Interview
BRUIT (2021) - Groupe au complet
Trois ans après le EP "Monolith", les Toulousains de Bruit nous offrent aujourd'hui leur premier album. Un "This Machine is burning and now everyone knows it could happen again" magique entre post-rock à la God Speed et ambient. Rencontre.
"Qu'est-ce qui a préfiguré à cet album ?"
"On avait envie de faire un premier album, de faire un disque qui soit ancré dans son époque, dans un moment qui colle à l'actualité."
"L'album est dans la continuité de votre EP ?"
"Le EP était comme la préfiguration de notre histoire. On s'y interrogeait sur ce qu'était notre proposition artistique. "Monolith" était cette première proposition, comme la premère graine plantée. On a voulu développer cette histoire sur un format plus long. Il y a dans l'album l'idée d'une civilisation qui se meurt."
"J'ai l'impression que votre disque est un constat sociétal."
"Tu ne te trompes absolument pas. C'est exactement cela. D'ailleurs le titre du disque, "This Machine is Burning " est explicite par rapport à cela. La musique que nous produisons est ancrée dans le monde actuel. Il est peut-être plus dur de faire passer un message lorsque l'on produit une musique sans paroles comme nous le faisons. Ce disque est un disque sociétal, un disque qui parle d'écologie, de justice sociale. Tout est lié. Notre constat est assez sombre."
"De quoi parle "Amazing Old Tree" ?"
"Le morceau est inspiré par un documentaire de 2011 qui parle d'un groupe éco-terroriste. Ce groupe combattait dans les années 90 aux Etats-Unis contre la déforestation. Il brûlait des scieries. La CIA les pourchassait. 80 % des forêts aux Etats-Unis ont été détruites par l'homme. On a traité ce groupe de terroriste alors qu'ils essayaient de sauver les 20 % restant."
"Quelle est la voix que l'on entend à la fin du premier morceau, "Industry" ?"
"La voix de Albert Jacquard. Là encore c'est un constat sociétal.Dans ce discours Jacquard appréhende l'industrie et le capitalisme. Notre morceau parle de cet esprit de compétition et de la façon dont on pourrait gèrer une société sans celle-ci. C'est tout une éducation qu'il faut remettre en question."
"L'album sonne comme une Bo imaginaire."
"C'est vrai. La musique que nous produisons est une musique de film sans film. Notre musique n'est qu'atmosphères, contemplation. Comme si le temps s'arrêtait, comme le temps qui s'arrête lorsque tu fais une randonnée."
"Il y a un côté post-rock dans ce que vous faites."
"On est un peu emmerdé par ce mot. Il y a une recette sonore dans ce style que nous essayons de fuir. On fuit ce riff cristallin qui se module en majeur. On essaie d'utiliser le son d'un groupe post-rock mais sans cette recette. Il y a des groupes post-rock que nous adorons comme God Speed you ! black Emperor. Ces derniers ont réussi à sortir de leur propre cadre. On est également inspiré par le néo-classique, par l'ambient, ou par des groupes comme Explosions In The Sky."
"Il y a un côté hypnotique dans ce que vous produisez."
"A fond. Nous aimons toutes les musiques qui ont un côté hypnotique. Ce que tu peux trouver aussi bien dans le post-rock, l'ambient, chez Steve Reich ou dans les symphonies de Mahler. Nous aimons les musiques qui permettent de perdre les repères temporels. C'est pour cela que nous écoutons beaucoup d'ambient."
"J'imagine que vous adorez les compositeurs de musique minimaliste et post-minimaliste."
"Clairement. Nous adorons Terry Rilley, Max Richter. Ce sont des musiciens qui ont changé nos vies. Il y a aussi chez nous une grosse influence de Brian Eno."
"J'ai l'impression que le disque est un concept-album ?"
"Tout à fait. C'est un concept-album divisé en deux parties : la chute et la renaissance. Après la chute la renaissance arrivera à un moment donné. Le disque est articulé autour d'un conte philosophique. Chaque morceau est un chapitre de ce conte."
"Bruit" vous permet d'avoir une liberté artistique que vous n'avez pas forcèment dans vos autres projets musicaux ?"
"C'est exactement cela. On peut avec Bruit produire ce qui ne rentre pas dans nos autres projets."
"Il y a des concerts prévus ?"
"Bien sûr. Nous avions tourné après l'EP. On aimerait partir en tournée cet automne. Ce que nous faisons live est assez proche de ce que nous produisons sur disque même si c'est bien sûr un peu différent. Live nous pouvons jouer de longues plages ambient."
"J'ai l'impression que votre musique même si on pourrait penser qu'elle est improvisée est en fait très écrite ?"
"Tu as tout à fait raison. On ne veut pas que cela fasse écrit mais ça l'est. On veut exprimer la liberté musicale autour de thèmes. Thèmes qui évoluent tout au long des morceaux. On est bien sûr très loin du classique couplet/refrain mais notre musique est malgrè tout cadrée."
