Live Report

SOEN - LIZZARD - OCEANHOARSE - La Maroquinerie - 24/9/2022

 
C’est dans une Maroquinerie complète que se joue ce soir le concert fort attendu de Soen, initialement prévu le 27 novembre 2021. Et c’est une soirée relativement éclectique, mais cohérente, qui s’annonce à la Maro, avec tout d’abord les groupes Oceanhoarse et LizZard en ouverture.

Oceanhoarse, quatuor finlandais, ne fait pas dans la dentelle, et pour cause, le groupe revendique donner dans le « heavy fucking metal », autant dire que l’entrée en matière est directe et dynamique ! Le groupe se compose d’un chanteur – qui arrive en veste en jean puis chantera progressivement en marcel puis torse nu au fil des titres et des degrés montant dans la salle –, d’un guitariste jouant les cheveux dans le vent produit par un ventilateur, d’un batteur pas trop planqué, ce qui est toujours appréciable, et d’un bassiste à longues dreadlocks blondes – une parfaite doublure pour le bassiste de Soen si besoin ! Le chanteur est un colosse (ou du moins il en a l’air, juché sur un petit promontoire en avant-scène) expressif, musclé et tatoué, très agité, il invite allègrement les spectateurs à pogoter et à chanter avec lui. Formé assez récemment, en 2018, Oceanhoarse est un groupe qui gagne à être connu et dont le succès ne devrait que croître au vu des performances scéniques du groupe.

Deuxième découverte de la soirée pour moi, avec LizZard, trio français de metal prog, rock progressif ou post-rock, composé d’un chanteur guitariste, d’un bassiste et d’une batteuse, qui offre un bel équilibre entre les moments énergiques et les passages planants et envoûtants, au sein de morceaux à la structure élaborée. La batteuse est bien mise en avant avec la batterie bien centrée et assez avancée par rapport à ce qui se fait souvent – il faut dire que le nombre assez réduit de membres dans le groupe aide ! Le chanteur guitariste plaisante en anglais avec les spectateurs entre les titres, son attitude est beaucoup plus sobre et posée que celle du frontman du groupe précédent, mais le public n’a pas l’air moins conquis pour autant, et le set semble passer très rapidement, évoquant tantôt Sigur Ros, tantôt Paradise Lost.

Place maintenant à la confirmation du soir, avec Soen, quintette suédois composé d’un chanteur, d’un bassiste, de deux guitaristes (dont un qui officie également aux claviers) et d’un batteur. Une des forces de Soen est clairement son chanteur et frontman Joel Ekelöf, à la voix veloutée et ô combien charismatique, qui n’hésite pas à s’accroupir pour chanter en se penchant tout près du public, comme pour lui chanter ses chansons à l’oreille. Même si la Maroquinerie n’est pas très confortable lorsqu’elle affiche complet, l’on ne peut pas lui enlever ce sentiment agréable de proximité avec les artistes lorsque ces derniers jouent le jeu ! Tout le groupe est souriant, avenant, super pro et chaleureux à la fois, et les spectateurs sont extrêmement réceptifs – un de mes voisins a d’ailleurs passé une bonne partie du concert à pleurer en chantant à tue-tête, bouleversé et sous le charme. Certains titres provoquent des petits pogos, mais réduits au vu du style metal prog et rock progressif du groupe, tandis que d’autres semblent embarquer la salle dans une forme de transe collective. Les guitaristes et bassistes interagissent beaucoup entre eux, et se relaient sur le petit marchepied situé à l’avant-centre de la scène, afin que tous soient bien visibles tour à tour pour à peu près toute la salle, et une fois encore cette proximité contribue à rendre ce concert très vivant – au risque de se prendre un coup de manche de guitare ou de basse ou des dreadlocks dans le nez, certes, appelons cela les aléas du direct. J’avais hâte de revoir Soen depuis leur passage au Hellfest lors du premier week-end du festival en juin, car même si j’avais beaucoup apprécié le concert, je l’avais vécu de plus loin, planquée comme je pouvais dans quelques centimètres d’ombre que j’avais pu dégoter, en pleine canicule, et aux alentours de midi ou du début d’après-midi ; autant dire que l’ambiance générale n’avait pas grand-chose à voir avec celle beaucoup plus tamisée et scénographiée par des lumières variées dans une salle plus intimiste que sous un soleil de plomb ! Si le concert faisait la part belle à l’album « Imperial », « Imperial tour » oblige, des titres plus anciens tels que « Lotus » ou « Lascivious » ont tout de même ravi les fans de la première heure. Soen est vraiment un groupe qui ne déçoit jamais en concert, avec un son excellent et une attitude très plaisante, et après un rappel où le bassiste Oleksii « Zlatoyar » Kobel, présent depuis 2020, ukrainien, a brandi un drapeau de son pays avant de se draper dedans, le groupe a salué la salle, quittant des spectateurs aux yeux remplis d’étoiles.
 
Critique : Elise Diederich
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