Interview
WNTRHLTR (2022) - Thomas Winterhalter (Guitare)
Avec « Deu.ils » WNTRHLTR vient de sortir une œuvre majestueuse. Un disque de post-metal puissant et intense, sombre et lumineux. Entretien avec Thomas Winterhalter, chanteur-guitariste du groupe.
« Ce projet était un projet solo à la base ? »
« Oui, j’avais composé un morceau pour un film : un long-métrage indépendant que l’on a pu voir au Festival de Berlin il y a quatre, cinq ans. Aujourd’hui, nous sommes quatre dans le groupe. Mes premiers morceaux en solo étaient de la dark-folk. En groupe c’est devenu quelque chose de plus électrique. »
« Musicalement c’est clairement du post-metal. »
« Je n’aime pas trop les étiquettes mais c’est clairement ça, oui. J’ai d’autres compos qui ne sont pas encore sortis et qui sont, elles, post hard-core mais avec de la voix claire. »
« C’est un mini album, non ? »
« A la base ce devait être un long EP. On a rajouté « Prologue » et « Deuil » lorsqu’on s’est retrouvé en studio avec Laure (Le Prunenec) et Francis Caste. »
« C’est un disque très émotionnel. »
« C’est le but de cet album. »
« Tu l’as enregistré au studio de Francis Caste ?»
« Oui. Lui l’a mixé et lui a donné une grosse profondeur. Il a vraiment mis sa patte sur « Prologue » et « Deuil ». Il a amené ce côté tribal à ce dernier titre. Je ne voulais pas qu’il soit sur ce disque à la base, trouvant qu’il était trop différent du reste de l’album, mais ça fonctionne bien finalement. »
« Tu as pris Francis pour son travail avec les groupes de la scène post-metal ? »
« Ma grand-mère s’appelle Marthe et son studio se trouve rue Sainte Marthe. Cela me plaisait. J’ai beaucoup aimé son travail sur Hangman Chairs. »
« Sonar » était sorti en single il y a trois ans. C’était important de la mettre sur le disque ? »
« Ce n’est plus la même version. L’autre était beaucoup plus lente. On a rajouté des parties post-black. »
« Le titre du disque « Deu.ils » peut faire penser à quelque chose de schizophrénique. Un être qui serait coupé en deux. »
« Oui, un peu. Ce sont des visions que j’ai et qui sont contradictoires. Cet album est comme une pierre tombale que je mettrai sur la tombe de mon père. »
« Tu as fait ce disque pour exorciser le deuil ? »
« J’avais depuis longtemps la volonté d’un projet abouti et là j’y suis allé. Cette maturité que je pense avoir acquise n’était pas là auparavant. »
« C’était important de faire cet album en hommage à ton père ? »
« J’avais une relation quasi inexistante avec lui. Je l’ai recontacté peu avant sa mort. J’aurais aimé le faire plus tôt. Il y a plein de choses que je ne lui ai pas dites et que je lui dis aujourd’hui à travers l’album. »
« Le nom du groupe WNTRHLTR est une allusion au peintre allemand, Winterhalter, c’est cela ?»
« Oui. Winterhalter venait d’une famille paysanne bavaroise très pauvre et est devenu peintre à la cour d’Angleterre. Il se faisait cracher dessus par les Anglais qui le traitait de sale paysan allemand et en Allemagne il était considéré comme un vendu d’anglais. Il est l’un de mes ancêtres. »
« Winterhalter » signifie gardien de l’hiver en allemand également. »
« Oui il y a l’idée du rassemblement, de l’entraide. Faire en sorte que tout le monde soit sain et sauf malgré les embûches de l’hiver. »
« Tu n’as pas pensé à chanter en Allemand ? »
« C’était ma première langue à l’école mais cela ne m’aurait pas intéressé pour un disque. En revanche je pourrais chanter en français dans le futur. Je ne me mets pas de barrières. »
« Tu as grandi en écoutant du post-metal ? »
« Non, j’ai grandi dans une cité à coté de Strasbourg avec ma mère. J’écoutais à la fois du hip/hop français et du hard-core. Je baignais entre les deux genres. Il y avait beaucoup de musique dans ma famille ce qui m’a donné une palette musicale large. Cela fait qu’aujourd’hui je n’ai pas eu qu’une approche metal pour ce disque. »
« La pochette a un côté black metal dépressif. »
« J’affectionne ça, tout comme la peinture classique. La peinture m’a inspiré pour ce disque. J’aime plein de peintres différents. J’adore Rubens notamment. Il y a aussi une référence au Bauhaus dans cette pochette. On y trouve le côté sombre du metal mais aussi un aspect lumineux.»
