mélodie soit noyé sous une chape de plomb. On voulait apporter noirceur et mélodie en contraste tout le temps. »
« Il y a un côté clair obscur dans ce disque. Je me demandais si le côté dur représente le noir et celui mélodique le blanc. »
« C'est vraiment ça. Il y a des passages plus atmosphériques, ambient avec des drones sur pas mal de morceaux. Il y a même un morceau accoustique. On voulait confronter noirceur et lumière, qu'il y ait de l'espoit même dans les riffs les plus sombres.Le nom du groupe vient de ce concept développé par Pierre Soulages de peindre ces monochromes noirs, noir telement pur qu'il reflète de la lumière. »
« Je me demandais justement si Soulages vous influence ? »
« Complètement. Je suis fan. Cela a été l'un de mes premiers chocs esthétiques. Voir ses toiles au Musée a été un choc à chaque fois que j'y suis allé. »
« Vous semblez très branchés art. »
« Nous sommes très branchés photo, peinture, cinéma, c'est vrai. L'art au sens large a beaucoup d'influence tant dans notre musique que dans notre écriture.. »
« Chez Ovtrenoir il y a l'idée de construire des atmosphères. »
« Tout à fait. Construire un climat. Prendre ce qui existe et le développer le plus loin possible. Faire quelque chose de dynamique. C'est ce qui m'intéresse dans la construction d'un morceau. Faire un morceau pesant avec un riff lumineux avant de revenir à un gros riff de guitare. »
« Les titres sont longs. »
« Nous ne sommes pas dans la construction couplet/refrain. Ce que l'on fait n'appelle pas à un format radio. Nos titres ne font pas non plus dix minutes. Six, sept minutes est un bon entre deux pour installer un climat. »
« Votre musique est complexe sans être prétentieuse, sans chercher à impressionner l'auditeur. »
« C'est vrai. On ne cherche pas à faire quelque chose qui soit une démonstration technique. Les riffs sont assez simples. Les accords se sont complexifiés sur cet album pour créer des dissonances. Cela a été plus facile pour moi car autrefois j'assurais sur scène chant et guitare. Un cinquième membre est venu nous épauler pour le live. J'ai pu me concentrer sur la compo. »
« Il y a quelque chose d'épuré dans ce disque. »
« On a envie de pouvoir reproduire ce que l'on fait en studio sur scène. On ne veut pas rajouter des effets que l'on ne pourrait pas faire live. Nous ne sommes pas des fans de la technique et du matériel. On ne joue pas avec des pédaliers à rallonge. »
« Vous n'êtes pas un groupe purement post-metal. Il y a des côtés post-rock chez Ovtrenoir. »
« Oui il y a plein d'influences dans le groupe. Je dis post-metal pour avoir une étiquette un peu large. Qui pourrait nous rapprocher de groupes comme Cult of Luna ou Neurosis. »
« Tu n'es pas agacé que l'on vous compare tout le temps à Cult of Luna ? »
« Non pas du tout. Dans le post-metal c'est un peu la référence. On se rapproche d'eux sur le côté mélodique. On compose en accoustique. Les structures des morceaux sont composés de cette façon. Mon idée était que si ça sonne en accoustique ça sonnerait en électrique. »
« Vous n'avez pas le côté noise de Neurosis. »
« Je ne cherche pas à avoir une voix metal classique mais une voix rauque noyée dans les guitares. Neurosis fait cela. Par contre c'est vrai que nous n'avons pas le côté noise de leurs débuts. »
« Vous avez tous des projets parallèles. Ils nourrisssent le groupe ? »
« On joue live avec Throane. Jouer avec Dehn Sora (ndlr qui est aussi dans Ovtrenoir) a changé ma façon de composer. »
« L'album a été produit par Francis Caste. Que vous-a-t-il apporté ? »
« Il a produit nos trois disques. Il comprend très vite où l'on veut aller. Il a une palette très large dans le metal. Cela a été un bonheur que de travailler avec lui. Il t'encourage. Il nous a permis d'aller plus loin pour ce disque. »
« Que représente cette pochette avec ces champs de feu ? »
« C'est une vision de désolation. Je parle dans les textes de mes angoisses de sentiment de rejet, d'abandon. Je place ses angoisses dans des décors désolés. J'étais tombé sur un poeme américain qui parlait de champs de feu. Poême qui m'avait marqué. C'est un élément qui revient à plusieurs reprises dans l'album. »
