Interview

NO RETURN (2022) - Alain Clément (Guitare)

Groupe culte No Return continue plus de trente ans après leur formation de prêcher la bonne parole death/thrash. Leur nouvel album « Requiem » montre un groupe qui a toujours la rage et s’avère un excellent disque. Entretien avec Alain Clément, guitariste du groupe et seul membre restant du line-up originel.

« Vous n’aviez pas sorti d’album depuis « The Curse Withhin » en 2017. Cela faisait un bail. »


« C’est vrai mais il y a quand même eu le live des trente ans entre temps que nous avons sorti en 2020. Et puis le Covid nous a pris de court. Sinon « Requiem » serait sorti avant. »

« On retrouve Steeve au chant lui qui avait déjà été chanteur du groupe au début des années 2000.

« Début 2020 on cherchait un chanteur. Steeve a postulé pour revenir. Il avait l’impression de n’avoir pas donné tout ce qu’il voulait au groupe. On a mis les bases sur lesquelles on voulait travailler. Son retour est peut-être surprenant mais c’est cool. »

« Après trente ans de carrière vous restez fidèles au death/thrash. »

« C’est important de garder les racines du groupe. On a été bercé par les groupes thrash de la Bay Area : Exodus, Testament. C’est notre ADN. On oublie pas d’où l’on vient et l’on veut perpétuer cela. »

« Vous perpétuez cela mais avec un son moderne. »

« On a pris notre ingé son live pour la prod du disque. Il nous a scotché. Comme je te disais on garde notre ADN mais avec une approche du son « moderne ». »

« Tu continues d’écouter ce style musical ? »

« J’écoute du rock au death. Je suis resté fidèle à mes premiers amours. J’écoute toujours Death ou Slayer : c’est intemporel. »

« Votre son est hyper agressif sur ce disque. Il y a même des passages brutal/death. »

« Complètement. C’est un style que l’on aime beaucoup. On voulait faire ressortir notre agressivité du mieux possible. »

« Le disque est un album à l’ancienne, que l’on écoute du début à la fin. »

« Tout à fait. On perpétue cela aussi. Les dix morceaux forment un bloc. Les jeunes ne font plus trop cela de nos jours. Il n’y a plus trop cette envie de s’approprier un album. »

« Les textes du disque parlent de technologie ? »

« Oui des problèmes de la technologie dans la société contemporaine. Que ce soit au niveau religion, politique ou condition de la femme. Ce sont des textes sociétaux mais sans qu’il y ait de messages derrière. On fait simplement le constat de certaines choses. »

« No return a eu des débuts tonitruants, un premier album produit par le batteur de Coroner, un second enregistré au célèbre Morrison Studios à Tampa en Floride. Cela démarrait très fort. »

« C’est vrai que cela a démarré vite. Mais il y avait l’expérience de notre groupe précédent, Evil Power, qui nous avait bien aidé. Mais tu as raison cela a démarré de très belle manière. Enregistrer ton deuxième album dans les studios où ont enregistré Death ou Obituary c’est un rêve devenu réalité. »

« Et tu sembles avoir toujours la même foi aujourd’hui. »

« La flamme est à l’intérieur. J’ai une véritable passion pour la musique. Cela me porte. C’est dur de faire durer un groupe sur tant d’années. Les gens te vendent du rêve par rapport à l’univers de la musique mais pour durer il convient de faire d’énormes sacrifices. Tout le monde ne peut pas ou ne veut pas les faire. »

« Qu’est-ce qui a changé dans le monde de la musique ? »

« Sortir des disques n’est pas plus difficile qu’autrefois. Mais aujourd’hui il y a tellement de groupes qu’il est difficile de s’extraire de la nasse. Il y a sursaturation de groupes. Le marché du CD ne se porte pas très bien. Les ventes ont diminué de manière drastique. »

« Vous êtes depuis plusieurs années sur le label danois Mighty Music. »

« C’est important d’avoir de bonnes relations avec le label sur lequel tu es. Ce label croit en nous. C’est compliqué le choix d’un label. Les gros labels ont une puissance de distribution énorme mais tu peux être noyé dans la masse. C’est un choix à bien considérer. »

« Depuis vos débuts il y a eu de nombreux changements de line-up dans le groupe. »

« Sur trente trois ans c’est dur de faire autrement. No return est un groupe qui ne vit pas de la musique. Certains musiciens pensent d’abord au critère financier ce qui est dommage. Tu ne peux pas faire un groupe comme si tu allais à l’usine. Ce doit être un plaisir, pas une corvée. »

« Vous avez été dans les premiers dans le death/thrash en France. »

« Tout à fait. Avec des groupes comme Loudblast ou Massacra. On était une poignée. Je suis très content d’avoir pu vivre cela. »

« Il y a des concerts prévus ? »

« Le but est de jouer live le plus possible. Le but est de trouver le plus de dates possibles. Je vis pour le live. »

« Carrément. Nous avons joué récemment en Normandie. Il y avait dans « Vous avez toujours des fans de la première heure qui vous suivent ? »

« Carrément. Nous avons joué récemment en Normandie. Il y avait dans le public des gens qui nous avaient vu à l’époque du premier album. Mais aussi leurs enfants. C’est cool. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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