Interview

Phil Manca a eu une carrière bien remplie. Le guitar-hero français a multiplié les projets tout au long de sa vie. Il sort aujourd’hui son troisième album solo « Layers of Pain » un excellent disque de hard-rock classique. Entretien.

« Ce nouvel album est plus heavy que les deux précédents. Le premier était blues, le second un peu plus heavy et celui-là encore davantage. »

« C’est vrai. C’est une évolution. J’aime le blues. J’aime le hard-rock. Je ne suis ni passéiste, ni nostalgique. Je voulais qu’il y ait des solos de guitare. Il n’y a plus de soliste de nos jours. Il faut avoir une base blues pour connaitre ton instrument. Je voulais faire un album moderne qui plaise aux anciens comme aux plus jeunes. »

« Ne trouves-tu pas qu’il y ait un renouveau hard-rock. »

« Il n’y a pas trop de nouveaux groupes. Quelques-uns aux Etats-Unis mais peu en Europe. Il faudrait qu’il y en ait pour que les jeunes puissent s’identifier. »

« Ta carrière a été très longue et tu viens seulement de sortir tes trois premiers disques en solo. Pourquoi ? »

« Mettre son nom à l’affiche et l’assumer n’est pas chose aisée. C’est lorsque j’ai fait l’hommage à Gary Moore que j’y ai enfin songé. Je n’ai pas eu de problème à jouer son répertoire car j’ai la même technique que lui. Je suis assez timide et je me suis toujours caché derrière un groupe. »

« Pourquoi la formule trio ? »

« Je n’ai pas besoin de guitariste rythmique. Sur scène je trouve le trio plus attractif. »

« Tu as une régularité dans tes sorties. Un disque en 2018, un en 2021 et un aujourd’hui. »

« Tant que je suis inspiré et que j’ai la foi j’y vais. J’ai eu l’idée de créer mon propre label pour que les choses soient plus simples. J’ai aussi eu quelques subventions. »

« Tu as commencé ta carrière avec TNT qui est devenu un groupe culte. »

« Oui. J’ai commencé le groupe alors que je savais à peine jouer de la guitare. Il y avait Farid dans TNT avant qu’il ne rejoigne Trust. On s’est retrouvé dans un épisode des Cinq dernières minutes ce qui fait que les gens nous connaissent mais nous étions un petit groupe. »

« Tu as ensuite joué avec les frères Dumont de Sortilège. »

« Oui le projet comptait eux et Barbara Schenker malheureusement disparue il y a peu mais cela n’a pas abouti. Il n’y a pas eu d’albums. »

« Tu as ensuite été guitariste de studio pour des BO. »

« Oui j’ai fait « Les Visiteurs » notamment. »

« Tu as aussi fait une comédie musicale pour enfants « Jack et le Haricot magique ».

« Je me suis rendu compte que les enfants ne jouaient plus de musique donc j’ai eu cette idée. On a fait quatre Olympia. Cela a marché dix ans durant un peu partout en France. Je suis fan de Tim Burton surtout de « A Nightmare before Christmas ». Il y avait dans ma comédie musicale des morceaux de hard-rock, des trucs à la Queen. »

« Tu joues sur Les Paul depuis toujours ? »

« J’ai commencé sur une Flying V car je suis fan de Schenker. Je me suis remis à la Les Paul avec le spectacle Gary Moore. »

« Ton disque est très varié. »

« C’est ce que je voulais. Les albums de Judas Priest, de Sabbath l’étaient. »

« Le disque est assez sombre. »

« La thématique du disque c’est la noirceur du monde. Il y a un titre sur ces ados fans de metal qui avaient été accusés d’avoir tué un enfant, il y a un titre sur l’addiction, un sur l’exclusion, un sur un serial-killer. J’avoue que ce n’est pas très joyeux. »

« Musicalement l’album n’est pas triste pourtant. »

“Oui même s’il n’y a pas beaucoup de morceau en majeur. »

« Tu l’as enregistré au Canada. »

« Oui dans le studio d’un pote. Je suis resté quinze jours. On a fait les voix dans un studio en France. »

« Le single « Nightstalker » parle du serial-killer Richard Ramirez.”

« J’ai vu un documentaire sur lui. AC/DC avait été obligé d’annuler des concerts pensant que ce mec était inspiré par leurs chansons. Ramirez est un serial-killer hyper connu qui était totalement taré. »

« Tu sors l’album en vinyle. Tu as fait un crowfunding pour ça. »

« Les CD ne se vendent plus. Même les gens qui n’ont pas de platine achètent des vinyles car ils trouvent l’objet joli. »

« Tu vas faire des concerts bientôt ? »

« C’est le but. Je cherche un tourneur. Il faut foncer. J’ai envie de faire des festivals. »