Interview par Jonard Pierre Arnaud
"Qu'est-ce qui a préfiguré à cet album ?"
"On avait envie de faire un premier album, de faire un disque qui soit ancré dans son époque, dans un moment qui colle à l'actualité."
"L'album est dans la continuité de votre EP ?"
"Le EP était comme la préfiguration de notre histoire. On s'y interrogeait sur ce qu'était notre proposition artistique. "Monolith" était cette première proposition, comme la premère graine plantée. On a voulu développer cette histoire sur un format plus long. Il y a dans l'album l'idée d'une civilisation qui se meurt."
"J'ai l'impression que votre disque est un constat sociétal."
"Tu ne te trompes absolument pas. C'est exactement cela. D'ailleurs le titre du disque, "This Machine is Burning " est explicite par rapport à cela. La musique que nous produisons est ancrée dans le monde actuel. Il est peut-être plus dur de faire passer un message lorsque l'on produit une musique sans paroles comme nous le faisons. Ce disque est un disque sociétal, un disque qui parle d'écologie, de justice sociale. Tout est lié. Notre constat est assez sombre."
"De quoi parle "Amazing Old Tree" ?"
"Le morceau est inspiré par un documentaire de 2011 qui parle d'un groupe éco-terroriste. Ce groupe combattait dans les années 90 aux Etats-Unis contre la déforestation. Il brûlait des scieries. La CIA les pourchassait. 80 % des forêts aux Etats-Unis ont été détruites par l'homme. On a traité ce groupe de terroriste alors qu'ils essayaient de sauver les 20 % restant."
"Quelle est la voix que l'on entend à la fin du premier morceau, "Industry" ?"
"La voix de Albert Jacquard. Là encore c'est un constat sociétal.Dans ce discours Jacquard appréhende l'industrie et le capitalisme. Notre morceau parle de cet esprit de compétition et de la façon dont on pourrait gèrer une société sans celle-ci. C'est tout une éducation qu'il faut remettre en question."
"L'album sonne comme une Bo imaginaire."
"C'est vrai. La musique que nous produisons est une musique de film sans film. Notre musique n'est qu'atmosphères, contemplation. Comme si le temps s'arrêtait, comme le temps qui s'arrête lorsque tu fais une randonnée."
"Il y a un côté post-rock dans ce que vous faites."
"On est un peu emmerdé par ce mot. Il y a une recette sonore dans ce style que nous essayons de fuir. On fuit ce riff cristallin qui se module en majeur. On essaie d'utiliser le son d'un groupe post-rock mais sans cette recette. Il y a des groupes post-rock que nous adorons comme God Speed you ! black Emperor. Ces derniers ont réussi à sortir de leur propre cadre. On est également inspiré par le néo-classique, par l'ambient, ou par des groupes comme Explosions In The Sky."
"Il y a un côté hypnotique dans ce que vous produisez."
"A fond. Nous aimons toutes les musiques qui ont un côté hypnotique. Ce que tu peux trouver aussi bien dans le post-rock, l'ambient, chez Steve Reich ou dans les symphonies de Mahler. Nous aimons les musiques qui permettent de perdre les repères temporels. C'est pour cela que nous écoutons beaucoup d'ambient."
"J'imagine que vous adorez les compositeurs de musique minimaliste et post-minimaliste."
"Clairement. Nous adorons Terry Rilley, Max Richter. Ce sont des musiciens qui ont changé nos vies. Il y a aussi chez nous une grosse influence de Brian Eno."
"J'ai l'impression que le disque est un concept-album ?"
"Tout à fait. C'est un concept-album divisé en deux parties : la chute et la renaissance. Après la chute la renaissance arrivera à un moment donné. Le disque est articulé autour d'un conte philosophique. Chaque morceau est un chapitre de ce conte."
"Bruit" vous permet d'avoir une liberté artistique que vous n'avez pas forcèment dans vos autres projets musicaux ?"
"C'est exactement cela. On peut avec Bruit produire ce qui ne rentre pas dans nos autres projets."
"Il y a des concerts prévus ?"
"Bien sûr. Nous avions tourné après l'EP. On aimerait partir en tournée cet automne. Ce que nous faisons live est assez proche de ce que nous produisons sur disque même si c'est bien sûr un peu différent. Live nous pouvons jouer de longues plages ambient."
"J'ai l'impression que votre musique même si on pourrait penser qu'elle est improvisée est en fait très écrite ?"
"Tu as tout à fait raison. On ne veut pas que cela fasse écrit mais ça l'est. On veut exprimer la liberté musicale autour de thèmes. Thèmes qui évoluent tout au long des morceaux. On est bien sûr très loin du classique couplet/refrain mais notre musique est malgrè tout cadrée."
Interview par Jonard Pierre Arnaud
Critique : Lionel
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