Live Report
HEILUNG - EIVOR - LILI REFRAIN - L'Olympia - 18/11/2022
C’est un Olympia complet de chez complet qui s’annonce ce vendredi 18 novembre avec un magnifique programme de folk nordique, avec en tête d’affiche le groupe fort singulier Heilung qui fédère bon nombre de fans de musique pagan, nordique, traditionnelle, comme d’amateurs de reconstitutions historiques ou de spectacle vivant. Les premières parties sont complètement en accord avec l’ambiance de la soirée, avec deux projets solo féminins, Lili Refrain et Eivør.
Lili Refrain a investi la scène toute seule à 19h45, bien accompagnée de ses nombreux instruments : clavier, guitare, percussions, tambourin… Elle a un style musical bien à elle, entre chant folk, pagan, wicca, envoûtant et doux, comme des incantations, et elle crée des boucles en direct pour s’accompagner. C’est toujours impressionnant de voir l’autonomie d’artistes qui n’ont besoin de rien de plus que de leur propre talent pour communiquer leur univers – et c’est peut-être un tout petit peu énervant de voir que certaines personnes semblent douées en tout, ok. La musicienne originaire de Rome est non seulement très douée et créative mais également chaleureuse, souriante, elle nous a remerciés plusieurs fois de notre accueil, tout heureuse qu’elle était de se produire pour la première fois à Paris. Beaucoup de spectateurs qui ne la connaissaient pas encore furent enchantés par sa musicalité et sa prestance, dont la démonstration fut brillante pendant 25 minutes.
La deuxième artiste à se produire sur la scène de l’Olympia ce soir fut Eivør, que j’avais hâte de voir, et dont la prestation fut un enchantement pendant les 40 minutes de set. La chanteuse des îles Féroé manie à merveille le chant traditionnel, tout en lui donnant un twist rock ou pop, tout en s’accompagnant au tambour et à la guitare. Elle était secondée par un musicien au clavier et au violoncelle, plus discret en fond de scène, assez peu éclairé. La voix d’Eivør subjugue, tantôt cristalline, tantôt voix de gorge, pouvant interpréter des mélodies enchanteresses d’une voix d’ange et au fil des notes se muer en chant de sorcière ou de démone. La musicienne est solaire et radieuse, tout sourire, captivante par la beauté de sa musique tout comme par l’esthétique de sa tenue moderne, graphique et seyante, faite de superpositions de différentes matières noires, plastron sur chemisier et jupe flottante sur pantalon brillant. Le tout est éclairé par des lumières simples mais focalisant toute l’attention sur la musicienne et ses instruments, dans un spectacle qui arrête le temps, entre chant traditionnel et musique très actuelle.
Setlist : 1) The Last Kingdom 2) Salt 3) Livstraedir 4) I Tokuni 5) Gullspunnin 6) Trollabundin
La soirée se poursuit et l’impatience grandit chez les fans de Heilung, et enfin à 21h15 c’est le début de la grande représentation d’« histoire amplifiée », d’après le terme employé par le groupe, avec une longue cérémonie d’introduction pendant laquelle des acteurs et actrices torse nu se font face en cercle autour d’un tapis qui servira de décor central à tous les tableaux qui se succéderont, pendant que l’un des membres principaux du groupe les purifie tour à tour avec de la sauge qui noie progressivement la scène et les premiers rangs d’une forte odeur et d’un épais nuage de brume verdâtre. Le moment est contemplatif et le recueillement de mise, pourtant l’on peut noter une attitude étrange de certains membres du public : alors que les bruits de fond sont sylvestres et doux, des propos vulgaires et des insultes se font entendre bien fort de part et d’autre de la salle, puis des ripostes des gens qui aimeraient bien pouvoir profiter du concert, et ainsi de suite… C’est étonnant de faire face à ça pendant la performance d’Heilung alors que le groupe est pourtant la tête d'affiche, donc a priori les gens savent ce qu'ils sont venus voir, et si ce genre d'ambiance lente, avec des lumières mouvantes, des motifs qui se déplacent sur le grand tapis rond de cérémonie, peuvent laisser certaines personnes sur le côté, la moindre des choses est de montrer du respect pour le spectacle qui se joue dans une salle complète, en attendant que des chansons plus mouvementées démarrent – encore un super rayonnement de la France à l'international en perspective avec ce genre de comportement...