« I Made My Heart A Field of Fire » y fait clairement référence. C'est un morceau sur l'amour ? »
« Quasiment. Sans pour autant que cet album soit un disque de rupture amoureuse. C'est un album un peu desespéré quand même. »
« Même si c'est désespéré il y a une renaissance après le noir. »
« Je voulais incorporer cet élément de feu. Tu peux le trouver dans le phénix lorsqu'il renait de ses cendres. Le feu fait table rase de plein d'éléments, c'est vrai mais il permet aussi de trouver des forces pour se reconstruire. Je trouvais cela intéressant. Le symbole m'a suivi tout au long de l'écriture. La pochette vient d'un artiste japonais, Hideyuki Ishibashi, que j'ai découvert lors d'une expo. Il travaille à partir de ce qui lui vient de ses rêves. Lorsque j'ai vu ce tirage de deux mètres sur deux j'ai su que ce serait la pochette du disque. »
« Une photo pareille mérite un vinyle. »
« Il va sortir en vinyle. C'est un bel objet. Avec la situation actuelle on a eu peur de ne pouvoir le sortir dans ce format mais je suis content que cela soit possible. »
« Vous êtes sur un label belge, Consouling Sounds. »
« Ca se passe bien avec eux et nous sommes proches de la scène post-metal belge. Il y a eu une envie chez ces groupes de mettre le corps en avant et de dépasser des limites. C'est important de dépasser ses peurs et ses angoisses, que celles-ci nourrisent l'énergie sur scène.
« La release doit avoir lieu en Novembre au Bus Palladium. Sais-tu si c'est maintenu ? »
« C'est en stand by. On ne sait pas. On joue à Charleroi en Belgique. C'est le seul truc que l'on sait actuellement. »
« Le EP « Eroded était sorti » il y a quatre ans. Vous aviez sorti un single il y a deux ans. Ce premier album a été long à arriver. »
« Nos projets solos prenent du temps et puis nous voulions mûrir le projet, faire les choses bien. « Je suis le compositeur principal du groupe. Je mets du temps à composer. On voulait sortir les morceaux lorsqu'ils seraient là, lorsqu'ils seraient mûrs. Nous ne voulions pas faire une démo forcé. »
« L'album est différent de ce qu'était le EP. »
« Eroded » était un EP assez monolitique. Le single ouvrait à plus de mélodie. L'album va encore plus loin dans cette direction. On a retravaillé notre son. On voulait un som massif et mélodique à la fois. On ne voulait pas que la mélodie soit noyé sous une chape de plomb. On voulait apporter noirceur et mélodie en contraste tout le temps. »
« Il y a un côté clair obscur dans ce disque. Je me demandais si le côté dur représente le noir et celui mélodique le blanc. »
« C'est vraiment ça. Il y a des passages plus atmosphériques, ambient avec des drones sur pas mal de morceaux. Il y a même un morceau accoustique. On voulait confronter noirceur et lumière, qu'il y ait de l'espoit même dans les riffs les plus sombres.Le nom du groupe vient de ce concept développé par Pierre Soulages de peindre ces monochromes noirs, noir telement pur qu'il reflète de la lumière. »
« Je me demandais justement si Soulages vous influence ? »
« Complètement. Je suis fan. Cela a été l'un de mes premiers chocs esthétiques. Voir ses toiles au Musée a été un choc à chaque fois que j'y suis allé. »
« Vous semblez très branchés art. »
« Nous sommes très branchés photo, peinture, cinéma, c'est vrai. L'art au sens large a beaucoup d'influence tant dans notre musique que dans notre écriture.. »
« Chez Ovtrenoir il y a l'idée de construire des atmosphères. »
« Tout à fait. Construire un climat. Prendre ce qui existe et le développer le plus loin possible. Faire quelque chose de dynamique. C'est ce qui m'intéresse dans la construction d'un morceau. Faire un morceau pesant avec un riff lumineux avant de revenir à un gros riff de guitare. »
« Les titres sont longs. »
« Nous ne sommes pas dans la construction couplet/refrain. Ce que l'on fait n'appelle pas à un format radio. Nos titres ne font pas non plus dix minutes. Six, sept minutes est un bon entre deux pour installer un climat. »
« Votre musique est complexe sans être prétentieuse, sans chercher à impressionner l'auditeur. »
