Interview

AS A NEW REVOLT (2021) - Groupe Complet

Après le très réussi « TxRX » sorti en 2018, le duo As A New Revolt nous revient avec un nouvel EP toujours aussi révolté. « Fares » mélange les genres : rap-metal-hip/hop avec une fusion bouillonnante dont le groupe a le secret. Rencontre.

« Vous aviez sorti votre premier album « TxRx » en 2018. Pourquoi revenir avec un EP plutôt qu’un nouveau long format ? »


« On a beaucoup tourné avec « TxRx ». Quand il a été question de sortir un nouveau truc nous n’avions pas la matière pour un album. On avait des titres qui sentaient le live, la transpiration. »

« C’est un format que vous aimez bien puisque c’est déjà votre troisième EP. »

« Oui, le format EP nous a toujours plu. Ce qui nous plairait ce serait d’en sortir plusieurs dans l’année. Le format court, c’est bien. C’est plus accessible. Tu peux également te permettre plus de choses. »

« Vos titres ont toujours dénoncé les inégalités. As A New Revolt est politique d’une certaine façon. »

« Nous avons des choses à dire. On le dit de plein de manières différentes. » « Kanuni » est écrit d’une manière poétique. Cela parle de la Vendetta à la sauce pays de l’Est. « Desert Eagle » est contre un certain type de personnes. Les gens qui se croient supérieurs et écrasent les autres. C’est un morceau qui parle de l’ego. « Juan » traite du patriarcat décomplexé alors même que nous sommes en 2021. Quant à « New Traditional », cela parle des nouveaux traditionnalistes, des gens de la Manif pour tous avec leurs discours moyenâgeux. La puissance artistique te donne la parole. Avec l’art tu peux t’exprimer. On a envie de faire passer des messages. »

« Musicalement je trouve qu’il y a un côté Asian Dub Foundation dans ce que vous faites. C’est l’une de vos influences ? »

« Merci. Cela fait partie effectivement de nos influences. Ado nous écoutions beaucoup ce groupe. »

« Et Rage Against the Machine, j’imagine. »

« Carrément. On cite souvent RATM quand tu fais ce style musical car c’est le groupe le plus médiatisé dans ce genre. On les écoute mais nous n’écoutons pas qu’eux. »

« Comment composez-vous les morceaux ? A partir de la batterie ? »

« Pas toujours. Le processus de création n’est pas figé. Cela peut partir d’une ligne de basse. On passe beaucoup de temps à chercher les bonnes sonorités. »

« Est-ce la formule duo qui donne à votre musique ce côté si rageur ? »

« On ne ment pas. Julien et moi savions où l’on voulait aller. Être un duo donne à ta musique un côté punchy et plus accessible. »

« Comment faites-vous sonner les claviers comme des guitares ? »

« Déjà il y a quand même de vraies guitares chez As A New Revolt. On arrive à ce résultat de par le traitement du son. Il faut dire que nous sommes de vrais geeks. On sample beaucoup de vraies basses. »

« On critique souvent l’auto-tune. Vous l’utilisez sur « Desert Eagle ». »

« Si cela sonne bien et va dans le sens de la musique, il n’est pas gênant de l’utiliser. L’auto-tune c’est juste un effet que tu pousses à son maximum. L’auto-tune est critiqué parce qu’il a été ultra utilisé dans le rap ou dans les musiques urbaines. L’oreille s’y est habitué. »

« Vous semblez écouter plein de choses musicalement. »

« Clairement. On écoute du hard-core, ou des groupes comme Refused, At The Drive In, les Deftones, un combo qui sait se renouveler, Will Haven. Nous sommes de très gros amateurs de musique et écoutons plein de styles différents : de la world-music, du jazz. On peut écouter aussi bien Paul Anka que du trip/hop. On adore Massive Attack, Tricky. Nous n’avons pas de barrières et c’est ainsi que nous créons ce melting-pot musical. »

« Que représente cette pochette énigmatique ? Le manque de liberté d’expression ? »

« Elle est libre d’interprétation mais la tienne est assez juste. Il y a actuellement un étouffement de la liberté de parole, de la liberté tout court. Il est interdit de dire certaines choses. »

« Il n’est pas possible de tourner actuellement. Comment vivez-vous cette situation ? »

« Ce n’est pas facile. On avait une tournée de prévue. Pour un groupe en développement c’est une période compliquée. On essaie de lever la tête. On va passer du temps à faire de la vidéo. On vient de faire un live-stream. Mais le live-steam ne rapporte rien. Tout s’est arrêté subitement. C’est d’autant plus dur que ce groupe est fait pour le live. On a des plans pour Septembre 2021 mais avant cette période c’est totalement flou.»

« Vous pensez déjà à un futur album ? »

« On y pense, oui. Nous n’arrêtons jamais de composer. En plus, on a du temps pour le faire. On travaille sur de nouveaux titres actuellement. Le EP a pris un peu de retard avec le Covid. On en a repoussé la sortie au maximum de ce que l’on pouvait faire. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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