Interview

ETERNAL FLIGHT (2021) - Gérard Fois

Actif depuis vingt ans Eternal Flight sort aujourd’hui son cinquième album « Survive ». Si le groupe est souvent étiqueté power-metal, ce nouveau disque montre que le combo est bien plus que cela. Leur heavy mélodique a bien des atouts et « Survive » est un disque qui plaira à tous les amateurs de heavy classique et même bien au-delà. Entretien avec leur fort sympathique chanteur/guitariste Gérard Fois.


« Le nouvel album « Survive » est un concept-album, n’est-ce pas ? »


« Tout à fait. L’action se situe dans un futur proche. Le personnage de l’histoire a déjà été utilisé dans le passé par le groupe. Ce personnage profite de cette situation de dérèglement climatique pour asseoir son diktat sur l’Humanité. Mais notre mascotte contrecarre ses plans et permettra ainsi à la race humaine de réessayer à vivre ensemble. Il y aura derrière tout cela la reconstruction de quelque chose de plus beau. L’humanité solidaire aura une seconde chance avec un développement plus sain. »

« Qu’est-ce qui t’a donné envie d’écrire un concept album ? »

« Survive » est une dystopie. Nous partons de faits réels. Si nous continuons sur la même pente cela ira de mal en pis. Nous sommes à un tournant. L’Histoire que nous racontons n’est pas liée avec ce que nous avons vécu avec le Covid. Les textes ont été écrits avant mais collaient avec ce moment. On voit quelque chose de menaçant et d’instable. J’essaie de mélanger le réel avec du fantastique et de la SF. »

« Tu es inquiet pour l’avenir de la planète ? »

« Oui. J’ai écrit « Will we rise again » en Janvier 2020 au moment des feux en Australie. Il se passait à ce moment là des choses terribles au niveau écologique. Et depuis cela se dégrade encore davantage. Il y a de nombreuses plantes qui disparaissent. J’espère que l’on trouvera des solutions. Il convient d’utiliser l’intelligence humaine car l’être humain peut être très con mais il a également un cerveau. Il y a un potentiel pour la planète hyper mal utilisé. La course aux profits, l’argent facile tout cela nous mène à la catastrophe, tout comme la déforestation. Cela me fait mal au cœur car je me souviens de la diversité animale quand j’étais petit, une diversité qui n’existe plus aujourd’hui. »

« On vous classifie souvent comme un groupe de power/metal mais votre musique est bien plus variée que cela. »

« Oui, on essaie de varier. Nous faisons du heavy metal mélodique. Il y a aussi un côté prog dans notre musique mais des groupes comme Judas Priest ou Black Sabbath par exemple faisaient déjà des trucs prog. Un titre comme « You and I » sur le nouvel album a un côté hard-rock traditionnel à la Deep Purple avec un pont aérien psyché. « Is this the end » est du prog-metal. On aime bien faire des titres différents les uns des autres. L’album n’est pas uniforme. J’adore la pizza mais je ne vais pas en manger tous les jours. C’est pareil pour la musique. »

« Malgré le côté pessimiste des textes le disque est plutôt joyeux. »

« Les textes donnent une couleur à la musique. On a changé un passage de « Legions » au dernier moment car je le trouvais trop joyeux par rapport au texte. Les textes donnent une impulsion à la musique. »

« Ce que j’aime bien dans le disque c’est qu’il a un son assez vintage. »

« J’ai essayé de garder ce côté organique. Je voulais un son naturel. Les parties batteries ont ce son naturel. On voulait garder un son qui soit celui d’un groupe. Aujourd’hui tu trouves le même son d’un album à l’autre. C’est carré, efficace, puissant mais ça tourne en rond. C’est sans saveur. Cela me fait plaisir que tu es capté cette volonté que l’on avait de produire un son le plus naturel possible. »

« Une fois encore tu t’es occupé de tout : production, mix, master. »

« J’ai enregistré des groupes dans le passé. Je suis intermittent, c’est mon métier. J’aime la production. On a eu le luxe d’avoir du temps pour le disque. On a même eu du temps pour la pré-production. »

« Le groupe a vingt ans mais n’a sorti que cinq albums. Pourquoi ne sortez-vous pas plus de disques ? »

« Le line-up a beaucoup bougé. Pour ce disque on aurait pu le sortir avant mais il y a eu le Covid. On a eu des problèmes de line-up récurrent. On prenait notre temps. Mais on va accélérer la cadence : on fera le prochain album dans deux ans. La situation du metal pour les groupes français est très dur. Les ventes ont beaucoup baissé. Tout est à réinventer. »

« Vous changez souvent de label et êtes souvent sur des labels étrangers. Pourquoi ? »

« L’album précédent était sorti chez Massacre et nous n’avons pas été satisfaits. Le premier album, « Positive Rage » était sorti sur un label italien, Cruz del Sur Music qui avait fait un travail honorable. C’est la troisième fois que nous sommes sur un label allemand. Metalapolis est motivé et a cru en nous. C’est un label plutôt orienté power et heavy metal mélodique mais ils ont une branche orientée metal extreme. Ils ont pas mal de groupes qui montent comme Maverick ou Xtasy. »

« En plus d’être le chanteur du groupe tu es devenu guitariste soliste pour cet album. Cela-a-t-il changé des choses ? »

« On a essayé de trouver un guitariste. Mon chant étant physique et technique, je me disais que je ne pouvais pas en plus faire la guitare. Il y a eu un départ en 2019. On a travaillé sur les nouvelles chansons. J’ai commencé à jouer de la guitare et chanter. Il y a eu une bonne alchimie à quatre. Je me repose sur la solidité rythmique de notre guitariste lors des live. J’ai fait un gros boulot sur les solos durant le premier confinement et en ai profité pour être créatif. Il y a eu toujours eu de bons guitaristes dans le groupe. C’était un gros challenge que de me mettre aussi à la guitare. »

« Comment avez-vous contacté Giannis Nakos pour la pochette ? »

« C’est un artiste grec qui a notamment signé les pochettes des deux derniers Evergrey. J’ai craqué sur une pochette qu’il avait faite de Oceans of Slumber. J’ai trouvé son contact sur le Net. Je lui ai écrit. On a bien discuté. Il m’a dit « je la fais si j’ai carte carte blanche, je lui ai dit OK et il a pondu cette pochette. »

« Vous allez donner des concerts bientôt ? »

« On a joué dernièrement à Genève. On peut de nouveau jouer mais c’est dur pour les orgas. Il y a des gens qui ne veulent pas aller aux concerts avec le pass sanitaire. C’est compliqué pour les organisateurs : il y a 40 à 50 % de fréquentation en moins. On est en train de travailler sur une tournée avec le label. »

« Vous êtes toujours basés en Haute Savoie. Il y a une scène là-bas ? »

« Dans les années 90 il y a eu beaucoup de groupes. Moi-même j’étais dans Dream Child. Il y a beaucoup de très bons musiciens dans la région. Il manque des labels français pour le style que nous faisons. Le public suit ce qui se passe dans le metal moderne et/ou extrême. Pour le heavy c’est plus difficile. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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