« C'est vrai. On ne cherche pas à faire quelque chose qui soit une démonstration technique. Les riffs sont assez simples. Les accords se sont complexifiés sur cet album pour créer des dissonances. Cela a été plus facile pour moi car autrefois j'assurais sur scène chant et guitare. Un cinquième membre est venu nous épauler pour le live. J'ai pu me concentrer sur la compo. »
« Il y a quelque chose d'épuré dans ce disque. »
« On a envie de pouvoir reproduire ce que l'on fait en studio sur scène. On ne veut pas rajouter des effets que l'on ne pourrait pas faire live. Nous ne sommes pas des fans de la technique et du matériel. On ne joue pas avec des pédaliers à rallonge. »
« Vous n'êtes pas un groupe purement post-metal. Il y a des côtés post-rock chez Ovtrenoir. »
« Oui il y a plein d'influences dans le groupe. Je dis post-metal pour avoir une étiquette un peu large. Qui pourrait nous rapprocher de groupes comme Cult of Luna ou Neurosis. »
« Tu n'es pas agacé que l'on vous compare tout le temps à Cult of Luna ? »
« Non pas du tout. Dans le post-metal c'est un peu la référence. On se rapproche d'eux sur le côté mélodique. On compose en accoustique. Les structures des morceaux sont composés de cette façon. Mon idée était que si ça sonne en accoustique ça sonnerait en électrique. »
« Vous n'avez pas le côté noise de Neurosis. »
« Je ne cherche pas à avoir une voix metal classique mais une voix rauque noyée dans les guitares. Neurosis fait cela. Par contre c'est vrai que nous n'avons pas le côté noise de leurs débuts. »
« Vous avez tous des projets parallèles. Ils nourrisssent le groupe ? »
« On joue live avec Throane. Jouer avec Dehn Sora (ndlr qui est aussi dans Ovtrenoir) a changé ma façon de composer. »
« L'album a été produit par Francis Caste. Que vous-a-t-il apporté ? »
« Il a produit nos trois disques. Il comprend très vite où l'on veut aller. Il a une palette très large dans le metal. Cela a été un bonheur que de travailler avec lui. Il t'encourage. Il nous a permis d'aller plus loin pour ce disque. »
« Que représente cette pochette avec ces champs de feu ? »
« C'est une vision de désolation. Je parle dans les textes de mes angoisses de sentiment de rejet, d'abandon. Je place ses angoisses dans des décors désolés. J'étais tombé sur un poeme américain qui parlait de champs de feu. Poême qui m'avait marqué. C'est un élément qui revient à plusieurs reprises dans l'album. »
« I Made My Heart A Field of Fire » y fait clairement référence. C'est un morceau sur l'amour ? »
« Quasiment. Sans pour autant que cet album soit un disque de rupture amoureuse. C'est un album un peu desespéré quand même. »
« Même si c'est désespéré il y a une renaissance après le noir. »
« Je voulais incorporer cet élément de feu. Tu peux le trouver dans le phénix lorsqu'il renait de ses cendres. Le feu fait table rase de plein d'éléments, c'est vrai mais il permet aussi de trouver des forces pour se reconstruire. Je trouvais cela intéressant. Le symbole m'a suivi tout au long de l'écriture. La pochette vient d'un artiste japonais, Hideyuki Ishibashi, que j'ai découvert lors d'une expo. Il travaille à partir de ce qui lui vient de ses rêves. Lorsque j'ai vu ce tirage de deux mètres sur deux j'ai su que ce serait la pochette du disque. »
« Une photo pareille mérite un vinyle. »
« Il va sortir en vinyle. C'est un bel objet. Avec la situation actuelle on a eu peur de ne pouvoir le sortir dans ce format mais je suis content que cela soit possible. »
« Vous êtes sur un label belge, Consouling Sounds. »
« Ca se passe bien avec eux et nous sommes proches de la scène post-metal belge. Il y a eu une envie chez ces groupes de mettre le corps en avant et de dépasser des limites. C'est important de dépasser ses peurs et ses angoisses, que celles-ci nourrisent l'énergie sur scène.
« La release doit avoir lieu en Novembre au Bus Palladium. Sais-tu si c'est maintenu ? »
« C'est en stand by. On ne sait pas. On joue à Charleroi en Belgique. C'est le seul truc que l'on sait actuellement. »
Critique : Pierre Arnaud
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