Live Report

HAKEN - BETWEEN THE BURIED AND ME - Alhambra - Paris - 17/3/2023

 
Les transports étant ce qu'ils sont dans ce contexte de grève, et les horaires d'ouverture des portes pour ce soir ayant été donnés très tard par l'orga, j'arrive ric rac à l'Alhambra, et évidemment la salle est déjà bien pleine. Certains spectateurs sont également bien plein à titre personnel, et il ne m'est pas possible de m'avancer beaucoup pour assister au set du premier groupe à se produire, Cryptodira, un groupe américain et qui donne dans le... prog / hardcore / djent / mathcore / jazz ? Rapidement tout me casse la tête, les voix, les rythmes déstructurés, les accords dissonants, les changements de tons et de genres en cours de morceaux... En plus les lumières sont très basses, donc le visuel ne rattrape pas l'aspect sonore pour moi pour le moment. Le chanteur nous dit qu'on est le meilleur public qui soit, tiens, marrant, j'ai déjà entendu ce refrain plusieurs fois récemment. Je ne suis vraiment pas le bon public pour le quatuor (chanteur guitariste + guitariste + bassiste + batteur) qui mélange passages mous, voix claire, voix screamée, petits sauts agités et attitudes hyper posées sans grande cohérence à mes yeux... À 20h30 après une demi-heure de set Cryptodira nous souhaite une bonne soirée et nous laisse en compagnie de Between the Buried and me.

À 20h45 le groupe américain débarque sous les cris enthousiastes du public, et le moins que l'on puisse dire est que est que c'est... original. Prog, bruyant, biscornu et disparate. Hurlements, musique de fanfare, xylophone, riffs psychédéliques, cris de sauvage, embardées jazzy sans queue ni tête... Je pense que ce set va me paraître bieeen long, mais autour de moi les gens kiffent. Le groupe est un quatuor, composé d'un chanteur guitariste claviériste, d'un guitariste choriste, d'un claviériste bassiste et d'un batteur juste batteur (eh oui). Les passages un peu flamenco / bossa nova me fatiguent autant que les autres excursions stylistiques. Avant 30 minutes de set je me sens déjà au bout de mes forces, ou de ma vie, je ne sais plus. Cependant les membres du groupe ont des interactions sympa les uns avec les autres et on sent une cohésion, donc le show est quand même carré, même s'il n'est pas du tout conforme à mes goûts musicaux (à part certains passages planants un peu dreamy qui là me caressent davantage les oreilles, m'évoquant un peu des morceaux de Soen). Certains passages ressemblent même à des chansons de Danny Elfman dans les films de Tim Burton ou a des chansons de Noël toutes tintinabulantes, autant dire que les influences du groupe sont riches et variées. Quand les morceaux virent vraiment au jazz et swing je souffre. Mais quand c'est le prog avec une belle alternance de growl et de voix claire qui reprend le dessus sur des rythmes endiablés et dansants là j'apprécie davantage, c'est fou ce chaud et froid permanent que je ressens avec ce groupe en fait, j'aime beaucoup certains passages de certaines chansons et j'en déteste d'autres. À 21h55, rideau pour Between the Buried and me, avec une setlist surtout axée sur le dernier album "Colors II", sorti en 2021, avec 5 titres.

Setlist : 1) Extremophile Elite 2) Revolution in Limbo 3) Fix the Error 4) Never Seen / Future Shock 5) Dim Ignition 6) Famine Wolf 7) Bad Habits 8) The Future is behind us 9) Voice of Trespass

22h15, l'heure du groupe tant attendu, Haken, que je suis très contente de voir pour la première fois. J'étais un peu dans l'appréhension car j'avais vu que le chanteur Ross Jennings souffrait d'une infection de la gorge il y a quelques jours et semblait vraiment fort atteint, mais ce soir sa voix est superbe, ses placements de notes sont parfaits, je suis conquise. La justesse, l'émotion, les nuances, l'articulation, tout est là. Et il esquisse des pas de danse en plus. Tout le groupe est en chemisettes hawaïennes à fleurs, ce qui clashe un peu avec le côté très carré et solide de leur musique. Ross Jennings nous salue, nous remercie d'être là toujours plus nombreux, avec un accent britannique délicieux, et nous annonce que comme un nouvel album est sorti il y a 2 semaines il est temps de jouer de nouvelles musiques, une annonce que le public acclame. Ross danse avec son pied de micro avec un swag certain, pendant qu'il nous ravit de ses capacités vocales impressionnantes de possibilités, de son timbre pur et expressif. Les musiciens sont nombreux sur scène : un chanteur, deux guitaristes (avec de toutes petites guitares), un bassiste, un claviériste et un batteur. Tous les musiciens donnent un peu de la voix avec le chanteur principal par moments et les refrains à l'unisson sont vraiment mélodieux et doux. Quand Ross Jennings part en voix de tête façon Jeff Buckley cela me donne des frissons. (Pendant qu'il danse comme Mikael Stanne de Dark Tranquillity, un mix de choix.) Il est vraiment un interprète incroyable, l'émotion est totalement au rendez-vous lorsqu'il chante en semblant nous raconter des histoires à chacun personnellement, je me laisse complètement happer et vu comme le public chante, crie, applaudit, je crois que c'est unanime. Les autres musiciens sont également excellents, souriants, communiquent les uns avec les autres, tout est superbe pour le moment, tant dans les titres intenses que dans les ballades un peu groovy qui dégagent une classe folle. Le dernier album "Fauna" étant très récent, seulement 3 titres issus de ce dernier furent joués, contre 8 de l'album précédent "Virus", dont les 5 "Messiah Complex" à la suite.
Après 1h15 de show comme Between the Buried and me Haken nous salue chaleureusement, sous des applaudissements massifs bien mérités. Ce concert était monumental, et j'espère avoir d'autres occasions de voir le groupe tôt ou tard car j'ai encore des étoiles dans les yeux et les oreilles.
Merci à Gérard Drouot Productions pour l'accréditation.

Setlist : 1) Prosthetic 2) Invasion 3) The Alphabet of me 4) Falling back to Earth 5) Taurus 6) The Endless Knot 7) Lovebite 8) Carousel 9) Messiah Complex I : Ivory Tower 10) Messiah Complex II : A Glutton for Punishment 11) Messiah Complex III : Marigold 12) Messiah Complex IV : The Sect 13) Messiah Complex V : Ectobius Rex
 
Critique : Elise Diederich
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