Interview

Né des retrouvailles musicales de Dorian Lairson et de Krys Denhez ECR.LINF nous offre un somptueux premier album « Belluaires », entre black et post-black. Entretien avec les deux hommes.

« Vu le pedigree ECR.LINF fait un peu supergroupe de black avec des musiciens aux CV longs comme le bras. »

« Les planètes se sont bien alignées pour ECR.LINF. Nous nous sommes retrouvés après de nombreuses années avec Krys et nous nous sommes lancés. Il n’y avait pas la volonté de faire un groupe avec tel ou tel musicien. Krys et moi avons joué dans Jarell un groupe de death-mélo. Nous avons retrouvé totalement par hasard l’ancien clavier de ce combo à un concert de Seth et il nous a rejoint. »

« J’imaginais que tous les musiciens du groupe venaient du black mais ce n’est pas le cas. »

« Dorian et Jean le clavier, viennent du black. Krys en écoutait mais n’écoutait pas que ça. »

« Le nom du groupe vient de Voltaire.  Qu’est-ce qu’il signifie ? »

« Voltaire quand il a arrêté de côtoyer la cour avait pris pour habitude de signer tous ses écrits par ECR.LINF ce qui veut dire « écrasons l’infâme ». Il exprime à travers cela la critique de la religion, de la monarchie absolue, du dogmatisme. On a eu beaucoup de débats avec Krys à ce sujet. Nous devons écrasez l’infâme en nous-mêmes avant de le combattre au dehors. Le mal n’est pas qu’à l’extérieur. Il est aussi en nous. »

« Ecrasons l’infâme plus vos visuels tout cela fait très black. »

« On voulait défendre le projet ainsi. Les gens aujourd’hui vont vite dans le rejet immédiat. On pense également que cela doit être fait mais après mûre réflexion. Nous ne voulons pas être dans une croyance primitive. On aime cette imagerie black. Vu que les textes sont assez intellos on voulait contrebalancer cela avec un art-work simple. On a respecté le décorum black. Nous nous inscrivons là-dedans. »

« Qui est le Belluaire qui donne son titre à l’album ? »

« C’est le gladiateur qui combat le lion à mains nus dans l’arène. C’est le gladiateur de la Rome Antique. C’est d’une certaine façon une référence à Marc Aurèle. »

« Vous lisez beaucoup de philosophie ? »

« Oui même si nous n’avons pas faits d’études de philo. »

« Musicalement vous sonnez plus post-black que black. »

« On a voulu faire les choses naturellement. Nous n’avons pas pensé à la façon dont cela allait sonner. »

« Vous cassez les codes du black. Il y a un même un morceau avec de l’accordéon. »

« La partie où l’accordéon arrive parle de nos ancêtres. On a trouvé logique d’y mettre de l’accordéon. L’accordéoniste qui joue sur ce titre est très talentueux. Cela se marie bien avec le titre. »

« Vous chantez en français. Pourquoi ? »

« Cela fait partie de l’inné. Le chant en français s’est imposé naturellement. »

« Les textes sont très recherchés. »

« On a voulu intellectualiser certains concepts tout en les vulgarisant pour que les gens puissent les comprendre. »

« Le disque est-il un concept-album ? »

« Non mais nous allons en faire un livre. On voulait à travers cela faire un clin d’œil à Voltaire. Cela sera édité par une maison d’éditions du Nord de la France qui a consacré un livre à la scène black de cette région. »

« Le disque sort chez Source Atone chez qui Krys travaille. Pas de conflit d’intérêt ? »

« My Kingdom sort le disque pour le monde et Source Atone pour la France. A la base je ne voulais pas le sortir chez Source Atone. Je n’avais pas envie que l’on soit favorisé par rapport à un autre groupe du label mais ce ne sera pas le cas. My Kingdom qui nous distribue pour le monde est un label italien qui fait du black, de l’avant-garde… »

« Il y a l’idée de faire des live ? »

« C’est difficile parce que notre batteur est le batteur d’Igorrr et qu’il est tout le temps sur la route. Mais on discute avec d’autres batteurs pour le live. Il y aura des concerts à la fin de l’année. On ne veut pas en faire trop. Le black c’est aussi la rareté. On a néanmoins envie de défendre ce disque sur scène. »