Heureusement les titres s’enchaînent et les petits malins qui avaient besoin de se défouler se calment, et l’ambiance redevient plus intense, tantôt recueillie, tantôt virulente. Le soin apporté aux costumes, aux accessoires, au décor est impressionnant, beaucoup d’instruments sont inspirés d’instruments rituels, ou sont fabriqués à base de crânes, d’os animaux voire même humains. Les intervenants sont très nombreux : au-delà des membres fixes qui constituent la base d’Heilung le spectacle existe grâce à une véritable troupe, composée de plus d'une dizaine de musiciens et choristes et à peu près autant d'acteurs. L’on assiste davantage à un spectacle historique et toute une mise en scène de rituel, de cérémonie, de catharsis de batailles et d’événements marquants, qu’à un concert à proprement parler. Les chansons rythment des tableaux très esthétiques mettant en scène des rites religieux, des incantations chamaniques, des batailles entre des guerriers munis de boucliers et de lances, des cercles païens lors de cérémonie où la sauge brûle, le tout sur fond sonore composé de bruits de forêts et chants d'oiseaux. Les différents membres de la troupe donnent vie à un spectale total entre reconstitution historique et élaborations autour de mythes venues de différentes civilisations et différentes époques. La musique est plutôt lancinante, avec des rythmes qui se répètent et participent à créer une atmosphère englobante, bien que les ambiances varient pour narrer différentes histoires, issues d’un univers mystérieux, à la fois sylvestre et martial, où les musiciens sont à la fois interprètes, acteurs, conteurs, chanteurs, prêtres. La majorité des 13 titres interprétés fut issue l’album « Futha » de 2019.
Setlist : 1) Opening Ceremony 2) In Maidjan 3) Alfadhirhaiti 4) Asja 5) Krigsgaldr 6) Hakkerskaldyr 7) Svanrand 8) Norupo 9) Othan 10) Traust 11) Anoana 12) Galgaldr 13) Elddansurin 14) Hamrer Hippyer 15) Closing Ceremony
Lili Refrain a investi la scène toute seule à 19h45, bien accompagnée de ses nombreux instruments : clavier, guitare, percussions, tambourin… Elle a un style musical bien à elle, entre chant folk, pagan, wicca, envoûtant et doux, comme des incantations, et elle crée des boucles en direct pour s’accompagner. C’est toujours impressionnant de voir l’autonomie d’artistes qui n’ont besoin de rien de plus que de leur propre talent pour communiquer leur univers – et c’est peut-être un tout petit peu énervant de voir que certaines personnes semblent douées en tout, ok. La musicienne originaire de Rome est non seulement très douée et créative mais également chaleureuse, souriante, elle nous a remerciés plusieurs fois de notre accueil, tout heureuse qu’elle était de se produire pour la première fois à Paris. Beaucoup de spectateurs qui ne la connaissaient pas encore furent enchantés par sa musicalité et sa prestance, dont la démonstration fut brillante pendant 25 minutes.
La deuxième artiste à se produire sur la scène de l’Olympia ce soir fut Eivør, que j’avais hâte de voir, et dont la prestation fut un enchantement pendant les 40 minutes de set. La chanteuse des îles Féroé manie à merveille le chant traditionnel, tout en lui donnant un twist rock ou pop, tout en s’accompagnant au tambour et à la guitare. Elle était secondée par un musicien au clavier et au violoncelle, plus discret en fond de scène, assez peu éclairé. La voix d’Eivør subjugue, tantôt cristalline, tantôt voix de gorge, pouvant interpréter des mélodies enchanteresses d’une voix d’ange et au fil des notes se muer en chant de sorcière ou de démone. La musicienne est solaire et radieuse, tout sourire, captivante par la beauté de sa musique tout comme par l’esthétique de sa tenue moderne, graphique et seyante, faite de superpositions de différentes matières noires, plastron sur chemisier et jupe flottante sur pantalon brillant. Le tout est éclairé par des lumières simples mais focalisant toute l’attention sur la musicienne et ses instruments, dans un spectacle qui arrête le temps, entre chant traditionnel et musique très actuelle.
