Interview

FAUXX (2021) - Joachim Blanchet et Jean Baptiste "Job" Tronel

Avec « Statistic EgO » FauxX vient de sortir un excellent album d’indus. Un disque sombre qui sonne comme si la fin du monde était imminente. Entretien avec Joachim Blanchet et Jean-Baptiste « Job » Tronel ( batteur par ailleurs de Tagada Jones).

Votre EP NH3 (il) était sorti il y a trois ans. Pourquoi avoir attendu si longtemps avant d'enregistrer cet album ?


JOb (batterie) : 2017 et 2018 ont été chargés pour nous 2 et nos projets respectifs. Ensuite, on a fait, refait, marqueté, etc. Bref, on a pris notre temps. Et puis, un morceau de FAUXX, ce n’est pas de la Oî. Il faut l’émotion, la puissance et la noirceur. La phase de composition évolue toujours. Enfin, je pense qu’on a aussi traîné un peu. Mais attention, le disque était prêt avant la pandémie. Alors, finalement on a pas autant procrastiné que ça (Rires!).

L'avez-vous voulu dans la continuité du EP ?

Oui, un peu. L’EP nous a permis de présenter notre style, d’affirmer notre identité. De son côté, je pense que l’album est mieux pensé. Quelque part, c’est normal, tu évolues au fil de tes productions, surtout pour un groupe qui commence et s’invente un univers. FAUXX est un « Open Book » comme on dit. C’est une bête qui évoluera, qui grandira.

Musicalement vous êtes au confluent de plein de styles : indus, dark/synth, metal-indus. Vous semblez ne pas vouloir vous cantonner à un seul genre musical.

Fauxx, c’est un peu comme un laboratoire. On teste, on a aucune limite et aucun style… On est plus du côté de l’ « anti-music ». Fauxx est aussi le mélange de nos deux personnalités, c’est à dire deux mecs qui ne se ressemblent pas.

C'est tellement vrai cette volonté de casser les barrières musicales chez vous qu'il y a même un morceau de l'album, "Funeral Transhuman" qui me fait penser à Pink Floyd

Hum, Pink Floyd?

Peut être bien oui. Personnellement, je trouve que c’est une sorte de marche funèbre, qui se finirait mal.

De ce fait vos influences semblent extrêmement variées. Je trouve au disque un petit côté Skinny Puppy. C'est l'une de vos influences ?

Perso, je ne connais pas ce groupe, je n’ai pas une grande culture indus. Je viens d’écouter et je vois qu’ils ont une touche electro que nous n’avons pas. Notre son de batterie est naturel et le beat général de nos titres n’est pas vraiment dansant. Par contre, sur l’ambiance général, c’est assez sombre. Donc oui, peut être qu’il y a bien une légère ressemblance !

Statistic Ego est un disque sombre. Vous êtes pessimiste sur l'avenir de l'humanité ?

Comme tout le monde en fait... Oui, on est pessimiste, déçu même. On a un peu honte de voir tout ça. Je pense que StatistiC EgO est une BO de film d’horreur. On ne dit rien mais on suggère un peu. Grâce aux ambiances, peut être…

Le clip de "Alt Light Rebirth" est à cet égard particulièrement noir

Oui, on peut dire que c’est une synthèse de nos 60 dernières années. C'est la vision hallucinée d'un prédicateur annonçant la fin du monde. C’est le bilan, le dépôt de bilan.



Que représente la pochette de l'album : une secte japonaise ?

La pochette est une photo trouvée, elle aussi, dans les tréfonds d’internet . Elle nous a paru tellement étrange, avec son aspect ratée, elle nous a beaucoup plu. Il nous semblait qu’elle résumait bien la pensée et les textes de cet album : celle des luttes qui nous animent. Que celles-ci soient intériorisés ou bien à l’échelle d’une société.

Il y a un côté hypnotique dans votre musique. Votre ambition est celle de cette recherche de l'hypnose ?

Hypnotique, oui. Hypnose, non. On va dire que notre musique nécessite une implication. Il faut rentrer dedans. Il y a, peut-être, un effort à faire au début. Il faut se laisser happer. Certaines personnes m’ont dit qu’elles avaient refusé d’entrer dans notre univers au début, car elles avaient peur. Elles se sont finalement laissé guider et ont parlé d’une certaine « énergie noire » mais positive.

Est-ce pour cela que vos titres sont très longs ?

Oui, chaque morceau a besoin de développer son univers. On ne cherche pas la performance, ni la longueur et encore moins le côté progressif « relou ».

Jean-Baptiste ce que tu fais avec FauxX est très différent de ce que tu fais avec Tagada Jones. Comment passes-tu de l'univers musical de Tagada à celui-ci et vice versa ?

J’ai toujours été comme ça, attiré par plein de styles et de genres (punk, metal, hardcore, abstract Hip Hop, pop, etc.). Pour moi : c’est ça être musicien. J’ai, peut-être, besoin de me prouver des choses. J’ai, peut-être, aussi besoin de prouver des choses aux autres. Je ne sais pas… Mais je me sens libre comme ça, je suis assez fier de rendre hommage à la musique, de prendre des risques, de tenter des choses.

Pareil pour toi Joachim, FauxX est à des années lumière de ce que tu fais avec Hoa Queen

Joachim (machines, chant) : J’ai beaucoup joué dans et pour des groupes, souvent aux influences diverses. Je me situai plus comme un musicien qui collait aux esthétiques de ces formations. Cela a d’ailleurs était très formateur. FauxX est le premier groupe où je peux mettre sur la table mes réelles affinités et influences musicales .

Tagada Jones est un groupe éminemment politique. D'une façon totalement différente, j'ai l'impression que FauxX l'est tout autant

JOb : On ne prêche rien, on ne défend rien avec notre musique. Par contre, les paroles vomissent parfois un dégoût de l’homme, de ce qu’il a fait à notre planète. Nous sommes sensibles à la destruction du monde et au déclin de l’être humain.

Vous dressez un constat sociétal mais sans envie de donner de leçons. Je me trompe ?

Honnêtement, je ne sais pas si tu te trompes, je ne peux pas réellement y répondre. J’ai à moitié tenté plus tôt dans l’interview. On essaie surtout de faire de la musique, de partir dans une direction et de lâcher les manettes, de divaguer. Ensuite, on pause le chant et vu l’ambiance général des titres, c’est jamais très fun. J’aurai du filer cette question à Joak :-).

Des concerts à venir ?

On attend ! Mais 2021 oblige, on a pas vraiment de vision… On répète et on sera prêt pour la reprise !
 
Critique : Pierre Arnaud
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