Live Report

Malgré un vendredi apocalyptique (orages soutenus et continus sur tout le département), le festival que tous les sudistes attendaient a bien lieu. Les organisateurs (Christina et Fred) ne cachent pas leur soulagement quand les premiers rayons de soleil fendent un ciel toujours aussi incertain. Le public arrive au compte goutte et découvre avec un plaisir non feint le lieu metallique de leur longue journée.

La périlleuse tâche d'ouvrir ce fest revient au trio Colorblind. Il est bientôt midi, mais le public s'empresse de se rassembler et c'est devant un parterre assez fourni que les Marseillais livrent une prestation énergique et décomplexée. En effet, cette formation « atypique » par le nombre de ses musiciens et son style de metal éveille la curiosité. Voici donc un nouveau groupe qui va faire du bien à notre scène régionale ! On enchaîne avec les voisins avignonnais de Crowling qui distilleront leur heavy thrash metal énervé (pléonasme ?) en basant, forcément, leur set sur leur EP Sweet Bloody Pie. La pluie semble loin et la chaleur commence à monter crescendo dans la fosse. A l'heure de l'apéro, ça promet pour la suite !
La suite, justement, est assurée par Witches. Créé en 1986, ce combo de thrash death fut le premier groupe de metal avec une chanteuse à voix gutturale. Presque trente ans plus tard, le groupe est toujours actif (Ndlr : leur album 6 titres intitulé The Hunt sort ce mois-ci), et est aujourd'hui emmenée par une Sibylle toujours aussi habitée par sa musique. Chant ou guitare peu importe, elle donne tout pendant sa presta et force le respect.

On revient à du heavy thrash avec Kopper8. Tex, au chant (en français svp) et tout de kilt vêtu, envoie du lourd, à l'instar de son groupe. Très bien accueilli par le public -comme quoi sudistes et Parisiens peuvent parfois très bien s'entendre (rires)-, le combo se lâche et ne veut plus quitter la scène ! Mais histoire de terminer sur une note plus légère, une reprise couillue de « J'ai vu » de Niagara confirme que nous venons d'assister à un très bon moment !
Dès les dernières notes de cette cover, la pluie repointe le bout de son nez. Quand bien même il en faut beaucoup plus pour perturber les gars d'A.C.O.D., Fred (chant) en tête ! Au contraire, le frontman semble même galvanisé par ce challenge supplémentaire. Il faut dire que cela faisait un bail que les Marseillais languissaient cette date, afin de retrouver son public et présenter son album II The Maelstrom (Ndlr : sortie prévue le 4 septembre). C'est donc sous une pluie soutenue que le combo assène son blended metal tandis que les circle pits, pogos et autres wall of death se succèdent dans une anarchie virile mais bon enfant. Proche des gars de Dagoba (Shawter a produit leur album), A.C.O.D. n'en est, fort heureusement, pas une pale copie. Le groupe a sa propre identité et, en toute objectivité, nous assistons là à la première grosse claque de la journée. A suivre de très près ! On reste dans les valeurs sures avec Heavy Duty. Jouissant d'une belle notoriété dans le sud est et grandissante dans l'hexagone, la bande à Ivan ne met que très peu de temps à se mettre le public dans la poche. Il faut dire que les Toulonnais ont fait déplacer une bonne partie de sa fanbase à en juger par les nombreux tshirts flanqués du logo Heavy Duty ! Dommage que le groupe ait dû raccourcir sa setlist afin de rattraper le temps perdu suite aux intempéries du matin, mais cela prouve que les gars restent humbles et pros ; et, au lieu de se plaindre, nous balance en pleine face un « Creeping death » survolté ! Heavy Duty c'est du lourd, du très lourd ! Place désormais à Heart Attack. Avec presque dix ans de métier, les Cannois montent sur scène avec l'envie d'en découdre. Il faut dire que désormais le groupe à un statut à défendre ; en effet, vainqueurs du récent Headbang Contest (Paris, Divan du Monde), ces derniers représenteront le Sud lors du Motocultor Festival (Bretagne). Ajoutez à cela une présence au Hellfest et vous comprendrez que le quatuor mérite de se retrouver dans le carré final de ce South Metal Fest. Heavy thrash rentre dedans comme il faut, bien amené par un Kevin variant son chant, tantôt en voix claire tantôt en growl, ce qui donne beaucoup de profondeur à chacun des titres joués aujourd'hui. En espérant que le public du Hellfest et du Motocultor soit aussi accueillant et réceptif que l'aura été celui du SMF ce soir !

