Interview
PENSÉES NOCTURNES (2022) - Léon Harcore
Combo culte s’il en est, Pensées Nocturnes sort aujourd’hui son nouvel album : « Douce Fange ». Un disque inclassable qui doit autant au black-metal qu’à la musette. Entretien avec Léon Harcore.
« Je trouve cet album dans la continuité du précédent « Grand Guignol orchestra. »
« C’est vrai qu’il l’est musicalement. En revanche on a voulu marquer une rupture au niveau visuel car on ne voulait pas être catalogué cirque black metal. On a conservé sur ce disque ce qui marchait et on a appuyé sur l’accordéon. »
« Ton univers est de plus en plus éloigné du black. Est-ce que tu te considères toujours black metal ? »
« L’étiquette black reste car l’auditeur de PN est toujours metal extrême. Mais c’est vrai que la démarche est de s’en éloigner voir de le critiquer. On se sert du black comme base tout en s’en éloignant. En fait on est black en étant anti-black, des rebelles, quoi. Je n’ai pas envie d’être dans une forme de conformité black et au contraire d’y incorporer des éléments à l’opposé de cette musique comme du tango, du reggae. »
« Comment en es-tu arrivé à faire cette musique qui sonne si différent.de de tout ce que l’on peut entendre habituellement ? »
« A force de tâtonnements. Je cherche à conserver un esprit organique. C’est pour cela que j’aime les éléments traditionnels. Cela évolue d’album en album. J’innove en amenant dans le black des instruments différents de disque en disque. »
« Tu t’éloignes totalement du black « classique » d’ailleurs. »
« Il y a un côté provocateur dans ce que je fais. Par ailleurs, faire le black d’il y a vingt ans a-t-il un quelconque intérêt ? J’ai toujours eu envie d’aller de l’avant, d’innover. »
« On trouve une ambiance cabaret sur ce disque. »
« C’est vrai. Sur le précédent c’était l’ambiance du cirque qui prévalait, là c’est le cabaret. J’ai voulu mettre dans cet album une ambiance cabaret mais pas que. »
« Le disque est assez expérimental. »
« Je ne cherche pas à l’être. Au contraire « Douce Fange » est peut-être mon album le plus « commercial ». C’est le côté non linéaire des morceaux qui amène ce truc déstructuré. »
« L’art-work comme toujours est très travaillé. »
« Oui c’est devenu comme un petit rituel. On travaille avec les mêmes personnes pour l’art-work depuis plusieurs albums maintenant. On se connait par cœur. Il y a énormément d’allers-retours entre nous pour bien faire les choses et l’on prend le temps qu’il faut. C’est vrai que l’art-work de nos albums prend du temps. »
« Tu as situé l’Histoire au début du siècle ? »
« Oui mais il n’y avait pas pour autant la volonté de reprendre une vérité historique. J’ai situé l’action de cet album à la fin du 19 eme, début du 20 eme mais cela reste libre d’interprétation. L’idée c’est de faire une balade dans le vieux Paris. »
« Il y a un côté grivois et paillard dans l’album. »
« Oui, il y est même exacerbé. Les pubs que tu trouves dans l’art-work ont existé, je les ai trouvés dans des catalogues. Ce sont de vrais articles que nous avons un peu modifié. »
« Ca parle des bordels. »
« Oui mais pas seulement. Ca parle aussi des vieux bistrots, des ruelles un peu mal famées, des Halles de Paris. Il y a des trucs un peu gore. On veut montrer que l’on peut aimer le moche. On travaille ce côté dissonant. »
« Il y a beaucoup d’humour dans l’art-work comme ces têtes décapitées de black-metalleux. »
« L’illustrateur a hésité là-dessus. Faire du mal aux black metalleux ça l’a gêné. On hésite pas à nous auto-critiquer comme dans cette image où l’on découpe notre premier album en morceaux. »
« Est-ce que Pensées Nocturnes est devenu un groupe parce que tu étais limité par l’aspect one-man band ? »
