Interview

SPHERES (2022) - Jonathan Lino (Chant / Guitare)

Après un premier album intéressant, « Iono », Sphères nous reviennent avec un second album « Helios » encore plus abouti. Un disque qui voit les franciliens nous offrir un album de metal mâtiné de prog de très haut niveau. Entretien avec leur chanteur-guitariste Jonathan Lino.

« Comment avez-vous pensé ce nouvel album par rapport au premier ? »


« Les thèmes abordés sont similaires, encore une fois sur la dystopie. Musicalement on voulait un son plus lourd pour celui-ci. On a descendu les guitares d’un ton. L’écriture est dans la même veine avec des influences Tool, Gojira, Mastodon, Opeth. Ces derniers pour la structure des morceaux. »

« Est-ce un concept-album sur la fin du monde ? »

« Ce n’est pas un concept-album mais un album concept autour de la dystopie. Chaque titre porte sur des sujets différents. Le sujet de fond d’un morceau comme « Pandemia » est la dystopie. La pandémie n’en est qu’une partie. Celle-ci vient du fait que des espèces animales qui n’étaient pas confrontées à l’humain autrefois y sont aujourd’hui confrontées et du fait que l’industrie agro-alimentaire fait des choses non acceptables. »

« Vous voulez faire prendre conscience aux gens ? »

« Bien sûr. C’est aussi la volonté de tous les auteurs de science-fiction qui parlent de la dystopie. On est influencé bien évidemment par Aldous Huxley ou George Orwell comme par Stephen King avec le morceau « Running man ». Celui-ci est un génie capable d’écrire un roman en une semaine. J’aimerais bien pouvoir écrire un album aussi rapidement. »

« L’album a été écrit pendant le confinement ? »

« En partie oui mais j’ai du mal à écrire dans l’enfermement. Il y avait de la matière qui avait été écrite avant. On s’y est mis à fond à partir de 2021. »

« Il y a un côté très prog dans ce que vous faites. »

« Nous ne sommes pas très couplet-refrain, couplet-refrain donc c’est logique qu’il y a ait ce côté prog dont tu parles. Il y a un côté Opeth première période avec des voix saturées et de la double pédale. Pour le côté prog j’ai grandi avec ça. Mon père écoutait Genesis, Yes, King Crimson, Pink Floyd, Magma… »

« Et un côté très technique à la Messhugah. »

« C’est ce que j’aime chez Tool. Avec des polyrythmies ils arrivent à faire couler ça comme un quatre temps. L’immense majorité des musiques sont en quatre temps. Après, je n’aime pas la complexité pour la complexité. »

« Il y a des changements de rythme à l’intérieur des morceaux assez complexes. »

« Je ne le pense pas comme ça à la base mais j’aime que la musique soit faite de relief. Avec quelque chose de trop linéaire on s’ennuie. »

« Vos titres sont longs. C’est l’influence prog encore une fois ? »

« On a quand même quelques morceaux avec des formats plus courts mais tu peux difficilement créer du relief sur des titres de 5 minutes. »

« Tu as produit et mixé le disque toi-même. C’est un autre travail que celui de musicien. Tu t’y connaissais en production ? »

« Oui car je suis ingé son. J’ai enregistré des disques metal mais pas que, des trucs chanson ou world-music ce qui m’a encore plus ouvert. Le master a été fait à Montpellier au Tower Studio par Brett Caldas-Lima. Il a bossé pour Devin Townsend notamment. »

“L’album est chez M et O »

« Alexandre de M et O nous a contacté. On lui a envoyé un lien. Il nous a signé direct. »

« Que représente la pochette du disque ? »

« L’œil est celui du tout puissant, du guide suprême. Le titre « Spiritual Journey » parle des paradis artificiels, des mondes parallèles connectés, on voit aussi ça dans la pochette. « Helios » n’est pas forcément un terme distopyque.bien que le voyage intersidéral peut y faire penser. J’avais dans l’idée une progression dans le temps et l’espace d’où pour le premier album le titre « Iono » et « Helios » qui est le Dieu du soleil pour celui-ci. J’ai déjà le nom du troisième mais c’est encore secret. Les trois albums formeront une trilogie. »

« Vous avez des concerts prévus ? »

« Oui à Liège fin septembre, à Paris le 29 Octobre à l’International. Notre objectif pour la suite est de trouver un tourneur ou a minima un booker. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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