Interview

IGNEA (2023) - Helle Bogdanova (Chant)

Après « The Sign Of Faith» en 2017 et « The Realms of Fire and Death» en 2020 les Ukrainiens d’Ignea sortent aujourd’hui leur troisième album, « Dreams of Lands Unseen». Un très bon album de metal moderne autour de la figure de Sofia Yablonska. Entretien avec Helle Bogdanova, chanteuse du groupe.

« Le nouvel album est un concept-album autour de la figure de Sofia Yablonska. Comment l’avez-vous pensé ? »


« Au moment de la pandémie nous avions des demos et j’ai pensé à faire un album autour de la notion de voyage. J’ai toujours adoré la personnalité de Sofia. Elle a été documentariste, a étudié la photo chez vous en France. Elle n’est malheureusement pas aussi connue qu’elle devrait l’être. »

« Vous avez pu enregistrer l’album malgré la guerre en Ukraine ? »

« Nous avons composé l’album en 2021. Nous avons enregistré la moitié du disque avant la guerre. Nous avons repoussé la sortie de l’album car à cause de la guerre il était très difficile voir impossible de réaliser des vidéos. Les deux premiers mois de guerre on ne pouvait rien faire. »

« Vous vivez toujours en Ukraine ? »

« Oui tout à fait. »

« Il y a deux morceaux de l’album en Ukrainien. C’était important pour vous d’écrire certains titres du disque dans votre langue ? »

« Nous avons déjà chanté en ukrainien dans le passé. Nos fans avaient apprécié. Avec cet album nous voulions faire plus de morceaux dans notre langue du fait que l’album tourne autour de la figure de Sofia. »

« J’imagine que vu la situation en Ukraine vous êtes très fiers de sortir aujourd’hui ce disque ? »

« Nous ne sommes pas des héros. Les héros sont sur le front. Nous vivons en Ukraine, produisons tout ce que nous faisons dans notre pays. C’est notre façon de contribuer à l’effort national. »

« Vous avez eu de supers retours pour vos deux premiers albums. Cela vous a, j’imagine, encouragé pour la suite ?»

« Oui. Avec ce nouvel album nous espérons faire connaitre encore davantage Sofia Yablonska de par le monde, car elle le mérite. »

« L’album est comme un voyage je trouve. »

« Oui, tout à fait. C’est comme la bande-son des voyages de Sofia. Nous l’avons pensé de cette façon. »

« Ta voix a parfois un côté orientalisant. Du fait des voyages de Sofia en Orient ? »

« Oui mais pas seulement. Nous avions déjà ces influences orientalisantes sur nos deux premiers albums. Après il est vrai que Sofia a visité le Maroc, la Chine et nous nous sommes inspirés de cela. »

« On trouve Tuomas Saukkonen de Wolfheart sur « Opiumist ». Comment l’avez-vous invité à participer à cet album ? »

« On l’a invité sur ce titre car c’est un morceau qui raconte la découverte de l’opium par Sofia en Chine et nous avions besoin d’une voix masculine. On a demandé à notre label, Napalm, d’arranger cela. Cela s’est fait naturellement. Nous n’avons malheureusement pas pu rencontrer Tuomas dans la vie réelle mais on espère bientôt. »

« Comment vous sentez-vous chez Napalm ? »

« C’était le bon moment pour nous de signer avec eux. Il est encore difficile à dire si notre travail avec Napalm porte ses fruits car l’album n’est pas encore sorti mais nous sommes très contents d’eux. »

« Vous considérez-vous comme un groupe de metal moderne ? »

« On peut dire que nous sommes un groupe de metal mélodique. Même quand il y a des éléments black dans nos morceaux nous restons mélodique. Il y a un côté metal moderne aussi chez nous c’est vrai. »

« Les groupes metal mélodiques sonnent souvent moins dur que vous. Il y aussi un côté death dans ce que vous faites. »

« Tout à fait. On peut dire que nous sommes un groupe death mélo mais il y a aussi des éléments symphoniques ou électroniques en plus. »

« Les éléments traditionnels de votre musique viennent du folklore ukrainien ? »

« Certains viennent du folklore ukrainien effectivement. Dans le morceau « Dunes » il y a du chant traditionnel ukrainien, par exemple. »

« L’Ukraine est un pays connu pour le metal surtout pour le black. »

« Oui mais les groupes ukrainiens sont souvent plus connus à l’étranger qu’en Ukraine. Depuis la guerre les gens s’intéressent davantage à ce qui se passe chez nous et ça permet de découvrir des groupes. »

« Est-ce que vous pourrez tourner après la sortie du disque ? »

« Nous ne pouvons pas sortir car les hommes sont mobilisables. Donc nous ne savons pas si nous pourrons tourner. Les bookers nous demandent mais nous ne savons pas. »

« Est-ce important pour vous en tant qu’ukrainien de sortir un disque malgré la situation actuelle ? »

« Non car nous avons bossé sur ce disque avant la guerre. Celle-ci a compliqué les choses c’est évident. Mais nous voulons que les gens nous écoutent parce qu’ils aiment notre musique, pas parce que nous sommes ukrainiens. »
 
Critique : Pierre Arnaud
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