« Il y a cette dualité du noir et du blanc. »
« C’est vrai. C’est une imagerie qui me plait beaucoup. Je voulais aussi un truc genre flyer de concerts punk hard-core aux Etats-Unis. »
« Comment as-tu rencontré Laure Le Prunenec ex Igorrr que l’on trouve sur deux titres du disque ? »
« C’est une amie. On avait discuté cours de chant ensemble. Je lui ai proposé de faire ce que j’aurais voulu faire en chant clair et n’ai finalement pas fait. »
« Tu as pensé ce disque comme une manière d’expier les démons qui nous hantent ? »
« Oui. Il y a le questionnement sur est-ce que l’on va y arriver. Sortir de la dépression, être dans le sentiment d’arriver à faire les choses du mieux possible. De se redresser pour souffler sur la flamme. »
« C’est sombre mais il y a l’idée d’espoir malgré tout. »
« Les paroles sont sombres et je ne voulais pas que la musique le soit également. Je n’aurais pas aimé qu’il n’y ait que des riffs très lourds. »
« Tu joues sur le côté répétitif de la musique, avec un côté post-rock. »
« On aime ce côté hypnotisant. On aime les riffs longs qui permettent de développer une histoire. Il n’y pas beaucoup de disto sur ce disque. Je ne voulais pas un album trop agressif. La voix est agressive. Je ne voulais pas que la musique ait cette même couleur. »
« Il y a des concerts prévus bientôt ? »
« On y pense. On fera ça en septembre avec des surprises scéniques. Je n’ai pas pensé de suite au live mais aujourd’hui j’ai envie de partager. »
« Il y a un autre EP ou album en préparation ? »
« Oui, c’est prévu pour début 2023. On a été pressé par le temps pour ce mini-album. Il y a quinze morceaux qui existent. Il y en a six sur ce disque. On en a donc neuf autres en réserve. On a fait un truc compact pour cet album. Je ne cherche pas à faire un truc élitiste même si avec le nom du groupe on peut penser cela, mais ce n’est pas le but. »
« Ce projet était un projet solo à la base ? »
« Oui, j’avais composé un morceau pour un film : un long-métrage indépendant que l’on a pu voir au Festival de Berlin il y a quatre, cinq ans. Aujourd’hui, nous sommes quatre dans le groupe. Mes premiers morceaux en solo étaient de la dark-folk. En groupe c’est devenu quelque chose de plus électrique. »
« Musicalement c’est clairement du post-metal. »
« Je n’aime pas trop les étiquettes mais c’est clairement ça, oui. J’ai d’autres compos qui ne sont pas encore sortis et qui sont, elles, post hard-core mais avec de la voix claire. »
« C’est un mini album, non ? »
« A la base ce devait être un long EP. On a rajouté « Prologue » et « Deuil » lorsqu’on s’est retrouvé en studio avec Laure (Le Prunenec) et Francis Caste. »
« C’est un disque très émotionnel. »
« C’est le but de cet album. »
« Tu l’as enregistré au studio de Francis Caste ?»
« Oui. Lui l’a mixé et lui a donné une grosse profondeur. Il a vraiment mis sa patte sur « Prologue » et « Deuil ». Il a amené ce côté tribal à ce dernier titre. Je ne voulais pas qu’il soit sur ce disque à la base, trouvant qu’il était trop différent du reste de l’album, mais ça fonctionne bien finalement. »
« Tu as pris Francis pour son travail avec les groupes de la scène post-metal ? »
« Ma grand-mère s’appelle Marthe et son studio se trouve rue Sainte Marthe. Cela me plaisait. J’ai beaucoup aimé son travail sur Hangman Chairs. »
« Sonar » était sorti en single il y a trois ans. C’était important de la mettre sur le disque ? »
« Ce n’est plus la même version. L’autre était beaucoup plus lente. On a rajouté des parties post-black. »
« Le titre du disque « Deu.ils » peut faire penser à quelque chose de schizophrénique. Un être qui serait coupé en deux. »
« Oui, un peu. Ce sont des visions que j’ai et qui sont contradictoires. Cet album est comme une pierre tombale que je mettrai sur la tombe de mon père. »
« Tu as fait ce disque pour exorciser le deuil ? »
« J’avais depuis longtemps la volonté d’un projet abouti et là j’y suis allé. Cette maturité que je pense avoir acquise n’était pas là auparavant. »
« C’était important de faire cet album en hommage à ton père ? »
« J’avais une relation quasi inexistante avec lui. Je l’ai recontacté peu avant sa mort. J’aurais aimé le faire plus tôt. Il y a plein de choses que je ne lui ai pas dites et que je lui dis aujourd’hui à travers l’album. »
« Le nom du groupe WNTRHLTR est une allusion au peintre allemand, Winterhalter, c’est cela ?»