Setlist : 1) The Last Kingdom 2) Salt 3) Livstraedir 4) I Tokuni 5) Gullspunnin 6) Trollabundin
La soirée se poursuit et l’impatience grandit chez les fans de Heilung, et enfin à 21h15 c’est le début de la grande représentation d’« histoire amplifiée », d’après le terme employé par le groupe, avec une longue cérémonie d’introduction pendant laquelle des acteurs et actrices torse nu se font face en cercle autour d’un tapis qui servira de décor central à tous les tableaux qui se succéderont, pendant que l’un des membres principaux du groupe les purifie tour à tour avec de la sauge qui noie progressivement la scène et les premiers rangs d’une forte odeur et d’un épais nuage de brume verdâtre. Le moment est contemplatif et le recueillement de mise, pourtant l’on peut noter une attitude étrange de certains membres du public : alors que les bruits de fond sont sylvestres et doux, des propos vulgaires et des insultes se font entendre bien fort de part et d’autre de la salle, puis des ripostes des gens qui aimeraient bien pouvoir profiter du concert, et ainsi de suite… C’est étonnant de faire face à ça pendant la performance d’Heilung alors que le groupe est pourtant la tête d'affiche, donc a priori les gens savent ce qu'ils sont venus voir, et si ce genre d'ambiance lente, avec des lumières mouvantes, des motifs qui se déplacent sur le grand tapis rond de cérémonie, peuvent laisser certaines personnes sur le côté, la moindre des choses est de montrer du respect pour le spectacle qui se joue dans une salle complète, en attendant que des chansons plus mouvementées démarrent – encore un super rayonnement de la France à l'international en perspective avec ce genre de comportement...
Heureusement les titres s’enchaînent et les petits malins qui avaient besoin de se défouler se calment, et l’ambiance redevient plus intense, tantôt recueillie, tantôt virulente. Le soin apporté aux costumes, aux accessoires, au décor est impressionnant, beaucoup d’instruments sont inspirés d’instruments rituels, ou sont fabriqués à base de crânes, d’os animaux voire même humains. Les intervenants sont très nombreux : au-delà des membres fixes qui constituent la base d’Heilung le spectacle existe grâce à une véritable troupe, composée de plus d'une dizaine de musiciens et choristes et à peu près autant d'acteurs. L’on assiste davantage à un spectacle historique et toute une mise en scène de rituel, de cérémonie, de catharsis de batailles et d’événements marquants, qu’à un concert à proprement parler. Les chansons rythment des tableaux très esthétiques mettant en scène des rites religieux, des incantations chamaniques, des batailles entre des guerriers munis de boucliers et de lances, des cercles païens lors de cérémonie où la sauge brûle, le tout sur fond sonore composé de bruits de forêts et chants d'oiseaux. Les différents membres de la troupe donnent vie à un spectale total entre reconstitution historique et élaborations autour de mythes venues de différentes civilisations et différentes époques. La musique est plutôt lancinante, avec des rythmes qui se répètent et participent à créer une atmosphère englobante, bien que les ambiances varient pour narrer différentes histoires, issues d’un univers mystérieux, à la fois sylvestre et martial, où les musiciens sont à la fois interprètes, acteurs, conteurs, chanteurs, prêtres. La majorité des 13 titres interprétés fut issue l’album « Futha » de 2019.
Setlist : 1) Opening Ceremony 2) In Maidjan 3) Alfadhirhaiti 4) Asja 5) Krigsgaldr 6) Hakkerskaldyr 7) Svanrand 8) Norupo 9) Othan 10) Traust 11) Anoana 12) Galgaldr 13) Elddansurin 14) Hamrer Hippyer 15) Closing Ceremony
Critique : Elise Diederich
Date : 18/11/2022
Date : 18/11/2022
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