A l'instar du groupe précédent, Zuul FX est également programmé pour le Hellfest. Agréablement surpris par l'accueil et la chaleur (humaine) sudiste, Steeve ne manquera pas de remercier les fans présents, et ces derniers lui rendent la pareille à chaque sollicitation du frontman : ambiance chaude, très chaude, pogos violents, circle pit autour de la console, bref, même avec une carrière de dix ans, le combo joue avec la même rage et énergie qu'à ses débuts. Revenez quand vous voulez les gars !
Très attendu par son public Eths rassurera tout le monde. Les Marseillais sont bel et bien de retour ! Une puissance musicale phénoménale et accentuée par le chant guttural d'une Rachel de plus en plus à l'aise sur scène, quel son ! La demoiselle, aussi frêle semble-t-elle, dégage une force vocale ahurissante ! Cependant, les passages en voix claire ou parlés sont également très bien maîtrisés. Les sceptiques qui ne juraient que par Candice sont rassurés et un bel avenir semble être tracé pour le groupe. Nous sommes désormais soulagés et impatients ! On termine en beauté ce South Metal Fest par Dagoba. Terminer c'est le cas de le dire car Shawter nous annonce qu'il s'agit ce soir du dernier concert de la tournée Post Mortem Nihil Est. En effet, le nouvel album Tales Of The Black Dawn ne va pas tarder à sortir (Ndlr : chronique dispo sur le site) et une nouvelle tournée arriver d'ici octobre. Voilà qui rajoute encore un élément exceptionnel à ce show. Les autres éléments sont le fait de jouer « à domicile » et également les éléments climatiques qui vont se déchaîner pendant le set. A l'instar de son collègue Fred d'A.C.O.D. (qui d'ailleurs rejoindra la scène pour un petit featuring), Shawter n'a cure de cette pluie qui s'intensifie au fur et à mesure que les hits se suivent, et n'hésite pas à descendre plusieurs fois dans la fosse, histoire de se retrouver au plus près de son public quitte à être également trempé. Mouiller les maillot, voilà une expression qui convient parfaitement à Dagoba (qui en plus est fan de l'OM) ! Une nouvelle fois, la prestation des musicos est sans faille et les fans sont aux anges quand l'exclu « Born twice » retentit. La qualité des albums étant crescendo, les Marseillais sont désormais armés d'une setlist béton. Ce soir, cette dernière est calquée sur celle jouée au Hellfest, avec en sus des morceaux tels que « Degree zero » (Poseidon) ou l'exclu de Tales Of The Black Dawn déjà citée. Malgré des conditions climatiques dantesques, groupe et fan sont en osmose, peu importe le temps, peu importe l'heure.
Votre serviteur se souviendra très longtemps de ce sublime tableau : Dagoba, baigné par de superbes lumières, jouant avec intensité et passion, un public sous la pluie mais bouillant, et derrière la scène, des éclairs fendant le ciel ! Magique !

Pour une première édition, ce South Metal Fest aura tenu ses promesses. Toutes les « bases qualitatives » d'un tel festival sont là : cadre, propreté, restauration (variée, de qualité, mais peut-être un peu chère), staff, bénévoles.
Les groupes, malgré des conditions climatiques parfois compliquées, auront tous joué le jeu, et certains auront même accepté sans rechigner de raccourcir leur set pour que l'orga soit dans les temps. Les séances de dédicace ont été très appréciées des fans (ces dernières mériteraient tout de même d'être plus organisées). Les bénévoles auront été accueillants et disponibles, et le staff très pro (de superbes lights, mais un son peut-être un poil trop fort). Bref, c'est surtout du positif qui en ressort et une deuxième édition s'impose d'elle-même. Un grand bravo et merci à Christina et Fred, ainsi qu'au public, avec parmi eux, des membres de Defaced, Pryde, Ghouls Stone Valley, Nereids..., ce qui prouve que les metalleux du Sud sont une grande famille. L'année prochaine, on dépasse les 500 participants, chiche ?!