« Non. Au contraire sous la forme one man band tu n’as aucune contrainte. Sous la forme groupe tu en as davantage avec les instruments de chacun. J’ai voulu un vrai groupe pour faire des concerts. Ceux-ci sont assez récents dans l’histoire de Pensées Nocturnes. Je veux une version des choses live et une différente pour les disques. »
« Tu écoutes quoi, du black et de la musette ? »
« Je n’écoute pas de musique tous les jours. Je n’écoute plus trop de black. Pour cet album oui j’ai écouté de la musette. »
« Tu as été la toute première sortie des Acteurs de l’Ombre. »
« Mes deux premiers albums ont été les deux premières sorties des Acteurs de l’Ombre. Le label et PN sont nés ensemble. Je travaillais pour les Acteurs qui à cette époque était une asso de concerts. Gérald voulait se lancer dans la création d’un label. A l’époque PN sonnait très différent de ce qu’il sonne aujourd’hui. On faisait un black metal dépressif mélancolique. C’était loin du côté parodique que l’on a aujourd’hui. »
« Tu écoutes des productions des Acteurs ? »
« Très peu. J’ai beaucoup aimé Bait. En terme de black je suis hyper exigeant et quand j’en écoute je me dis que puis-je en tirer ? »
« C’est marrant que tu sois encore sur ce label. Ta musique est très différente de ce qu’ils sortent habituellement. »
« Oui mais l’Histoire fait que l’on se connait très bien. J’ai fait quelques infidélités aux Acteurs mais pour des auto-productions. Je n’ai donc jamais rien sorti sur un autre label. Les gens savent que l’on est chez eux. On a des bases communes et on innove au niveau de notre relation. On travaille ensemble sur la promo. »
« Vous allez rejouer live bientôt ? »
« Normalement oui. Cela fait deux ans que nous n’avons plus joué. Cela me fait chier de ne plus jouer. On devrait jouer en Mars-Avril. Et cet été nous sommes programmés au Brutal Assault pour l’édition 2020 qui a été reportée deux fois. »
« Je trouve cet album dans la continuité du précédent « Grand Guignol orchestra. »
« C’est vrai qu’il l’est musicalement. En revanche on a voulu marquer une rupture au niveau visuel car on ne voulait pas être catalogué cirque black metal. On a conservé sur ce disque ce qui marchait et on a appuyé sur l’accordéon. »
« Ton univers est de plus en plus éloigné du black. Est-ce que tu te considères toujours black metal ? »
« L’étiquette black reste car l’auditeur de PN est toujours metal extrême. Mais c’est vrai que la démarche est de s’en éloigner voir de le critiquer. On se sert du black comme base tout en s’en éloignant. En fait on est black en étant anti-black, des rebelles, quoi. Je n’ai pas envie d’être dans une forme de conformité black et au contraire d’y incorporer des éléments à l’opposé de cette musique comme du tango, du reggae. »
« Comment en es-tu arrivé à faire cette musique qui sonne si différent.de de tout ce que l’on peut entendre habituellement ? »
« A force de tâtonnements. Je cherche à conserver un esprit organique. C’est pour cela que j’aime les éléments traditionnels. Cela évolue d’album en album. J’innove en amenant dans le black des instruments différents de disque en disque. »
« Tu t’éloignes totalement du black « classique » d’ailleurs. »
« Il y a un côté provocateur dans ce que je fais. Par ailleurs, faire le black d’il y a vingt ans a-t-il un quelconque intérêt ? J’ai toujours eu envie d’aller de l’avant, d’innover. »
« On trouve une ambiance cabaret sur ce disque. »
« C’est vrai. Sur le précédent c’était l’ambiance du cirque qui prévalait, là c’est le cabaret. J’ai voulu mettre dans cet album une ambiance cabaret mais pas que. »
« Le disque est assez expérimental. »