« Oui. Winterhalter venait d’une famille paysanne bavaroise très pauvre et est devenu peintre à la cour d’Angleterre. Il se faisait cracher dessus par les Anglais qui le traitait de sale paysan allemand et en Allemagne il était considéré comme un vendu d’anglais. Il est l’un de mes ancêtres. »
« Winterhalter » signifie gardien de l’hiver en allemand également. »
« Oui il y a l’idée du rassemblement, de l’entraide. Faire en sorte que tout le monde soit sain et sauf malgré les embûches de l’hiver. »
« Tu n’as pas pensé à chanter en Allemand ? »
« C’était ma première langue à l’école mais cela ne m’aurait pas intéressé pour un disque. En revanche je pourrais chanter en français dans le futur. Je ne me mets pas de barrières. »
« Tu as grandi en écoutant du post-metal ? »
« Non, j’ai grandi dans une cité à coté de Strasbourg avec ma mère. J’écoutais à la fois du hip/hop français et du hard-core. Je baignais entre les deux genres. Il y avait beaucoup de musique dans ma famille ce qui m’a donné une palette musicale large. Cela fait qu’aujourd’hui je n’ai pas eu qu’une approche metal pour ce disque. »
« La pochette a un côté black metal dépressif. »
« J’affectionne ça, tout comme la peinture classique. La peinture m’a inspiré pour ce disque. J’aime plein de peintres différents. J’adore Rubens notamment. Il y a aussi une référence au Bauhaus dans cette pochette. On y trouve le côté sombre du metal mais aussi un aspect lumineux.»
« Il y a cette dualité du noir et du blanc. »
« C’est vrai. C’est une imagerie qui me plait beaucoup. Je voulais aussi un truc genre flyer de concerts punk hard-core aux Etats-Unis. »
« Comment as-tu rencontré Laure Le Prunenec ex Igorrr que l’on trouve sur deux titres du disque ? »
« C’est une amie. On avait discuté cours de chant ensemble. Je lui ai proposé de faire ce que j’aurais voulu faire en chant clair et n’ai finalement pas fait. »
« Tu as pensé ce disque comme une manière d’expier les démons qui nous hantent ? »
« Oui. Il y a le questionnement sur est-ce que l’on va y arriver. Sortir de la dépression, être dans le sentiment d’arriver à faire les choses du mieux possible. De se redresser pour souffler sur la flamme. »
« C’est sombre mais il y a l’idée d’espoir malgré tout. »
« Les paroles sont sombres et je ne voulais pas que la musique le soit également. Je n’aurais pas aimé qu’il n’y ait que des riffs très lourds. »
« Tu joues sur le côté répétitif de la musique, avec un côté post-rock. »
« On aime ce côté hypnotisant. On aime les riffs longs qui permettent de développer une histoire. Il n’y pas beaucoup de disto sur ce disque. Je ne voulais pas un album trop agressif. La voix est agressive. Je ne voulais pas que la musique ait cette même couleur. »
« Il y a des concerts prévus bientôt ? »
« On y pense. On fera ça en septembre avec des surprises scéniques. Je n’ai pas pensé de suite au live mais aujourd’hui j’ai envie de partager. »
« Il y a un autre EP ou album en préparation ? »
« Oui, c’est prévu pour début 2023. On a été pressé par le temps pour ce mini-album. Il y a quinze morceaux qui existent. Il y en a six sur ce disque. On en a donc neuf autres en réserve. On a fait un truc compact pour cet album. Je ne cherche pas à faire un truc élitiste même si avec le nom du groupe on peut penser cela, mais ce n’est pas le but. »
Critique : Pierre Arnaud
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