« Je ne cherche pas à l’être. Au contraire « Douce Fange » est peut-être mon album le plus « commercial ». C’est le côté non linéaire des morceaux qui amène ce truc déstructuré. »
« L’art-work comme toujours est très travaillé. »
« Oui c’est devenu comme un petit rituel. On travaille avec les mêmes personnes pour l’art-work depuis plusieurs albums maintenant. On se connait par cœur. Il y a énormément d’allers-retours entre nous pour bien faire les choses et l’on prend le temps qu’il faut. C’est vrai que l’art-work de nos albums prend du temps. »
« Tu as situé l’Histoire au début du siècle ? »
« Oui mais il n’y avait pas pour autant la volonté de reprendre une vérité historique. J’ai situé l’action de cet album à la fin du 19 eme, début du 20 eme mais cela reste libre d’interprétation. L’idée c’est de faire une balade dans le vieux Paris. »
« Il y a un côté grivois et paillard dans l’album. »
« Oui, il y est même exacerbé. Les pubs que tu trouves dans l’art-work ont existé, je les ai trouvés dans des catalogues. Ce sont de vrais articles que nous avons un peu modifié. »
« Ca parle des bordels. »
« Oui mais pas seulement. Ca parle aussi des vieux bistrots, des ruelles un peu mal famées, des Halles de Paris. Il y a des trucs un peu gore. On veut montrer que l’on peut aimer le moche. On travaille ce côté dissonant. »
« Il y a beaucoup d’humour dans l’art-work comme ces têtes décapitées de black-metalleux. »
« L’illustrateur a hésité là-dessus. Faire du mal aux black metalleux ça l’a gêné. On hésite pas à nous auto-critiquer comme dans cette image où l’on découpe notre premier album en morceaux. »
« Est-ce que Pensées Nocturnes est devenu un groupe parce que tu étais limité par l’aspect one-man band ? »
« Non. Au contraire sous la forme one man band tu n’as aucune contrainte. Sous la forme groupe tu en as davantage avec les instruments de chacun. J’ai voulu un vrai groupe pour faire des concerts. Ceux-ci sont assez récents dans l’histoire de Pensées Nocturnes. Je veux une version des choses live et une différente pour les disques. »
« Tu écoutes quoi, du black et de la musette ? »
« Je n’écoute pas de musique tous les jours. Je n’écoute plus trop de black. Pour cet album oui j’ai écouté de la musette. »
« Tu as été la toute première sortie des Acteurs de l’Ombre. »
« Mes deux premiers albums ont été les deux premières sorties des Acteurs de l’Ombre. Le label et PN sont nés ensemble. Je travaillais pour les Acteurs qui à cette époque était une asso de concerts. Gérald voulait se lancer dans la création d’un label. A l’époque PN sonnait très différent de ce qu’il sonne aujourd’hui. On faisait un black metal dépressif mélancolique. C’était loin du côté parodique que l’on a aujourd’hui. »
« Tu écoutes des productions des Acteurs ? »
« Très peu. J’ai beaucoup aimé Bait. En terme de black je suis hyper exigeant et quand j’en écoute je me dis que puis-je en tirer ? »
« C’est marrant que tu sois encore sur ce label. Ta musique est très différente de ce qu’ils sortent habituellement. »
« Oui mais l’Histoire fait que l’on se connait très bien. J’ai fait quelques infidélités aux Acteurs mais pour des auto-productions. Je n’ai donc jamais rien sorti sur un autre label. Les gens savent que l’on est chez eux. On a des bases communes et on innove au niveau de notre relation. On travaille ensemble sur la promo. »
« Vous allez rejouer live bientôt ? »
« Normalement oui. Cela fait deux ans que nous n’avons plus joué. Cela me fait chier de ne plus jouer. On devrait jouer en Mars-Avril. Et cet été nous sommes programmés au Brutal Assault pour l’édition 2020 qui a été reportée deux fois. »
Critique : Pierre Arnaud
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